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Secteur WASH et pandémie du Covid-19 au Burkina : Pour une réponse concertée contre la maladie et une résilience post-pandémique

Publié le mercredi 20 mai 2020 à 11h45min

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Secteur WASH et pandémie du Covid-19 au Burkina : Pour une réponse concertée contre la maladie  et une résilience post-pandémique

Par la présente déclaration entrant dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, l’Association Burkinabè de l’Eau et l’Assainissement (ABEA) interpelle le gouvernement et tous les acteurs concernés par les questions d’eau et d’assainissement à la réflexion contre le Covid-19 à contribuer à rendre plus audible, le secteur de l’eau et l’assainissement. Aussi appelle-t-elle à ébaucher quelques éléments de réflexions en réponse aux priorités identifiées dans la lutte contre la propagation de la maladie et la résilience post-pandémie.

INTRODUCTION ET CONTEXTE

Le 10 mars 2020, le Directeur Général de l’OMS a déclaré pandémie mondiale la maladie due au nouveau coronavirus (COVID-19) apparu dans la ville de Wuhan en Chine au cours du dernier trimestre de 2019. L’Afrique de l’Ouest est touchée depuis février 2020 par cette pandémie. A ce jour, tous les pays ont communiqué des cas de personnes ayant contracté la maladie et ont pris des mesures pour endiguer l’épidémie.

Dans ce contexte déjà marqué par une crise sécuritaire aigue, le gouvernement du Burkina Faso a annoncé en début Mars 2020, une série de mesures préventives et curatives de la maladie à COVID-19, puis des mesures économiques, qu’il adapte au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie dans le pays, sur la base de scénarii. La mise en œuvre du plan de riposte est confiée au Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (CORUS).

Le nombre de cas confirmés ne fait qu’augmenter chaque jour et la maladie, initialement localisée dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, s’est étendue à d’autres localités de l’intérieur du pays. Suite à la déclaration de l’état d’alerte sanitaire par le gouvernement le 27 Mars 2020, les localités ayant rapporté des cas de Covid-19 ont été mise en quarantaine. A la date du 26 Avril 2020, on enregistrait 635 cas confirmés positifs du Covid-19, 469 personnes guéries, 42 personnes décédées, et 20 districts sanitaires concernés .

Dans la perspective de contribuer à la lutte contre la propagation du Covid-19, l’Association Burkinabè de l’Eau et l’Assainissement (ABEA) s’est saisie du sujet à travers les réflexions d’un groupe de professionnels du secteur de l’eau et de l’assainissement constitué à cet effet. Dans cette dynamique, l’objectif du présent écrit est d’interpeller le gouvernement et tous les acteurs concernés par les questions d’eau et d’assainissement afin de contribuer à rendre plus audible le secteur de l’eau et l’assainissement et d’ébaucher quelques éléments de réflexions en réponse aux priorités identifiées dans la lutte contre la propagation de la maladie et la résilience post-pandémie.

L’ABEA saisit l’occasion pour présenter ses condoléances aux familles qui ont perdu l’un des leurs, souhaite un prompt rétablissement et une bonne convalescence aux personnes guéries qui avaient contracté la maladie. Elle traduit sa gratitude aux personnels de la santé qui travaillent sans relâche pour prendre soins des vaillantes populations.

En effet, aucun traitement ni vaccin n’existent à ce jour mais les initiatives de recherche ont été amorcées au niveau national et international par les instituts et centres compétents. Pour se protéger et protéger les autres contre le COVID-19, l’OMS recommande de se laver les mains très régulièrement avec de l’eau et du savon, tousser ou éternuer dans son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, porter un masque chirurgical quand on est malade et appliquer les mesures de distanciation sociale.

Spécialement, les mesures préventives ont mis en exergue l’importance de la fourniture adéquate des services d’eau, d’assainissement, du lavage des mains et plus généralement le respect des règles d’hygiène publique dans la stratégie de lutte contre la propagation du Covid-19.

Notre contribution vise à mener quelques réflexions pour renforcer les conditions d’application des consignes des autorités sanitaires, et assurer la continuité et la sécurité des services d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène publique par une plus grande implication et une plus grande lisibilité de l’action des structures et partenaires clés. Ces acteurs clés sont :

• Le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement (MEA) à travers, l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA), la Direction Générale de l’Eau Potable (DGEP), la Direction Générale de l’Assainissement (DGA), les Directions Régionales de l’Eau et de l’Assainissement (DREA).

