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Vote des Burkinabè de l’étranger : Lettre ouverte aux députés

Publié le mardi 19 avril 2005 à 07h08min

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Dans cette lettre ouverte, Denis Dambré, qui dit être Burkinabè de l’étranger, ne comprend pas "l’ostracisme qui frappe" la diaspora burkinabè en temps de vote. Convaincu d’être citoyen à part entière, il réclame la possibilité de pouvoir voter droit qui, jusque-là, n’est pas reconnu aux Burkinabè vivant à l’extérieur.

"Mesdames et messieurs les députés,

Voilà maintenant plus de dix ans que notre pays est revenu à une vie constitutionnelle normale avec des élections régulières. Sceptiques au départ, beaucoup de personnes qui regrettaient la période de la Révolution ont fini par accepter le principe du suffrage universel et de la démocratie constitutionnelle qui est un choix de bon sens.

Dans un Etat de droit, le souci d’équité doit être le moteur de l’action du législateur tout comme celui de mobiliser toutes les forces du pays pour sa construction doit être une préoccupation constante du pouvoir exécutif. Mais est-ce le cas chez nous ? La question mérite d’être posée lorsqu’on songe à la situation des Burkinabé de l’étranger dont je fais partie.

En effet, bien que résidant hors du Burkina Faso depuis plus d’une décennie, je conserve, comme beaucoup de nos concitoyens de la diaspora, un lien affectif fort avec mon pays. Chaque fois que, de retour pour des vacances, mes pieds foulent de nouveau la terre de mes ancêtres, j’éprouve au fond de moi un sentiment de joie intense.

Ne voyez dans mes propos aucune trace de nationalisme. Je sais, certes, me réjouir des forces de mon pays ; mais j’observe aussi d’un œil critique ses faiblesses. Simplement, j’ai l’impression d’être comme ces poissons marins qui, poussés par leur instinct, effectuent à intervalles réguliers des milliers de kilomètres vers l’endroit où ils sont sortis de l’œuf.

"Les parias de la démocratie burkinabè"

C’est la raison pour laquelle, mesdames et messieurs les députés, je voudrais m’insurger contre l’ostracisme qui frappe les Burkinabé de l’extérieur en période électorale. Quelle raison objective empêche qu’il soit mis, dans les consulats ou ambassades de notre pays, des bureaux de vote pour que la diaspora burkinabè puisse, elle aussi, s’exprimer lors des élections ?

Est-ce la difficulté de la mise en place de tels bureaux de vote ou est-ce la peur d’un scrutin peu favorable au pouvoir en place ? Le premier terme de l’alternative ne peut tenir lieu d’explication, attendu que d’autres pays le font. Quant au second terme, il est un baromètre du degré de maturité démocratique du pouvoir exécutif. Lorsque ce dernier joue le jeu de la liberté d’opinion - comme affirme le faire le pouvoir actuel - il doit accepter que s’expriment toutes les voix, même celles qui risqueraient a priori de lui être défavorables.

Et d’ailleurs, qui peut dire avec certitude l’attitude qu’adopteraient les électeurs dans le secret de l’isoloir ? Je défie quiconque de préjuger de la mienne.
La diaspora burkinabè ne ménage pas ses efforts quand il s’agit de contribuer à faire vivre des familles restées au pays. Grâce à elle, la scolarité de milliers d’enfants est payée chaque année. Par ses investissements, des entrepreneurs ont des marchés de construction et paient des impôts à l’Etat.

Pourquoi donc est-elle exclue de ces rendez-vous importants de la vie de notre pays que constituent les élections ? Beaucoup de nos compatriotes résidant à l’étranger ont même acquis, dans leur pays d’accueil, le droit de participer à la vie nationale que leur refuse le code électoral burkinabè.

Pensez-vous, mesdames et messieurs les députés, que ce soit là une bonne façon de les inciter à garder des liens étroits avec notre pays, à y investir, à transmettre à leurs enfants les valeurs qui lui sont chères, bref à vibrer dans leur être profond avec les Burkinabè de l’intérieur ?

J’espère qu’une suite sera donnée à ma lettre pour qu’aux prochaines échéances électorales nous ne soyons plus les parias de la démocratie burkinabé. Je souhaite vivement pouvoir mettre mon bulletin dans l’urne pour enfin me sentir pleinement citoyen de ce pays qui est le mien. Mon pays d’accueil me donne le droit de vote depuis des années. Pourquoi donc en suis-je privé par mon pays d’origine ? "

Denis Dambré
Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 avril 2005 à 01:44, par taboussais En réponse à : > Vote des Burkinabè de l’étranger : