Dix candidats pour un poste, celui de la magistrature suprême du Tchad. Appelés généralement un dimanche, les Tchadiens ont voté cette fois-ci un lundi, un jour ouvrable.

L’ambiance a varié d’un bureau de vote à un autre. Dans certains quartiers de N’Djamena, des votants ont accompli leur devoir dans de bonnes conditions. Ce n’est pas le cas dans d’autres. Il y a eu des bureaux de vote qui n’ont pas ouvert jusqu’à midi. Selon un reportage de Sahara TV, des ressortissants d’un arrondissement de N’Djamena ont failli s’en prendre à leur chef de carré accusé d’avoir confisqué des urnes à son domicile dans le but de les bourrer au profit d’un candidat.

Plusieurs irrégularités de ce genre ont été constatées dans de bureaux de vote à N’Djamena et dans d’autres localités, selon les rapports des différents observateurs sur place.

Mort d’homme

Dans certaines villes du pays du Toumaï, la présidentielle a été émaillée de violence. C’est le cas de Moundou, dans la capitale économique, où certains citoyens se sont présentés dans un bureau de vote à l’école Belle-vue dans le quartier Guelkoura sans carte d’électeur, indique le média Tchad info sur son site web. « Face au refus des membres du bureau de vote de les laisser voter, ils ont ouvert le feu. La balle a atteint mortellement un électeur dans le rang. Selon nos sources, il y a eu plusieurs blessés dû à l’intervention des forces de défense et de sécurité pour neutraliser ces éléments », rapporte le journal.

A Abéché, dans le nord-est du pays, c’est un militaire qui a succombé à ses blessures après avoir reçu plusieurs coups de couteau par un votant (un civil). Selon Tchad info, la scène s’est déroulée aux premières heures de vote dans le 7e arrondissement de la ville d’Abéché. Le votant, un civil de son état, ne respectant pas le rang, est aussitôt rappelé à l’ordre par l’agent de sécurité se trouvant sur place.

Insatisfaction

Au Burkina Faso tout comme dans la plupart des pays de la diaspora, le scrutin s’est déroulé sans incident majeur relevé. Toutefois, l’ambassadeur du Tchad au Burkina Faso, Mahamat Saleh Adoum, a indiqué que sa satisfaction est moyenne. « Je m’attendais à une participation meilleure que cela. Le fait que le deuxième jour soit un jour ouvrable, cela a beaucoup impacté la participation », a-t-il confié.

En plus du jour ouvrable, il faut noter qu’une bonne partie des Tchadiens résidents au Burkina Faso n’a pas pu figurer sur la liste électorale. « Nombreux attendaient que leurs cartes soient envoyées et leurs noms soient sur la liste. Sur une colonie qui dépasse 3 000 personnes, seulement 700 et quelques figurent sur la liste », a déploré de diplomate.

Cette présidentielle de mai 2024 a également le mérite d’avoir des aspects positifs, à en croire certains observateurs de la scène politique au Tchad. Comparativement aux élections précédentes, Hissein Abdoulaye, juriste, analyste politique note qu’il y a « une innovation et une prise de conscience de la part du peuple tchadien ». Pour lui, il y a une différence, une ouverture et surtout une nouvelle génération d’hommes politiques.

Après le vote, les Tchadiens doivent retenir leur souffle pendant deux semaines conformément au délai de l’Agence nationale de gestion électorale (ANGE). Qui du président de la transition Mahamat Idriss Déby Itno ou son Premier ministre Succès Masra va remporter cette présidentielle ? Wait and see

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net