• Les communes à qui ont été transférées les compétences en matière de fourniture d’eau potable et d’assainissement et leurs partenaires ;

• Les opérateurs de services : ONEA, fermiers, Associations des usagers de l’eau (AUE) ;

• Les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) ;

• Les organisations de la société civile et les personnes ressources.

1. ANALYSE DES MESURES PREVENTIVES PRISES DANS LE CADRE DE LA LUTTE CONTRE LA PANDEMIE

Mesures de portée générale

Des mesures de contrôle de la température et de lavage des mains ont été prises au niveau des lieux publics. Des centres de dépistage, d’isolement des malades et des cas suspects ont été implantés dans certaines formations sanitaires du pays et des agents de santé formés/équipés pour la prise en charge de ces personnes affectées.

Des affiches sur le mode de transmission et de propagation de la maladie ont été distribuées dans certains services et lieux publics à risques. Des messages de sensibilisation sur les risques et les mesures pour se protéger et protéger les autres ont été diffusés par les médias (presse écrite et en ligne, radios et TV). Mais leur portée reste assez limitée car ne couvrant pas toutes les franges de la population notamment celles vivant en milieu rural et nous exhortons les populations à appliquer ces mesures recommandées par l’OMS et le ministère de la santé.

En réponse au risque d’expansion du COVID-19, le gouvernement a pris des mesures de prévention incluant : la fermeture des frontières terrestres et aériennes, la fermeture des aéroports, le confinement volontaire pendant 14 jours pour les personnes en contact avec des sujets positifs ou suspects, la fermeture des établissements scolaires, l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, les restrictions de voyage intra et inter urbains, la suspension des évènements sociaux, culturels et sportifs pour une durée d’au moins 2 mois, la fermeture des marchés et yaars, etc. Un couvre-feu a été instauré initialement de 19h à 05h puis repoussé de 21h00 à 04h00 sur toute l’étendue du territoire national pour essayer de freiner et briser la chaine de contamination communautaire.

Le gouvernement a élaboré un plan de riposte général et publié une « analyse des effets de la maladie à corona virus 2019 (COVID-19) sur l’économie nationale, mesures de mitigation et plan de riposte ». Il a opté pour un premier scénario du court terme avec échéance le mois de juin 2020.

Les restrictions de la liberté d’aller et venir, suite aux mesures prises par l’Etat a réduit le potentiel de revenu des ménages, avec un impact sévère sur les personnes vivant en milieu rural et les acteurs du secteur informel dans les centres urbains. Cette frange de la population et les déplacés internes, subissent une double pénalité, le faible accès aux services d’eau aggravé par la canicule actuelle, la réduction de leurs revenus. Les acteurs du secteur informel sont particulièrement touchés parce que la plupart d’entre eux dépensent le soir ce qu’ils ont gagné durant la journée : les journées courtes et les mises en quarantaine des localités deviennent extrêmement pénibles pour eux. Les conséquences des mesures prises pour appliquer la distanciation sociale peuvent augmenter la vulnérabilité de ces populations à cause de l’insuffisance des moyens pour maintenir et élargir les filets sociaux à ceux qui seront dans le besoin.

Les structures d’opérationnalisation des décisions gouvernementales devraient être davantage dotées de moyens conséquents pour agir sur le terrain afin de rassurer les populations et les mobiliser pour la lutte contre l’épidémie. Il s’agit de la pyramide du système de santé pour la détection des cas et des communes à qui l’Etat a transféré les compétences de fourniture des services d’hygiène, d’eau et d’assainissement.

Mesures spécifiques au secteur de l’eau et l’assainissement

Des mesures spécifiques au secteur de l’eau et de l’assainissement ont été prises au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie dans le pays.

• Le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement a diffusé un communiqué le 26 Mars 2020 à l’attention des chefs d’entreprises et des bureaux d’études, les invitant au strict respect des mesures préventives édictées par les pouvoirs publics ainsi que les recommandations du Ministère de la Santé. Ces mesures incluent la suspension des regroupements de plus de 5 personnes sur les chantiers, des visites de chantier par toute personne à l’exception de l’administration centrale du ministère, des sensibilisations de masse.

