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Argentine : Le Sénat rejette un projet de loi sur l’avortement, un sujet encore tabou au Burkina

Publié le jeudi 9 août 2018 à 23h12min

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Argentine : Le Sénat rejette un projet de loi sur l’avortement, un sujet encore tabou au Burkina

L’Argentine ne sera pas le troisième pays latino-américain à autoriser l’avortement, après Cuba et l’Uruguay. Ce 8 août, le Sénat a rejeté, par 38 voix contre 31 et deux abstentions, un projet de loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse voté par la Chambre des députés le 14 juin dernier. Déception et tristesse dans les rangs des groupes favorables à la légalisation de l’avortement.

Ainsi, l’Argentine, pays d’origine du pape, ne sera pas le troisième pays latino-américain, après le Cuba et l’Uruguay, à légaliser l’Interruption volontaire de grossesse (IVG). Le Sénat argentin a, ce 8 août 2018, voté contre le projet de loi légalisant l’avortement, mettant un terme aux espoirs des organisations féministes, et alors même que le projet de loi avait été approuvé par les députés le 14 juin dernier. Malgré la mobilisation d’une grande partie de la société en faveur de l’avortement, le vote de la loi n’a pas été un acquis.

Malgré la pression de cette foule qui attendait avec impatience le verdict final, la chambre du Sénat, elle, a tenu à sauvegarder la laïcité du peuple argentin. En effet, dans une décision où aura beaucoup pesé la pression de l’Eglise catholique, les sénateurs se sont finalement inclinés pour le rejet. C’est sans nul doute une victoire pour le pape François, qui avait manifesté son « non » à l’IVG dans son pays d’origine. C’est donc par 38 voix contre 31 et deux abstentions que le projet de loi a été rejeté.

L’Argentine ne sera donc pas classée troisième pays après l’Uruguay, qui avait approuvé, le 17 octobre 2012, un projet de loi visant à dépénaliser l’avortement jusqu’à douze semaines de gestation, sous certaines conditions. Ce qui a fait de ce pays le second d’Amérique latine à adopter une telle mesure. Ou mieux, la nation argentine n’a pas adopté cette loi comme Cuba, qui est devenu, en 1965, le premier pays d’Amérique latine à légaliser l’avortement.

Réactions controversées, le gouvernement ne démord pas

Le vote a été accueilli par des feux d’artifice et des cris de joie parmi les militants anti-IVG rassemblés devant le Parlement, dans la rue. Cependant, c’est la tristesse, la colère dans le camp des militants favorables au droit à l’avortement qui se sont rassemblés sur la place du Congrès à Buenos Aires en ce 9 août 2018, après le rejet du projet de loi. Mais presque tous sont convaincus qu’il n’y aura pas de retour en arrière.
Pour ces partisans, l’avortement clandestin est souvent dangereux pour les femmes les plus pauvres, mais sans danger pour celles qui peuvent payer des cliniques privées. C’est d’ailleurs cette révolte qui a suscité le vœu de législation de l’IVG.

Selon la presse argentine, le président Mauricio Macri envisagerait d’inclure, dans la grande réforme du code pénal, qui est en cours de préparation, une dépénalisation de l’avortement. Cette modification sera également soumise aux votes des deux Chambres. Plus spécifiquement, cela signifie qu’une femme qui avorterait ne serait plus condamnable.
Ainsi, à l’heure actuelle, la justice argentine peut condamner une femme qui avorte à une peine de prison pouvant aller d’un à quatre ans. Par contre, même si elles ne pourront plus être condamnées, ces femmes ne bénéficieront pas d’aides publiques. Des aides qui resteraient seulement possibles en cas de viol ou de risque pour la santé de la mère.

Des exceptions qui s’apparentent à celles en vigueur au Burkina Faso, où le sujet de l’avortement reste encore un tabou, quand bien même il a gagné de l’ampleur ces dernières années (selon des spécialistes).

L’avortement au Burkina Faso, une pratique silencieuse

Au Burkina Faso, l’avortement n’est autorisé par la loi que lorsqu’il s’agit de protéger la santé de la femme enceinte, en cas de viol, d’inceste, ou de grave malformation fœtale. Cependant, la connaissance du statut légal de l’avortement est faible. En effet, selon les données sanitaires du site web guttmacher.org, seulement un tiers des femmes burkinabè savent que l’avortement est autorisé dans certains cas. L’avortement est alors pratiqué de façon illégale, surtout clandestine, car étant considéré comme un acte criminel.

L’immense majorité des femmes qui mettent un terme à leur grossesse le font en secret, par peur des poursuites et pour éviter la stigmatisation sociale qui accompagne le recours à l’avortement. Ainsi, toujours selon guttmacher.org, en 2008, 65% des femmes qui avaient eu recours à l’avortement dans les deux années précédentes avaient entre 15 et 24 ans.

