Virus Ebola : De quels moyens dispose le Burkina pour riposter à une éventuelle épidémie ?
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La fièvre hémorragique à virus Ebola, dans un passé récent, a mis l’Afrique à genoux. Cette maladie qu’on pensait avoir maîtrisé a refait surface faisant déjà des victimes du côté de la Côte d’Ivoire. 72h heures après avoir annoncé un cas suspect de fièvre hémorragique, le ministère burkinabè de la Santé n’a toujours pas confirmé ou infirmé. Dispose-t-on des moyens pour riposter à une éventuelle épidémie d’Ebola au Burkina ?
L’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola de 2021 s’est déclarée en Guinée forestière. Cette maladie qui provoque une hémorragie importante et une défaillance des organes pouvant entrainer la mort semble poursuivre sa progression en Afrique. Dimanche soir, le ministère burkinabè de la Santé annonçait, à travers un communiqué, un cas « suspect » de fièvre hémorragique au Centre hospitalo-universitaire de Bogodogo, à Ouagadougou.
Il s’agit, en effet, d’un patient de 22 ans en provenance de la Côte d’Ivoire. Une situation qui crée la panique au sein de la population déjà impactée par la maladie à coronavirus. Avec la saison des pluies, on craint une multiplication des cas. Au regard du contexte épidémiologique national et sous-régional, on est en droit de s’interroger si le pays dispose d’un plan d’intervention efficace pour faire face à une éventuelle épidémie d’Ebola.
Nous avons tenté d’avoir des informations sur cette préoccupation majeure auprès du département de la santé. La réponse que nous avions reçue : « Au regard de la rumeur sur le supposé cas suspect, des prélèvements ont été fait et les autorités attendent les résultats avant toute communication. Du coup on demande aux médias de se contenter pour le moment, du communiqué. »
Les insuffisances constatées en 2014
Qu’à cela ne tienne. Dans le cadre de l’élaboration du Plan de préparation et de riposte à une éventuelle épidémie de la maladie à virus Ebola (MVE) de 2014, huit problèmes prioritaires avaient été retenus. Au nombre desquels figure l’insuffisance de la surveillance de la maladie. A ce niveau, il ressort des insuffisances de compétence des acteurs à tous les niveaux (y compris le niveau communautaire), une insuffisance des ressources mais aussi une faible collaboration entre les différents départements ministériels concernés.
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Les insuffisances se situent également au niveau des mesures de prévention contre la maladie et les capacités de communication en matière de gestion de l’épidémie. En plus de tout cela, l’analyse de la situation a démontré que toutes les structures sanitaires ne disposent pas de sites d’isolement opérationnels des cas de maladie à virus Ebola. Le constat est encore plus alarmant.
« Tous les centres de prise en charge de la MVE ne sont pas fonctionnels. De plus les mesures pour garantir la continuité de fonctionnement des services de santé en cas d’épidémie sont insuffisantes. Il n’existe pas de moyens de transport adaptés pour le transport des patients potentiellement contagieux », peut-on lire dans le Plan de préparation et de riposte à une éventuelle épidémie de la maladie à virus Ebola (MVE).
Il souligne, par ailleurs, que les laboratoires nationaux ne sont ni accrédités ni certifiés aux standards internationaux pour le diagnostic de la MVE. Aussi, l’unique laboratoire de recherche du Centre MURAZ de niveau de sécurité intermédiaire connait des difficultés d’étanchéité et de fonctionnement.
Espérons que les choses ont évolué, sept ans après. Mais en attendant, les Burkinabè ont besoin d’être situés sur le cas suspect de fièvre hémorragique au Centre hospitalo-universitaire de Bogodogo.
Aïssata Laure G. Sidibé
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