• L’ONEA a invité les clients à privilégier le paiement des factures par le canal des institutions bancaires et des sociétés de téléphonie, nonobstant la réouverture des agences et la reprise des relevés des index après les deux semaines de fermeture évoquées précédemment.

• Le Président du Faso a décidé le 02 avril 2020 au titre des mesures sociales d’accompagnement, pour les mois d’Avril à Juin 2020 de la prise en charge par le budget de l’Etat de la tranche sociale des factures d’eau, et de la consommation au niveau des bornes fontaines (6,7 milliards FCFA) dans le périmètre géré par l’ONEA. Il a été également décidé l’annulation des pénalités pour retard de paiement des factures de l’ONEA sur la même période.

• Le Cluster WASH a développé ou adapté des outils de communication pour des campagnes de sensibilisation de masse. Il coordonne également les informations provenant ou destinées au CORUS.

Au titre des mesures préventives recommandées par l’OMS, il est question de se laver fréquemment les mains avec de l’eau et du savon. La prise en charge médicale devra donc être soutenue par des actions significatives visant à faciliter l’accès aussi bien aux structures de santé qu’aux populations, à des infrastructures adéquates d’eau, d’hygiène et d’assainissement. L’épidémie a mis en évidence les insuffisances d’équipements dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, mais aussi la faiblesse de l’organisation pour la délivrance des services.

En outre, des difficultés organisationnelles subsistent quant à l’application des mesures, qui restent limitées au milieu urbain. Pour l’instant, aucune action structurée n’a été engagée au profit du milieu rural dont les services d’eau sont gérés par une multitude d’acteurs avec leurs spécificités : 14 fermiers qui gèrent 37% des systèmes à réseau d’eau, gestion communale pour les autres, des AUE gestionnaires des forages équipés de pompes à motricité humaine (PMH). Plus spécifiquement, ces mesures ont des répercussions sur le fonctionnement des services d’eau potable qu’il faut surveiller et gérer afin d’éviter leur effondrement :

• Les ménages peuvent avoir des difficultés pour honorer les factures d’eau qui arrivent à échéance durant les mois de mai et juin du fait du système de facturation : il s’agira pour eux de payer dans deux mois ce que vous consommez aujourd’hui, alors que le problème est d’abord une question de trésorerie ;

• L’ONEA pourrait avoir des problèmes de trésorerie pour faire face aux dépenses courantes de fonctionnement et d’opération (entretien et maintenance des installations et équipements, réactifs pour le traitement de l’eau, etc.) :

l’augmentation de la consommation aux bornes fontaines, qui se fait à un tarif subventionné, est prévisible du fait de la gratuité ; les entreprises peuvent rencontrer des difficultés pour honorer leurs factures à cause du ralentissement économique ;

• La perturbation des circuits d’approvisionnement du fait des mesures prises au Burkina et ailleurs pourrait avoir pour conséquence : (i) la rupture des stocks de produits chimiques nécessaires pour le traitement et les analyses de la qualité de l’eau, (ii) le renchérissement des coûts d’acquisition des intrants de production, (iii) la livraison tardive de certains chantiers notamment la finition des ouvrages d’eau potable, (iv) le ralentissement des travaux de raccordement des ménages.

• Pour le milieu rural, en cas d’accord entre les parties prenantes (délégataires, Ministère de l’Eau et de l’Assainissement, l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF)) pour l’application de la mesure de gratuité, les opérateurs de service ne disposeront d’aucune trésorerie puisque la quasi-totalité de l’eau distribuée tombe dans la tranche sociale et celle des bornes fontaines.

