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Année 2021 au Burkina : Un secteur culturel en effervescence, malgré la double crise sanitaire et sécuritaire

Publié le mercredi 5 janvier 2022 à 21h55min

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Année 2021 au Burkina : Un secteur culturel en effervescence, malgré la double crise sanitaire et sécuritaire

L’an 2021 s’achève, Lefaso.net dresse le bilan des activités culturelles qui ont marqué cette année. Le secteur culturel a maintenu le cap dans un contexte d’insécurité et de covid-19.

L’année 2021 a été éprouvante pour le Burkina Faso du point de vue sécuritaire et sanitaire. Mais comme pendant les plus grandes tragédies de l’histoire, le pouvoir de la culture demeure. Le secteur culturel du pays des hommes intègres a prouvé sa résilience. Voilà la rétrospective de l’année 2021 en ce qui concerne la culture.

Nul doute que l’une des plus emblématiques marque de résilience est la tenue de la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Malgré la situation sécuritaire difficile et la crise sanitaire mondiale, cet évènement phare qui fait de Ouagadougou, le carrefour du cinéma africain a bel et bien eu lieu.

Les réalisateurs ont, comme ils savent si bien le faire, dépeint les réalités du continent à travers leurs caméras. Il est dit qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années. C’est l’une des leçons de ce FESPACO 2021. La preuve, le jeune réalisateur somalien, Khadar Ahmed avec son film « La femme du fossoyeur » a remporté l’Etalon d’or de Yennenga. Le Burkina n’est pas resté bredouille. Dans la catégorie documentaire long métrage, c’est « Garderie nocturne » de Moumouni Sanou qui a remporté l’Etalon d’or. « Les trois lascars » de Boubakar Diallo a été le seul film burkinabé en lice au niveau des nominés, catégorie long métrage. N’empêche, depuis sa sortie au cinéma, il a eu un grand succès auprès des cinéphiles.

Autre activité cinématographique, la 16e édition du festival Ciné droit libre. Le thème retenu pour cette édition a été : « Quels avenirs pour nos enfants ? ». L’une des principales innovations de l’année 2021 a été le prix d’entrée pour le concert du village du festival. En effet, en lieu et place d’un prix d’entrée, les festivaliers devaient apporter des vivres en échanges. Les produits récoltés ont été redistribués aux déplacés internes. Au cours de ce festival, une soirée a été dédiée à Moustapha Thiombiano, une forme d’hommage à cet inconditionnel de la culture, des médias et de l’événementiel.

Le secteur musical n’a pas chômé

La 4e édition des Rencontres musicales africaines (REMA) s’est tenue dans le mois d’octobre. L’initiateur de cet incubateur de l’industrie musicale africaine, Alif Naaba, a fait mener la réflexion sur la rémunération pour copie privée.

La 20e édition des Kundé, les trophées de la musique burkinabè, elle aussi s’est déroulée sous haute tension. En effet, cette soirée de récompense des artistes musiciens a eu lieu le vendredi 26 novembre 2021, à la veille de la marche du 27 novembre, qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Fallait-il annuler ? Tel a été le dilemme du comité d’organisation. Finalement, cette cérémonie a eu lieu au grand bonheur de Donsharp De Batoro. En compétition pour le Kundé d’or avec Amzy, Dez Altino, Cisby et Imilo Lechanceux, il en est ressorti grand vainqueur. « J’avais tellement peur. Seront-ils sensibles à ces musiques qui parlent à la conscience, à la matière grise ? Est-ce qu’ils ne vont pas opter pour ce qui fait danser dans les bars et les maquis ? Donc, en plus des critères du Kundé, il fallait compter aussi sur la sensibilité des membres du jury. C’était toute mon inquiétude », s’est-il exprimé.

Cette victoire aux Kundé est également une revanche pour ce genre musical (slam) devenu populaire au Burkina Faso ces dernières années. « Résistance et résilience, le Burkina Faso reste debout », c’est le thème qui a été choisi, comme pour dire que l’art n’est pas en marge de l’actualité nationale et constitue une forme de résistance et de lutte contre l’insécurité. Une chose est sûre, la nouvelle génération d’artistes burkinabè sait se démarquer. Très active sur les réseaux sociaux, elle a su s’adapter aux tendances du moment. Les clips sont de plus en plus beaux et les beats plutôt dansants. La preuve que ces jeunes artistes prennent du terrain s’est manifestée lors des Kundé. Amzy, Miss Tanya, Fadeen, Kayawoto, Andrey pour ne citer que ceux-là, ont été nominés dans plusieurs catégories.

