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Violations des droits humains en RCI : Le devoir de réparation

Publié le vendredi 3 septembre 2004 à 07h29min

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La commission d’enquête internationale (CEI) commise par l’ONU pour investiguer sur les actes attentatoires à la vie et à la dignité humaine et leurs effets collatéraux en Côte d’Ivoire depuis septembre 2002 vient d’achever son séjour burkinabè, la semaine dernière. Une initiative louable et plus que nécessaire dans le cas du Burkina Faso, victime par excellence. Principal espoir à l’issue de cette "mission-commando" (48 heures pour un constat certes parcellaire, mais édifiant) que la montagne n’accouche pas d’une souris.

Dire que les Burkinabè ont subi les pires exactions et violations de leurs droits les plus cardinaux en Côte d’Ivoire ces deux dernières années serait enfoncer une porte ouverte. Indexé à tort par le pouvoir ivoirien comme le principal "fauteur de guerre", le Burkina Faso a vu ses compatriotes résidant au bord de la lagune Ebrié subir les conséquences qu’un tel procès d’intention pouvait avoir en temps de guerre.

Déjà que par la "grâce" de BEDIE puis de GUEI (le premier a conçu l’ivoirité que le second a érigé en principe cardinal avant que GBAGBO ne la sacralise) les Burkinabè avaient été massacrés à Tabou en 1999 puis en 2000 ce qui les avaient contraints à un départ précipité du pays, on imagine ce qui pourrait advenir après l’accusation formelle de GBAGBO. Et, ce qui devait arriver, arriva, avec son cortège de morts, de pillages, de vols, de viols, bref d’exactions et spoliations diverses.

C’est ainsi que plus de 600 000 Burkinabè (chiffre indicatif loin de refléter la réalité avec nos frontières poreuses) regagneront la mère partie grâce à l’opération "Bayiri", la plupart dans le dénuement et le désespoir le plus total. Quand on sait qu’ils avaient à force de patience et de persévérance, bâti des fortunes plus ou moins considérables, on mesure l’ampleur des pertes subies par les "fugitifs".

Au-delà de la réparation.

L’ampleur de la catastrophe a amené certains à affirmer que l’on se trouvait là, face à un génocide, d’autant que les victimes étaient ciblées. Et dans pareils cas, l’histoire nous enseigne que les peuples ainsi brimés, ont toujours eu droit à une juste réparation.
Bien sûr la presse ne s’en fait pas toujours l’écho, mais, un Etat comme Israël a engrangé des subsides conséquents pour la réparation du génocide de 1939-1945.

L’Etat hébreu n’avait certainement pas besoin de ce pactole pour vivre et encore moins oublier, mais quel que part, il se sentait soulagé (et avec lui, la communauté internationale) d’avoir pu faire dire le droit dans une affaire qui heurte la conscience universelle. Nous voyons d’ici, les principes et autres puritains, clamer que la conscience universelle ne doit pas s’embarrasser de questions bassement matérielles.

C’est peut-être vrai, mais ce serait faire fi de l’obligation morale que tous et chacun ont de la respecter. Du reste, un Etat responsable a-t-il le droit de laisser ainsi les droits de ses compatriotes, fussent-ils sur une terre étrangère, bafouer et observer un silence d’agneau ? Assurément non, et c’est ce qui à notre sens oblige la CEI à une obligation de résultat.

Si le Burkina Faso a jusque-là observé un profil bas, ce n’était pas par faiblesse, mais bien parce qu’il savait qu’un jour, force reviendrait à la loi. Pas celle de la jungle qui avait malheureusement cours en Côte d’Ivoire ces dernières années, mais celle universelle qui veut que la vie humaine, le droit d’aller et de venir et bien d’autres, soient sacrés. Alors, que le droit soit dit afin que la sous-région reparte sur un bon pied.

Par Alpha Yaya
L’Opinion

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