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Situation à l’université : "Trouver des solutions à ce problème ne nécessite pas de grands diplômes"

Publié le mercredi 23 juillet 2008 à 09h11min

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La situation qui prévaut à l’université de Ouagadougou depuis le 17 juin dernier est au centre de l’article ci-dessous. La virulence de certains passages nous a amené à les supprimer (ils ont été remplacés par des points de suspension entre parenthèses) pour nous conformer à l’éthique et à la déontologie de la profession.

Le baccalauréat, mon baccalauréat, est mon premier diplôme universitaire. Il y a trois semaines environ, nous nous préparions pour cet examen dont la réussite est obligatoire avant de pouvoir accéder aux universités publiques du Burkina Faso. Avant le début du baccalauréat, session de juin 2008, trois étudiants avaient été l’objet d’arrestation et attendaient leur jugement. Leurs camarades, pour la même revendication du lundi 23 juin, l’ont payé de quelques blessures et certains ont même eu des fractures aux jambes qui leur permettaient d’échapper à la police. Quelle histoire !

Je suis un nouveau bachelier mais j’ai peur de perdre mes fragiles dents ou même l’usage de mes pauvres jambes en voulant demander de meilleures conditions d’études. Le temple du savoir de Ouagadougou (l’université) a connu la fermeture de ses portes bien avant les vacances parce que les étudiants des UFR SVT et SEA ont osé crier leur ras-le-bol après des négociations vaines avec la présidence de l’U.O. (...) Pr Jean Couldiaty et ses collaborateurs, soit par pure égoïsme, soit par pure punition (...), ont arrêté des activités du CENOU (Centre national des oeuvres universitaires) depuis le 26 juin. Au jour où je vous écris, les restaurants et les cités universitaires sont toujours fermés et leurs occupants sont dans la rue sans pécule de FONER. Tous ces actes honteux sont pour éteindre en nous, futurs étudiants, tout esprit critique face aux agissements des autorités. L’U.O est devenue un camp militaire, un lieu où on ne discute pas les ordres du supérieur. Les acteurs du système éducatif veulent une jeunesse moutonnière pour créer un Burkina mouton dans les années à venir. Pas étonnant que notre pays soit dernier depuis des années, si on empêche sa jeunesse de penser et s’exprimer librement.

Une affaire à prendre au sérieux

Le jeu de ces autorités est tellement clair que le dire ne choquerait personne. Fonctionnaires millionnaires (...)

Ceux-là qui ont ordonné la fermeture du campus et l’arrêt des œuvres sociales ont leurs enfants qui étudient dans de grandes universités des pays occidentaux. Ils veulent donc jouer avec notre avenir, nous enfants de pauvres mais honnêtes citoyens burkinabè. Monsieur Joseph Paré, ministre des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique, à l’entendre parler lors de sa dernière intervention sur le problème de l’U.O à la RTB (Actu Hebdo du 6 juillet 2008) ne sait pas encore que la présidence a sa raison d’être parce que l’université fonctionne. Il pense que les étudiants doivent être au service de l’administration du campus et non le contraire. Mais que dit le Premier ministre sur cette affaire ? Rien apparemment. (...) Notre "Américain", qui se bat pour un Burkina travailleur et prospère, tarde à se prononcer sur la question. (...)

Du point de vue professionnel et religieux (car T.Z parle toujours de Dieu dans ses interventions), il devrait prendre cette affaire avec le plus grand sérieux car les étudiants souffrent vraiment dans cette situation, et l’éducation est la base de tout développement. Je ne parle pas de "l’enfant terrible de Ziniaré" dont l’enfant suit un programme d’études français tout en restant sur le territoire national. Mais quel père enverrait la police bastonner son garçon, le faire saigner, casser ses jambes ? Quelle mère, pendant cette saison pluvieuse, malgré la vie chère et la prostitution grandissante à Ouaga, mettrait sa fille à la rue, la privant de quoi manger ?

Chers lecteurs, permettez-moi de penser que personne ne ferait cela à son enfant qui demande de meilleurs conditions d’études. Je ne propose rien comme voie de sortie de cette crise universitaire parce que trouver les solutions à ce problème ne nécessite pas de grands diplômes et des costumes très coûteux.

Il faut aider les étudiants

Toutes les organisations qui luttent contre la prostitution doivent improviser juste en tenant compte du nombre d’étudiantes jetées à la rue dans leur cahier des charges. TZ le "vrai gars" des étudiants doit juste sourire à ses compagnons et amis d’hier. Le ministre Joseph Paré devrait arrêter de prendre les étudiants pour des élèves du cours élémentaire qu’il faut dresser au bâton du maître car ma mère, qui est aussi étudiante au campus, aura bientôt la cinquantaine. (...)

Je demande à tous ceux qui veulent le progrès du pays, en particulier les autorités coutumières et politiques du Burkina, de se pencher sur le sort des étudiants. Messieurs les membres de l’administration du système éducatif national, aidez les étudiants à réussir leurs études sans pour autant leur enlever le droit de s’exprimer face à leurs conditions de vie.

Le Révérend Wik Paktol

Le Pays

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