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Femmes rapatriées de Côte d’Ivoire : Une dynamique en gestation

Publié le samedi 28 mai 2005 à 09h14min

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L’Association féminine Teg-Taaba pour la survie des rapatriées de Côte d’Ivoire (ATETASR) est une jeune association née seulement en 2004 au lendemain des évènements malheureux qui ont frappé nos compatriotes en Côte d’Ivoire.

Revenues au pays, ces femmes à travers des actions qu’elles ont initiées, mènent aujourd’hui un combat pour survivre. Vendredi 15 avril 2005, elles ont procédé à une séance de transformation du manioc. A cette occasion, nous avons rencontré leur présidente, Mme Sabine Nana.

Sidwaya (S) : Pouvez-vous nous présenter votre association ?

Sabine Nana (S.N.) : L’Association féminine Teg-Taaba pour la survie des rapatriés de Côte d’Ivoire (ATETASR) est une jeune structure qui regroupe des femmes burkinabè rapatriées de la Côte d’Ivoire et qui vivent dans une situation difficile. Lors de ces événements, plusieurs d’entre nous ont perdu tout ce qu’elles avaient et certaines même ont perdu leur mari. C’est pour surmonter ces difficultés que nous avons décidé de nous unir pour créer une association. Pour le moment, l’Association regroupe des femmes qui viennent des secteurs de la ville de Ouagadougou et Tanghin-Dassouri. On aurait bien voulu inclure les femmes des autres provinces qui en ont fait la demande dans nos activités mais il se trouve que les moyens nous font réellement défaut.

S. : Quelles sont les activités que vous menez dans votre association ?

S.N. : Pour le moment, le fait qu’on n’a pas les moyens nous empêche de faire certaines activités. Sinon, on a déjà commencé à produire du beurre de karité, du mil germé. Mais pour le moment, notre activité centrale réside dans la transformation du manioc. Par là, nous arrivons à préparer de l’atièkè, du placali, du foutou...

Nous comptons également nous lancer dans la production du savon si les moyens nous le permettent.

S. : D’où vient le manioc que vous utilisez et êtes-vous sûre de la qualité des plats que vous préparez pour pouvoir enlever de l’esprit du Burkinabè, le fait que le vrai atièkè vient d’ailleurs ?

S.N. : L’atièkè que nous préparons est un plat qu’on ne peut même pas trouver ici parce que ça reviendrait très cher. Mais nous arrivons à le faire ici parce que nous avons notre savoir-faire. Sinon que depuis qu’on est arrivées au Burkina, on a constaté que tout l’atièkè que les Burkinabè consommaient venaient de la Côte d’Ivoire ou d’ailleurs. Après des renseignements, on a vu qu’on produisait du manioc au Burkina Faso à Orodara et à Léo. Mais le manioc de Léo n’est pas adapté à la production. Il est tout juste bon pour l’amidon qu’il procure. C’est ainsi qu’on a entamé des démarches avec les producteurs de Orodara. Cela nous a permis d’avoir le kilogramme de manioc à 40 F CFA. Pour les craintes de rupture en matière d’approvisionnement de manioc, les producteurs de Orodara nous ont rassuré sur ce fait.

S. : Mais est-ce que vous n’aurez pas des difficultés d’écoulement ?

S.N. : Nous n’arrivons même pas à satisfaire la demande. Par exemple pour le mil germé, les dolotières demandent souvent 20, 40 sacs et même souvent plus. Mais où allons-nous trouver l’argent pour produire tout ça ? Aussi, pour le beurre de karité, il y a des gens qui fabriquent le savon qui sont venus nous demander 100 litres par jour. Là aussi, on n’a pas les moyens de payer l’amande de karité.

S. : Comment arrivez-vous à fonctionner actuellement ?

S.N. : Actuellement, c’est très difficile. Nous n’avons vraiment pas les moyens. Par exemple, pour la fabrication de l’atièkè, nous n’avons pas de machine pour extraire l’eau, pour écraser le manioc... Même pour l’activité de transformation du manioc ce matin, nous avions été obligées de demander une contribution de 200 F CFA à nos membres. On a initié cette activité principalement pour montrer aux gens que nous on veut travailler, qu’on a le savoir-faire, mais qu’on n’a pas les moyens. C’est à travers les cotisations de nos membres que nous fonctionnons actuellement.

S. : Mais comment comptez-vous vous y prendre pour avoir les moyens ?

S.N. : Pour le moment, on est en train de chercher. On a établi des projets et déposés dans les ambassades, les ONG... Certes, on parle de demander mais, pas cadeau. Nous disons non à cela parce que si on a refusé le fatalisme pour venir ici, c’est pour dire que nous avons du cœur, que nous n’attendons pas qu’on vienne nous donner à manger ou nous habiller par exemple. Nous voulons nous prendre en charge par notre travail.

Ce que nous demandons c’est un prêt. Quelle que soit la modalité qu’on va nous proposer, on est sûres qu’avec les activités qu’on aura à mener, on pourra rembourser ces fonds sans problème.

S. : Quelles sont alors vos perspectives ?

S.N. : Si on arrivait à avoir les moyens, nous comptons acquérir le nécessaire à la production. Ainsi, nous allons accroître nos productions et diversifier les activités pour permettre à chacune d’avoir quelque chose à faire. A la longue, nous comptons également ouvrir un restaurant.

Entretien réalisé par Antoine W. DABILGOU
(negro1er@yahoo.fr)

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Vos commentaires

  • Le 8 juin 2005 à 22:52, par 100%ivoirien En réponse à : > Femmes rapatriées de Côte d’Ivoire : Une dynamique en gestation

    Il y a plusieurs années les burki vivent en cote d’ivoire sans probleme,aujourd’hui vos maries tue les ivoiriens.Le mossi dramane qui ne connait pas sa place veut etre ivoirien, c’est pour cela nous demandons a tout les burki rentrer, c’est claire.

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