La plupart des avortements clandestins se pratiquent dans des conditions risquées, mettant malheureusement en danger la santé des femmes, et parfois leur vie.
En 2008, environ 23 000 femmes ont été traitées pour complications liées à un avortement, confie lemonde.fr. On estime à 15 000, le nombre de femmes ayant connu des complications sévères et n’ayant pas reçu les soins dont elles avaient besoin.

On estime que presque six femmes sur dix ayant eu recours à un praticien traditionnel et la moitié de celles qui ont avorté elles-mêmes ont subi des complications. Environ deux femmes sur dix pourraient avoir eu recours à une sage-femme, un maïeuticien ou un autre professionnel. À l’échelle nationale, presque quatre femmes sur dix connaissent des complications liées à l’avortement car n’ayant pas reçu les soins dont elles ont besoin.

Que faut-il faire face à cette problématique d’avortement clandestin ?

La proportion des décès maternels consécutifs à un avortement à risque n’est pas évaluée au Burkina Faso. Cependant, la moyenne en Afrique sub-saharienne s’élève à environ un décès maternel sur sept.
A cela s’ajoute les maladies sexuellement transmissibles, compte tenu de la méthode archaïque de certains avortements.
L’idéal, pour réduire ces pratiques qui exposent la santé des filles, serait de passer à une vitesse supérieure dans la sensibilisation de la gent féminine et de celle masculine, afin d’éviter au maximum les grossesses non-désirées.

Les programmes de planification familiale doivent s’étendre et être promus à travers les services de santé primaires, l’éducation en matière de planification familiale et de méthodes de contraception (qui soient accessibles et ne véhiculent aucun jugement négatif). Aussi, le coût des services de planification familiale représente un obstacle. Réduire ce coût permettrait probablement un taux de contraception plus élevé.

Des efforts conjugués de la part du gouvernement, des Organisations de la société civile (OSC) et des Organisations non-gouvernementales (ONG) seront également nécessaires pour cette lutte et dans la sensibilisation des populations, surtout les jeunes.

Source : Le monde.fr ; RFI

Milaine Tiendrebeogo
LeFaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 août 2018 à 23:54, par Elsat En réponse à : Argentine : Le Sénat rejette un projet de loi sur l’avortement, un sujet encore tabou au Burkina

    Bel article qui interpelle notre pays et chacun de ses habitants. Les avortements clandestins sont en passe de devenir même un fait banal, allez-y dans certains établissements et vous comprendrez.

  • Le 10 août 2018 à 13:44, par Volff En réponse à : Argentine : Le Sénat rejette un projet de loi sur l’avortement, un sujet encore tabou au Burkina

    Quelques biais dans cet article, dont un assez négatif : "Par contre, même si elles ne pourront plus être condamnées, ces femmes ne bénéficieront pas d’aides publiques. Des aides qui resteraient seulement possibles en cas de viol ou de risque pour la santé de la mère." On s’attendrait à lire que ces femmes devraient être aidées de façon à n’être pas acculées à l’avortement. Mais non, on leur propose de leur offrir un avortement gratuit plutôt qu’un soutien, un travail, un logement, des aides sociales en un mot.
    Quant à promouvoir l’avortement médicalisé au Burkina Faso, n’avez-vous pas d’autres priorités ? Avez-vous assez d’hôpitaux, de dispensaires, de centres de santé, de médecins, d’infirmières ? Les palu et autres maladies parasitaires ou infectieuses sont-ils traités à temps. Les blocs opératoires sont-ils au repos ? Le suivi des femmes enceintes et les accouchements, les suites de couche et la pédiatrie, sont accessibles à toute la population ? N’écoutez pas les sirènes des milliardaires internationaux qui ne veulent qu’une chose : réduire votre population.

  • Le 10 août 2018 à 15:04, par frustré En réponse à : Argentine : Le Sénat rejette un projet de loi sur l’avortement, un sujet encore tabou au Burkina

    Quel est l’objectif de cet article ? en quoi les méthodes de planification familiale permettent -elles de lutter contre l’avortement ? Bien au contraire ces méthodes sont les vraies causes de cette pratique. Au lieu de prôner l’abstinence vous encourager la débauche sexuelle sinon une fille de 15 ans doit tout simplement se considérer comme un enfant et rester à la maison mais avec vos contraceptions c’est le contraire et après on s’étonne. Non à l’avortement volontaire sauf dans les cas prévus par la loi

  • Le 10 août 2018 à 18:39, par TRUTH En réponse à : Argentine : Le Sénat rejette un projet de loi sur l’avortement, un sujet encore tabou au Burkina

    Bien dit "Volff ". Le "copier-coller" tue l’intelligence et le développement de l’Afrique.

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