L’emblématique Kayawoto a remporté deux Kundé. Amzy, même s’il n’a pas remporté le Kundé d’or, peut se vanter d’avoir été nominé pour ce prestigieux prix malgré sa jeune carrière.

En parlant de la nouvelle génération de chanteurs, elle a osé en cette année 2021. C’est Kayawoto qui s’est lancé en premier, il a organisé un concert au palais des sports de Ouaga 2000 en juin dernier. La salle était pleine à craquer. L’artiste a déjoué tous les pronostics pour son premier grand concert. Tout aussi surprenant pour les pessimistes, Amzy a été le deuxième qui a voulu remplir le palais des sports de Ouaga 2000. Son audace a également payé, il a fait salle pleine. Autre concert, Smarty est revenu plus fort que jamais avec son deuxième album intitulé « Odyssée ». Pour marquer la sortie de l’opus, il a organisé un concert avec comme slogan « Allons échouer au stade ». Le contraire de l’échec s’est produit, il a réussi à dompter le stade municipal. C’était l’un des concerts les plus attendus de l’année. Le chanteur de coupé décalé , imilo Lechanceux a fêté ses 10 ans de carrière le 18 décembre 2021 à Ouagadougou.

S’ils étaient absents dans l’arène du show-biz, des artistes ont refait surface sur la scène musicale, au plus grand bonheur de leur fan.

Après des années d’absences, Greg est revenu sur scène avec son album « Halaalé ». Duden J a sorti « Le retour du brave ». Le Baba national, Floby a mis sur le marché du disque, son 6e album baptisé « Wend’So ». En plus du succès national, il a effectué de nombreuses tournées à l’internationale dont la plus phénoménale s’est déroulée en Côte d’Ivoire en novembre dernier. "Le prince aux pieds nus", Alif Naaba a sorti son 5e album « So Wok ».

Le théâtre , la mode et la littérature

Côté théâtre, le Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO) a ouvert son 49e spectacle majeur en octobre 2021. C’était l’occasion de faire la grande première de la pièce théâtrale intitulée « Le costume » de l’auteur sud-africain, Can Themba adaptée aux réalités du Burkina par Paul Zougrana. Pour la mode, de nombreuses marques de vêtements ont vu le jour. Si nous n’avons pas de chiffre exact, à travers les réseaux sociaux, il a été constaté une floraison de marques de vêtements aux Burkina Faso. Le Faso Danfani et le Koko dunda poursuivent leur ascension. Ces tissus sont prisés et s’exportent à l’international.

Le Koko dunda a été enfin labélisé par le ministère en charge du commerce. L’un des grands ambassadeurs de la mode au Burkina, François Premier a bien représenté la mode made in Burkina à l’extérieur du pays avec ses créations. Pathé’O est revenu au bercail pour célébrer ses 50 ans de carrière au mois d’octobre. Les jeunes créateurs de mode font de plus en plus leur entrée sur la scène. Ils sont donc à suivre de très près. Au niveau de la littérature, la 16e édition de la Foire internationale du livre de Ouagadougou (FILO) s’est tenue du 25 au 28 novembre 2021. Les exposants ont crié à la morosité du marché de cette édition.

La fusion du ministère

L’un des plus grands changements dans le domaine de la culture est sans doute, la fusion entre le ministère de la communication et celui de la culture. A la suite du drame d’Inata, le président a annoncé un remaniement ministériel. Dans son adresse à la nation, il a promis un gouvernement resserré. Lassina Zerbo est nommé Premier ministre. La ministre de la culture, des arts et du tourisme, Élise Foniyama Ilboudo/Thiombiano, n’est pas reconduite à son poste. Ce ministère, autrefois détaché, est de nouveau fusionné avec celui de la communication. Ousséni Tamboura devient ainsi le ministre de tutelle de la culture. Cela n’est pas du goût de certains acteurs culturels qui estiment qu’un ministère plein devrait être dédié au secteur culturel.

L’actualité culturelle a été très charnue en dépit des difficultés sécuritaires et sanitaires. Les acteurs culturels continuent tant bien que mal à rester résilients. Ils égaient la population qui est parfois dans le désespoir, adoucissent les mœurs et dénoncent les tares de la société. En ces périodes sombres, la culture n’a pas cédé face l’adversité. Ouagadougou est même devenu le « quartier latin artistique de l’Afrique de l’Ouest », selon Issiaka Tiendrébéogo, Maître-assistant en études théâtrales à l’université Pr Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou dans une tribune.

En 2022, plusieurs défis sont à relever pour la culture burkinabè. Déjà, le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) est en gestation.

Pour revoir l’actualité culturelle de 2021 en entier, cliquez sur la rubrique culture de Lefaso.net

Samirah Bationo
Lefaso.net

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