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Burkina/Mémoire historique et sursaut patriotique : « On ne peut pas avancer avec des tirets », regrette Dr Lassina Simporé

Publié le mardi 30 avril 2024 à 14h00min

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Burkina/Mémoire historique et sursaut patriotique : « On ne peut pas avancer avec des tirets », regrette Dr Lassina Simporé

Enseignant-chercheur au laboratoire d’archéologie d’histoire des arts et des techniques de l’Université Joseph Ki-Zerbo, Dr Lassina Simporé a donné une communication, ce mardi 30 avril 2024, dans le cadre du colloque de la 21e édition de la Semaine nationale de la Culture. Elle a porté sur le sujet « Des espaces de mémoire pour entretenir une mémoire historique voire un sursaut patriotique ».

La Semaine nationale de la Culture, ce n’est pas que l’ambiance festive de la foire artisanale et commerciale. La SNC, c’est aussi un cadre propice à la réflexion, au partage d’idées sur la culture, celle qui renferme la mémoire, l’histoire d’un peuple, d’une nation.

Au rang des communications livrées ce mardi 30 avril dans la salle de conférences de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bobo-Dioulasso, une a attiré l’attention des participants. Il s’agit de la communication du Dr Lassina Simporé sur la création « des espaces de mémoire pour entretenir une mémoire historique voire un sursaut patriotique ».

Selon l’enseignant-chercheur, les autorités actuelles de la transition veulent d’un Burkinabè « qui aime son pays, connaît son village, aime son père, sait que le Burkina est habité par d’autres personnes en dehors de son groupe ».

Mais pour atteindre cet objectif, note Dr Simporé, la solution aurait pu venir d’une éducation familiale correcte ou d’un programme d’enseignement qui permette à chaque Burkinabè de se connaître et de connaître les autres. « Mais, regrette-t-il, avec les occupations des uns et des autres, la famille ne joue plus ce rôle. Aussi, le programme qu’on enseigne dans nos écoles ne permet pas d’atteindre cet objectif ».

Que faire ? L’enseignant-chercheur pense qu’en plus de ce qui est déjà fait, il faudrait faire en sorte que les espaces publics contiennent des réalités historiques.

« On peut faire des enquêtes sur nos rues, nos places publiques dans les villages, les secteurs pour connaître les personnages historiques, les mythes et personnages célèbres. On peut réaliser des choses à des carrefours et dans les autres places publiques qui vont porter le nom de ces personnages. Ainsi, à chaque personne qui n’aura pas eu l’occasion d’apprendre en famille ou à l’école, la rue va permettre de connaître son histoire, de se connaître et de pouvoir former d’autres personnes qui ne connaissent pas leur histoire ».

« Nous savons à l’heure actuelle que le Burkina est habité il y a 400 000 ans. On sait qui est là, qui se dit autochtone et qui se dit allochtone. Le problème qu’on a est qu’il n’y a pas d’inventaire pour tout ce qui est mythes, proverbes, légendes ou bien l’inventaire qui est fait n’a pas été très bien fait de sorte qu’il n’y a pas de documentation », a laissé entendre le communicant.

Selon lui, c’est à l’issue de la documentation que l’on pourra donner l’identité de telle personne, tel village afin de permettre aux architectes, cinéastes et dramaturges d’avoir en leur possession des documents de qualité pour « produire des œuvres de qualité ». « On ne fait que de l’inventaire, des tirets. On ne peut pas avancer avec des tirets. Il faut qu’on se le dise droit dans les yeux. Mettons-nous au travail. Nous sommes dans les tirets depuis 20 ans et ça traîne. A quand remonte le dernier inventaire ? Nous n’avons pas encore de documentation », regrette Dr Lassina Simporé.

L’autre regret exprimé au cours de la journée est celui de Pascaline Rouamba de l’université Joseph Ki-Zerbo et qui a fait une communication sur la dénomination des troupes culturelles comme marqueur de leur identité communautaire.

« On préfère s’appeler Pierre plutôt que de s’appeler Kougri. Pourtant c’est la même chose. On qualifie de botanique nos noms traditionalistes », a-t-elle regretté avant de lancer un appel à la valorisation des noms traditionnalistes. « Sur mes documents, c’est écrit Rouamba Pascaline. Je m’appelle aussi Soutonoma (Je n’ai rien à foutre de la bagarre) même si ça ne figure pas sur mes documents. C’est une valeur que j’incarne. C’est une vie que l’on conduit et nous devons travailler à refléter le nom que l’on porte. Soyons fiers de notre identité. Ne soyons pas complexés. Ce sont des valeurs que nous devons promouvoir en ces temps de crise que traverse notre pays ».

Rappelons que le colloque organisé sur le thème de la SNC « Culture, mémoire historique et sursaut patriotique pour un Burkina » se poursuit du côté de la Chambre de Commerce et d’Industrie. Il est attendu une quarantaine de communications à ce colloque qui a débuté lundi 29 avril.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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