1er-Mai 2020 : Les syndicats dénoncent le « saccage du pouvoir d’achat des travailleurs »
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Ce 1er mai 2020, les travailleurs burkinabè, à l’instar de ceux du reste du monde, ont célébré la 134e Journée internationale du travail, dans un contexte marqué par les crises sécuritaire et sanitaire. A l’occasion, les syndicats de travailleurs ont, dans une déclaration commune, dénoncé « le saccage des libertés syndicales » par le gouvernement.
Cette année, le 1er-Mai a été marqué par une déclaration de la coalition portée par la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B). Dans ce texte, les travailleurs ont évoqué la crise sanitaire, l’aggravation de la crise sécuritaire et surtout la violation des acquis démocratiques.
En effet, pour la coalition, la pandémie du coronavirus a fait des dizaines de milliers de victimes et a eu des effets dévastateurs sur les économies et les relations sociales. Elle a réduit au chômage des millions de travailleurs et interrompu diverses activités économiques. La progression de la maladie a conduit un peu partout à des mesures restrictives des libertés des citoyens. Au Burkina, elle a étalé aux yeux des plus sceptiques l’incurie des tenants actuels du pouvoir. Ce qui montre que le MPP n’a pas fini de gérer ses contradictions internes pour avoir la sérénité de conduire convenablement les citoyens vers le progrès.
Sur la crise sécuritaire, les syndicats font le constat d’une « gouvernance par approximation et par embuscade », caractérisée par le mensonge d’Etat, le laxisme, la légèreté et le pillage organisé des ressources nationales sous le nez de l’Assemblée nationale qui n’assume presque pas ses fonctions. « Le peuple burkinabè vit le summum du désastre dans un système dit démocratique », a résumé le secrétaire général de la CGT-B, Bassolma Bazié.
Pour lui, c’est presqu’un Etat d’exception, au regard de la violation des conventions internationales ratifiées par le Burkina, telles que la Convention 87 sur la liberté syndicale et le droit syndical de 1948 ; le refus de mettre en œuvre des décisions de justice (cas du Conseil d’Etat sur le dossier de l’APN), la transformation d’avis en décisions de justice (contraire à la réponse du BIT du 22 octobre 2014), la suspension de salaires de plusieurs centaines de travailleurs sans raison, les coupures abusives pour faits de grève, etc. Ainsi, avec la généralisation de l’IUTS sur les primes et indemnités des agents du public à travers la loi de finances gestion 2020, le gouvernement participe au saccage du pouvoir d’achat des travailleurs.
Pour la coalition des syndicats de travailleurs, les piliers essentiels de la gouvernance du MPP sont le népotisme, l’arrogance, la suffisance, le favoritisme, et le crime organisé. Dans cette précarité des travailleurs et malgré leurs luttes, le gouvernement feint d’ignorer la paralysie socio-économique que cette crise sociale crée. Pis, le gouvernement et une partie du patronat ont choisi de réprimer sauvagement les travailleurs à travers des licenciements, des suspensions de salaires, des relèvements de responsables de leurs postes et des coupures sauvages de salaires.
Mais face à ces mesures répressives, les travailleurs ont manifesté une solidarité légendaire en répondant positivement à la souscription lancée par la coalition en vue de soutenir les camarades dont les salaires ont été coupés. Aussi, grâce aux différentes luttes, le pouvoir a été amené à rétablir les salaires en fin avril, « mais avec perfidie et mauvaise foi ».
« Avec ce comportement, le gouvernement est résolu à saccager les libertés syndicales et démocratiques », a enfoncé Bassolma Bazié.
Malgré toutes les formes de complots et de répression déployées sur les travailleurs, ils sauront, comme de par le passé, trouver les ressources nécessaires pour faire aboutir leurs revendications légitimes. Par conséquent, la coalition appelle les travailleurs à se mobiliser davantage, à faire preuve d’esprit de sacrifice et de solidarité dans la lutte autour de la plateforme revendicative.
Pour les syndicats de travailleurs, la lutte est juste et légitime. C’est pourquoi ils appellent à élargir le front de lutte en associant les couches populaires victimes de la « politique antisociale » du gouvernement.
A l’occasion de cette 134e Journée internationale du travail, les responsables syndicaux burkinabè ont rendu hommage à leurs devanciers, dont Zakaria Ben Houssen Touré et Dr Hubert Yaméogo.
O.I.
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