2. QUELS SONT LES PRINCIPAUX DEFIS POUR LE SECTEUR DE L’EAU DANS LE CONTEXTE ACTUEL ?

Toutes les mesures de lutte notamment préventives posent des défis au secteur de l’eau et de l’assainissement à la fois sur le plan stratégique et opérationnel. Il s’agit de :

• Assurer la continuité du service public de l’eau pour tous à travers la disponibilité permanente de l’eau aux différents points de production et de prélèvement et l’accès de tous y compris les personnes vulnérables ;

• Organiser l’application des mesures d’hygiène et l’accès à des services adéquats d’assainissement des eaux usées et excrétas : des installations d’assainissement et des dispositifs de lavage des mains dans les centres de santé, les établissements scolaires et les lieux publics, la gestion des eaux usées et excréta au niveau des ménages,

• Mobiliser et gérer les financements de l’eau et l’assainissement : Il s’agit de faire le plaidoyer pour que le secteur mobilise davantage de ressources financières au profit des mesures urgentes et post Covid-19. Une bonne évaluation des impacts du Covid-19 sur les contrats de travaux, fournitures et services devrait permettre de proposer des mesures pour relever le niveau des dépenses (efficacité et efficience) dans un contexte de ralentissement de la productivité de l’administration publique (procédures accélérées, simplifiées et transparentes de passation des marchés et de contractualisation). Enfin, il est impératif d’évaluer les impacts de la pandémie et des mesures gouvernementales sur le taux de recouvrement des facturations, l’équilibre financier des opérateurs de service (ONEA, fermiers et fontainiers) afin de limiter les chocs de trésorerie.

• Disposer de structure adéquate au niveau communal capable d’assurer une mise en application des mesures d’hygiène et d’assainissement et d’assumer un rôle actif en cas de crise sanitaire

• Stimuler la recherche et partager l’information scientifique : A travers le pays, on peut observer un foisonnement des modèles de lave-mains développés par des artisans. Un travail de documentation et de capitalisation est nécessaire afin d’évaluer l’efficacité des différents dispositifs proposés sur le marché et envisager leur optimisation (coût, consommation d’eau, durabilité, acceptabilité sociale, hygiène, etc.). En outre, le secteur WASH devrait bénéficier d’un minimum de travaux de recherche sur l’état des connaissances sur la présence et le comportement du virus dans l’eau de boisson et les eaux usées et excrétas.

En l’absence d’une réponse collective et articulée entre les différents secteurs, que nous appelons de tous nos vœux, l’ABEA interpelle les acteurs de la lutte contre la maladie à une plus grande prise en compte du secteur de l’eau dans l’élaboration de solutions techniquement opérantes, économiquement faisables et socialement acceptables. La contribution du secteur de l’eau sera traitée en deux temps, la période épidémique et celle post épidémique.

3. PROPOSITIONS D’ACTIONS PRIORITAIRES PENDANT LE PERIODE EPIDEMIQUE

Les mesures préventives et les structures de proximité chargées de leur mise en œuvre sont insuffisamment financées dans les communes et dans le milieu rural en général. Il faut déconcentrer les financements et décentraliser la réponse au COVID-19. En relation avec la fourniture des services d’eau et d’assainissement, il faut répondre entre autres aux questions suivantes :

• Comment assurer la disponibilité de l’eau potable en continu et partout pour le lavage des mains ?

• Comment limiter le regroupement à 50 personnes comme préconisé par le gouvernement et faire respecter les règles de distanciation sociale d’un mètre entre les usagers à la borne fontaine ?

• Comment protéger les usagers, les professionnels de l’eau, à l’occasion de leurs fréquentations autour de la fourniture des services d’eau (production, exploitation des réseaux, distribution et service à la clientèle ?

• Comment mette à disposition de l’eau en quantité et en qualité dans les conditions des mesures prises par le gouvernement, aggravée par les pics chaleur actuels,

Les propositions à inscrire dans le plan de riposte pour améliorer sa cohérence et son impact sont les suivantes :

Généraliser et prendre en charge des brigades de volontaires, préfiguration des services d’hygiène dans les communes pour

• Sensibiliser les populations à l’application des mesures préventives ;

• Faire appliquer les mesures dans les secteurs et villages ;

• Gérer les flux de personnes dans les espaces publics et les établissements à haute fréquentation du public (marchés, yaars, lieux de culte, lieux de loisirs) ;

• Appuyer les personnes qui exercent des métiers à risques tels que les collecteurs des déchets ménagers, les vidangeurs et les balayeurs des rues.
Contribuer à assurer l’effectivité des mesures barrières

Au niveau des unités de production, de distribution d’eau et de service à la clientèle

• Equiper tous les lieux de travail d’équipements de protection et de dispositifs de lavage des mains et de supports de communication à l’attention des usagers (chantiers en cours, points de paiement des factures et autres lieux d’écoute clientèle) ;

• Aménager et organiser les espaces de travail dans les lieux de production et de service à la clientèle pour respecter la distanciation sociale ;

• Actionner les comités de santé et sécurité au travail pour la sensibilisation des travailleurs.

Au niveau des points collectifs de prélèvement d’eau

• Equiper tous les points collectifs de prélèvement d’équipements de protection (pour les fontainiers) et de dispositifs de lavage des mains et de supports de communication à l’attention des consommateurs ;

• Organiser une vaste campagne de sensibilisation et d’information des usagers des bornes fontaines sur les risques et les mesures barrières du Covid-19 : former les fontainiers à cet effet ;

Au niveau des écoles
• Faire le plaidoyer et contribuer à l’équipement de toutes les écoles de dispositifs de lavage des mains et de supports de communication sur les mesures barrières à l’attention des élèves, des enseignants, du personnel administratif et de soutien

• Appuyer la pratique du lavage des mains pour qu’elle devienne un réflexe à l’entrée et à la sortie des classes, avant de manger, après l’utilisation des toilettes ;
Au niveau des centres de santé

• Faire le plaidoyer et contribuer à l’équipement de tous les centres de santé de dispositifs de lavage des mains et de supports de communication sur les mesures barrières à l’attention des patients et du personnel soignant.

Rendre la trésorerie disponible pour financer l’accès sécurisé à l’eau potable à tous

• Assurer l’effectivité de la gratuité de l’eau aux bornes fontaines et pour la tranche sociale : rôle de veille et d’appui à l’ONEA et aux communes par les ONG, les associations de consommateurs et autres associations locales ;

• Assurer une régularité du service d’eau : augmenter temporairement le nombre de robinets aux bornes fontaines et élargir la période d’ouverture des bornes fontaines, réorganiser la distribution et vulgariser les équipements de transport de l’eau ;

• Rendre effective et dans les bons délais la gratuité de l’eau en milieu rural et semi-urbain à travers une concertation renforcée entre le MEA, les communes et les opérateurs de service : disponibiliser de la trésorerie au niveau des opérateurs pour faire face aux charges courantes (électricité, produits de traitement, salaires des fontainiers) ;

• Appuyer la mise en œuvre du plan de réponse du ministère en charge de l’éducation nationale à travers le raccordement de toutes les écoles à des sources d’eau potable (forages, raccordement au réseau de l’ONEA, etc.) ;

• Réaliser des ouvrages d’eau potable dans les 69 villages sans accès à aucun point d’eau potable ;

• Remettre en service tous les systèmes d’approvisionnement en eau potable en arrêt de fonctionnement (Adductions d’eau potable simplifiées, Postes d’eau autonome, Forages équipés de pompe à motricité humaine) ;

• Organiser une vaste campagne de raccordements sociaux au réseau de l’ONEA et réaliser des Bornes Fontaines supplémentaires dans les quartiers périphériques.
Promouvoir l’économie d’eau

• Mettre à jour le plan de gestion de crise de l’eau en milieu urbain ;

• Dans le cadre de la mesure de gratuité, organiser des campagnes de sensibilisation sur la nécessité de limiter le gaspillage de l’eau ;

• Soutenir les artisans pour le développement de dispositifs de lavage des mains utilisant peu d’eau et avec un système de réutilisation de l’eau.

Prendre des mesures dérogatoires en faveur du secteur de l’eau et de l’assainissement

• Accorder des allègements aux procédures de passation de nouveaux marchés de travaux, de fournitures et de services en raison de l’urgence

• Accorder des laisser-passer et/ou des autorisations de sortie/entrée pour les bureaux d’études, les entreprises de travaux et les opérateurs de services d’eau potable et d’assainissement : fontainiers, vidangeurs, opérateurs de stations de traitement,

Prendre des mesures incitatives pour les acteurs du secteur WASH
• La pandémie du Covid-19 a révélé la créativité des artisans pour la production de dispositifs de lavage des mains installés dans les familles et les lieux publics. Un concours de créativité pourrait être organisé par le secteur pour reconnaitre et récompenser les meilleurs dispositifs, et soutenir leur reproduction à grande échelle

• Pour une remise à niveau des ouvrages et équipements sur-sollicités pendant la période épidémique, le MINEFID pourrait envisager l’exonération des taxes de certains produits, pièces détachées des pompes et autres équipements électromécaniques.

• Un fonds d’appui pourrait être mis en place ou à défaut des mécanismes souples pour stimuler la professionnalisation des petits opérateurs de services.

4. ACTIONS PRIORITAIRES POUR LA PERIODE POST EPIDEMIQUE

On constate que ce sont des structures ad’ hoc sont en première ligne de la gestion de la pandémie tandis que les structures normales de gestion sont peu visibles et faiblement responsabilisées. Nous devons alors réfléchir au-delà du retour à la « normalité » et proposer des actions pouvant accroître la qualité des services et la résilience du secteur de l’eau et l’assainissement face à des chocs tels que les épidémies et les catastrophes naturelles.

Nous devons continuer de réduire les citoyennetés sectorielles pour aller vers une approche plus concertée et plus holistique pour une meilleure convergence des politiques de santé et de délivrance des services de santé et d’eau potable et d’assainissement aux populations. La crise sanitaire due au COVID-19 nous a révélé le chemin.

Les propositions d’actions prioritaires post-épidémiques sont les suivantes :

Créer des services d’hygiène fonctionnels dans toutes les communes du Burkina Faso
Il faut donner la primauté à la prévention dans l’approche de l’assurance de la santé des populations en créant et en finançant des services et des brigades d’hygiène publique fonctionnelles dans toutes les communes du Burkina Faso pour soutenir l’application des mesures de prévention des maladies.

Cela peut se faire à travers le maintien des campagnes de sensibilisation et d’information de masse sur le changement de comportement en matière d’hygiène. Le lavage des mains doit rester une pratique systématique dans les écoles et centres de santé, les lieux publics et les domiciles. Le cluster WASH a un rôle très important à jouer dans cette activité à travers la mobilisation de ses membres.

Accélérer les Réformes dans le secteur de l’eau

La crise du Covid-19 a montré la nécessité pour le secteur de l’eau et de l’assainissement d’entreprendre des réformes courageuses et profondes, déjà initiées, afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle de préservation/amélioration de la santé des populations et de contribuer significativement à l’économie locale et nationale. Il s’agit entre autres de :

• Repenser le modèle organisationnel de mise en œuvre de la politique de l’eau dans une approche de gestion de l’eau comme une ressource finie et d’intégration des services d’eau potable entre le milieu rural et le milieu urbain.

• Créer les conditions de véritables services publics d’assainissement et d’hygiène qui tiennent compte des interrelations entre les eaux pluviales, les eaux usées et excrétas et les déchets solides ;

• Elaborer des mécanismes de financement et de promotion de l’équilibre du secteur de l’eau et l’assainissement. En matière d’assainissement, les modèles de l’économie circulaire devront être les premiers choix en termes d’orientation de l’action publique et privée ;

• Créer un fonds de développement du secteur de l’eau et de l’assainissement pour assurer le financement des investissements, la connaissance et le suivi de la ressource afin de garantir la pérennité du service public de l’eau partout et pour tous ;

• Procéder à un équilibrage dynamique entre le pôle de définition des politiques, les acteurs chargés de la mise en œuvre des politiques et les usagers du service public. A cet effet, un organe de régulation pourrait être envisagé.

Organiser et coordonner la réflexion sur la mise à jour des programmes à l’horizon 2030 du secteur de l’eau et de l’assainissement

Les programmes 2030 du MEA doivent être révisés pour intégrer les leçons tirées de la pandémie du Covid-19. L’objectif de contribuer à améliorer la santé des populations doit y être prépondérante et les stratégies de mise en œuvre doivent intégrer la nécessaire intégration ou synergie avec les secteurs de la santé et de l’éducation. La réflexion pourrait s’organiser autour des points suivants :

• Evaluer les implications du Covid-19 sur les 5 programmes du secteur ;

• Revoir les priorités de ces programmes (notamment les programmes AEP et assainissement) pour intégrer des actions urgentes post Covid-19 ;

• Mettre en place un mécanisme pour l’intégration du secteur WASH dans les politiques et stratégies des secteurs de l’éducation et de la santé ;

• Accélérer la mise en œuvre de certaines approches de délivrance des services d’eau potable : priorité aux centres de production d’eau et AEP multi-villages, primauté des branchements à domicile sur les bornes fontaines.
Promouvoir une approche holistique des questions de santé et des épidémies/pandémies

La pandémie en a révélé la nécessité et l’urgence afin que s’amorce la mise en place d’un système de santé axé sur le service public, la prévention et impliquant un secteur privé strictement encadré. Les dimensions ci-après doivent être prises en compte dans le processus de concertation multi-acteurs :

• Inclure le génie sanitaire et accorder la priorité à la prévention

• Influencer les politiques de santé pour un changement de paradigme : prioriser la prévention liée à l’environnement et au comportement (préalable à une bonne politique de soins de santé) ;

• Inclure les secteurs en relation avec la santé dans la gestion des épidémies/pandémies pour des prises de décisions équilibrées et efficaces ;

• Développer des scénarii de catastrophes naturelles ou sanitaires : dans le cadre des programmes AEP et Assainissement ;

• Revoir la composition et le positionnement du Cluster WASH dans la lutte contre les urgences sanitaires et lui conférer un rôle stratégique.
Elaborer des plans de continuité et de sécurité des services d’eau potable et d’assainissement en situation d’urgence

Les opérateurs de services notamment l’ONEA doivent impérativement élaborer des plans de continuité du service public d’eau potable et d’assainissement en situation d’urgence (épidémies et catastrophes naturelles). Cela est envisageable dans le cadre de la coopération entre membres de l’Association Africaine de l’Eau et à travers les expériences de certaines sociétés d’eau de l’Afrique australe ainsi qu’à travers la coopération intersectorielle et internationale.

Développer la digitalisation de certaines opérations

Le Covid-19 offre l’opportunité aux acteurs notamment les opérateurs de services tels que l’ONEA de passer au digital. Parmi les opérations potentielles, on peut citer : la promotion des compteurs d’eau à prépaiement, le relevé des index des compteurs d’eau par télé-relevé ou l’envoi des index par les abonnés par sms ou sur une plateforme internet, la e-facturation d’eau par email ou sms ou consultable sur la plateforme web, le paiement des factures par mobile Banking ou e-Banking.

5. QUELLES PERSPECTIVES POUR NOTRE CONTRIBUTION

L’ABEA recommande au Ministère de l’Eau et de l’Assainissement d’élaborer un document sectoriel de riposte COVID-19 et de résilience du secteur de l’eau et de l’assainissement. Elle reste disponible pour mobiliser le groupe de professionnels pour contribuer à l’élaboration de ce document à travers plus de détails sur les actions proposées et une évaluation des ressources nécessaires à sa bonne exécution. Ce document devra être complémentaire et cohérent avec le plan d’actions 2021-2025 des programmes 2030 du secteur de l’eau et de l’assainissement.

La présente note de réflexion sera diffusée auprès des principaux acteurs du secteur : MEA, ONEA, Chef de file des PTFs, SPONG, AMBF, Opérateurs en milieu rural et les QNL, REPHA, etc. Des séances de travail à la demande ou suscitées sont envisageables pour mieux expliciter la note de réflexion.

Ouagadougou, le 28 Avril 2020

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Vos commentaires

  • Le 22 mai 2020 à 09:37, par OUEDRAOGO Daouda En réponse à : Secteur WASH et pandémie du Covid-19 au Burkina : Pour une réponse concertée contre la maladie et une résilience post-pandémique

    Bonjour chers membres de l’ABEA et tous les partenaires.

    Cette sortie de l’ABEA est vraiment une très bonne chose. En effet, le rôle de l’ABEA est également de constituer un acteur d’interpellation et de veille citoyenne en matière d’eau et d’assainissement.

    Cependant je voudrais faire quelques observations.

    Le document est une initiative de l’ABEA et l’on constate que c’est le logo de l’AITB qui est affiché.

    Il était aussi nécessaire de mentionner les auteurs de la réflexion (président de l’ABEA ou un grouoe de réflexion mis en place par l’ABEA).

    Encore une fois tous mes encouragements.

    OUEDRAOGO Daouda
    Tél. : 73 16 17 72

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