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Elections législatives au Mali : Le Covid-19 aura-t-il finalement eu raison ?

Publié le lundi 30 mars 2020 à 22h15min

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Elections législatives au Mali : Le Covid-19 aura-t-il finalement eu raison ?

Après deux reports, les Maliens ont été appelés aux urnes, ce dimanche 29 mars 2020, pour élire les 147 députés de l’Assemblée nationale. En attendant le second tour prévu pour le 14 avril prochain, ce scrutin, organisé malgré l’épidémie du Covid-19 et l’enlèvement du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, le 25 mars 2020, aura été marqué par un faible engouement.

Avec 274 bureaux de vote fermés sur 12 500 prévus, l’on pourrait soutenir que les Maliens ont probablement préféré rester chez eux ce dimanche, 29 mars 2020. Les Maliens ont-il eu peur de contracter le Covid-19 ? A la date du 28 mars, le pays enregistrait 18 cas de contamination dont un décès.

Ainsi, craignant une éventuelle propagation de l’épidémie de la maladie à coronavirus, un collectif d’organisations de la société civile, composé notamment de personnalités publiques et de leaders d’opinion, avait convié, dès le 15 mars, le président Ibrahim Boubakar Kéïta et la Cour constitutionnelle au report des élections législatives. La même idée fut d’ailleurs émise par des formations d’opposition politique, à la suite de l’enlèvement de l’opposant Soumaila Cissé et sa délégation, alors qu’ils étaient en campagne électorale dans son fief à Niafounké (au nord de Tombouctou).

Son parti, l’Union pour la république et la démocratie (URD), pour sa part, avait exhorté ses militants à une « participation massive » aux élections pour sortir grandis de cette épreuve. Le président malien avait-il besoin de prendre un tel risque pour organiser ce scrutin, reporté à deux reprises en raison, entre autres, d’une grève des magistrats et de l’environnement politique et sécuritaire ?

En tout cas, en dépit des mesures sanitaires annoncées au niveau des bureaux de vote (distribution de gel, de savons et de masques), les Maliens n’ont pas voulu s’exposer. A cela, il faudrait prendre en compte la question sécuritaire. En effet, si le scrutin n’a pas pu se tenir dans certaines parties du territoire en proie à des violences quotidiennes, les forces armées maliennes auraient fait l’objet d’une embuscade, ce dimanche 29 mars 2020.

Ce fut le cas à Mondoro, près de la frontière avec le Burkina Faso, où elles avaient déjà été visées trois fois par les djihadistes depuis septembre, subissant de lourdes pertes. Pis, malgré leur présence dans les bureaux de vote, une source proche du gouvernement a annoncé l’enlèvement d’un président de bureau de vote à Tombouctou.

Si les enjeux du renouvellement du mandant de l’Assemblée nationale ne sont pas à discuter, l’on pourrait s’interroger sur la légitimité d’une telle élection qui, dit-on, a connu un faible taux de participation. Le gouvernement malien sera-t-il conduit à reprendre les élections ?

En rappel, le mandat de l’Assemblée nationale issue des élections de 2013 devait s’achever en 2018.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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