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Transports aériens : cacophonie dans le ciel africain

Publié le vendredi 2 septembre 2005 à 07h39min

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L’espace aérien africain est l’objet de bien des convoitises. La disparition de la compagnie continentale Air Afrique a ouvert la boîte de pandore dans un contexte de déréglementation générale. Certaines compagnies nationales en ont profité pour étendre leurs dessertes des capitales de la sous-région grâce à des partenariats stratégiques. C’est le cas par exemple de Air Burkina et de Air Sénégal.

Dans cette libéralisation du ciel africain, certaines compagnies nationales ont perdu jusqu’à leur nom sur les avions, voire même leur drapeau quand celui-ci n’est pas discrètement affiché quelque part. Les compagnies africaines , en attaquant le marché français, empiettent sur les plates-bandes de la compagnie Air France qui bouchaient le trou laissé par Air Afrique. Ces deux compagnies ont réussi, au forceps, à établir des correspondances avec l’Hexagone.

La bataille est économique et ceux qui manqueront de rigueur dans leur gestion et leur politique de développement seront écrasés par plus fort qu’eux.
C’est dans un tel contexte que depuis Dakar, la BCEAO et la BIDC ont relancé le projet ECO-Air. Cette nouvelle société va couvrir l’ensemble de la sous-région.

En effet, depuis la disparition de Air Afrique, les dessertes ouest-africaines ne sont en majorité assurées que par des compagnies internationales, tandis que les compagnies nationales de la sous-région ouest-africaine peinent à concurrencer les grandes société occidentales, notamment sur les dessertes internationales. La solution réside certainement dans une compagnie sous-régionale forte et ayant tiré toutes les leçons de la disparition de la défunte Air Afrique dont certains employés courent toujours après leurs indemnités et dont la question du patrimoine n’est pas encore tranchée.

Cette idée d’une compagnie sous-régionale, l’Union économique et monétaire ouest-africaine en a jeté les bases dans son programme économique régional (PER) . C’est sur cette approche que les Etats de l’Union travaillaient tout en incitant les compagnies des Etats membres à un partenariat actif pour désenclaver les capitales et autres grandes villes de l’Union. Le constat est fait aujourdhui qu’il n’y aura pas d’intégration sans une compagnie africaine digne de ce nom pour réduire les fractures, toute chose que les projets routiers , aussi ambitieux qu’ils soient, ne peuvent réussir.

Contre toute attente donc, une dépêche Altercom indique que la BCEAO et la BIDC envisagent la création d’une compagnie ouest-africaine. Faut-il en déduire que le projet de l’UEMOA a été mis aux calendes grecques ? Pour l’instant, il est difficile d’en savoir plus.

Mais, le fait que la Banque centrale de l’Union soit associée à ce projet avec la banque d’investissement de la Cedeao, peut laisser croire à une synergie entre les deux entités si tant est qu’il y a eu concertation. Le gouverneur de la BCEAO se dit convaincu de la nécessité de réinventer les fonctions exercées par la défunte Air Afrique d’autant que la demande existe. C’est la preuve qu’un chaînon manque dans la mécanique du transport aérien ouest-africain.

Les Etats ayant fait la preuve de leur mauvaise gestion avec la précédente, la nouvelle compagnie aura un statut privé. En effet, clientélisme et affairisme ont plombé les ailes de Air Afrique et cette fois, les promoteurs de la nouvelle Air Afrique veulent confier sa destinée au secteur privé pour garantir toutes les conditions de compétitivité et de rentabilité, tout en offrant de réelles garanties de sécurité et de sûreté.

Le tout est de savoir comment les uns et les autres s’y préparent. On a vu le Mali refuser l’atterissage d’un avion de Air Mali lors d’un vol inaugural Paris- Bamako. Raison invoquée : les Maliens n’ont pas reconnu leur propre avion. Il n’avait rien de malien. C’est à se demander dans quelles conditions la compagnie a été cédée au privé qui en a la gestion.

L’annonce de la création de la nouvelle compagnie régionale devrait faire l’objet de mesures d’anticipation bien réflechies de la part des autoritésdes pays de la région pour permettre une complémentarité entre leur compagnie nationale et celle panafricaine, tout en sauvegardant la souveraineté et la fierté nationales. On annonce que le capital de la nouvelle société leur sera ouverte.

En tout cas, les préparatifs pour la mise en oeuvre de ce projet sont si minutieux qu’ils augurent peut-être d’une ère nouvelle pour le ciel ouest-africain.

Le Pays

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