Plan national de développement économique et social (PNDES) : Quels résultats après quatre ans de mise en œuvre ?
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Le Plan national de développement économique et social (PNDES) s’est engagé sur trois chantiers majeurs pour le développement du Burkina. Ce sont la réforme des institutions et la modernisation de l’administration publique, le développement du capital humain et la dynamisation des secteurs porteurs pour l’économie. A l’an quatre de la mise en œuvre de ce plan national, le rapport, dressé par le secrétariat permanent du PNDES, fait état d’une mise en œuvre satisfaisante avec une compromission des résultats escomptés du fait de la situation sécuritaire difficile.
Le premier axe a essentiellement concerné les reformes dans les domaines de la justice et des droits humains, de la défense et de la sécurité, de la bonne gouvernance et enfin du secteur des finances.
Sur ce dernier aspect, le taux de croissance moyen sur la période a été de 5,72%, celui de l’inflation de 0,62% avec un pic de 1,5% en 2018 et le déficit budgétaire de 4,65%. Autres points qui requièrent une attention particulière portent sur le ratio de la masse salariale sur les recettes fiscales qui a été en moyenne de 50,87% et le taux de prévisibilité de l’aide de 75,29%. Concernant le financement du PNDES, en fin septembre 2019, 56,3% des ressources propres ont été mobilisés, soit 5 531,48 milliards de FCFA sur une cible de 9 825,2 milliards de F CFA pour 2020 et une mobilisation des ressources extérieures, au 30 septembre 2019, de 3 833,24 milliards F CFA.
Au plan de la production économique, les parts contributives des différents secteurs sur le PIB, sont en moyenne de 20,63% pour le secteur secondaire, 5,86% pour l’industrie manufacturière et de 9,17% pour l’industrie extractive. Le solde moyen de la balance commerciale s’est fixé à - 0,4% avec un taux de 0,7% en 2018. La part des deux premiers produits d’exportation (l’or et le coton) dans le total des exportations a aussi été en moyenne de 79,93% et enfin le nombre d’entreprises créées a été de 11 661 en 2016, de 12 609 en 2017 et de 12 511 en 2018. Entre 2016 et 2018, la part du budget de l’Etat transférée aux collectivités territoriales, reste faible à 4,1%.
Les principales réformes réalisées dans le secteur de l’économie et des finances sont la création de la Banque pour le financement de l’agriculture, la création de la Caisse des dépôts et consignation (CDC), la mise en place de la facture normalisée, l’informatisation des moyens de déclaration et de paiement des impôts de la DGI et l’amélioration du cadre programmatique de l’action gouvernementale.
Le rapport Doing business de la Banque mondiale a classé le Burkina Faso 151è/190 pays, soit une dégradation de la situation par rapport à 2017 (148/190). Les projections envisagent de positionner le pays 130è/190 en 2020.
Dans le secteur de la santé, la construction de nouveaux centres de santé a contribué à réduire la distance à parcourir de 3 000 mètres en moyenne, pour atteindre un centre de santé. Le nombre d’habitants pour un personnel de santé a aussi diminué entre 2016 et 2018 pour tout type de personnel considéré, particulièrement pour les médecins, passant de 15 836 habitants par médecin en 2016 à 12 000 habitants par médecin en 2018. La gratuité des soins a délivré plus de 53 millions d’actes médicaux entre 2016 et octobre 2019 pour un coût de plus de 96 milliards F CFA. Ce qui a permis entre autres de réduire de manière drastique les taux de mortalité maternelle et infantile.
Au plan sécuritaire, le taux de maillage du territoire national en services de sécurité opérationnels, est passé de 60% en 2016 à 70% en 2019. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, une Brigade spéciale des investigations anti-terroristes et la lutte contre la criminalité organisée (BSIAT) a été créée par décret N°2018-0974/PRES/PM/MSECU/MJDHPC/MINEFID du 29 octobre 2018 portant création, organisation, attributions et fonctionnement de la BSIAT et est fonctionnelle. Afin de permettre au secteur Défense et Sécurité d’enregistrer des performances satisfaisantes, le rapport note que des défis majeurs doivent être relevés.
Il s’agit de renforcer la coopération entre les Forces de défense et de sécurité burkinabè et celles des pays voisins ; de renforcer la collaboration entre les Forces de défense et de sécurité et les populations et de poursuivre l’équipement des Forces de défense et de sécurité en logistique adaptée à la lutte contre le terrorisme et la criminalité.
Sur le secteur de l’habitat et de l’urbanisme, le point fort a été la construction des logements sociaux. Sur une prévision globale de 40 000 logements sociaux, 4 078 ont été réalisés de 2016 au 31 octobre 2019.
Au titre des travaux de bitumage, le linéaire total de routes en travaux de bitumage et renforcement est de 2 136,17 km (réseau classé et voiries urbaines) dont environ 615.24 km de route dont les travaux de bitumage et/ou de renforcement sont achevés, 609,03 km en cours d’exécution et 911,9 km en instance de démarrage. Le linéaire total des routes ayant reçu un entretien courant s’élève à 8 059,96 km.
Le bilan fait mention d’autres secteurs tels que le transport et la sécurité routière, la culture, le sport et les loisirs, le secteur de l’information et de la communication, pour lesquels il y a eu des réalisations mais qui sont loin derrière les prévisions.
" Nonobstant ce contexte difficile, la mise en œuvre des politiques publiques d’opérationnalisation du PNDES a permis de renforcer la résilience de notre économie qui s’inscrit désormais dans une dynamique de croissance plus forte de 6,3% en moyenne entre 2016 et 2018 contre une moyenne de 5,4% sur la période 2011-2015", lit-on dans le rapport des quatre ans du PNDES.
Le document précise que les résultats auraient été meilleurs n’eût été l’ampleur des attaques terroristes auxquelles le Burkina Faso fait face et qui ont eu entre autres conséquences, les nombreuses pertes en vies humaines, les destructions de biens, les fermetures de lieux d’apprentissage, de centres de santé, de services administratifs et les déplacements de populations. Les nombreuses revendications salariales, auxquelles le gouvernement a dû faire face, ont également entravé la réalisation diligente des résultats attendus du Plan. Le rapport ne fait cependant pas mention du taux global de réalisation du PNDES quatre ans après sa mise en œuvre.
Etienne Lankoandé
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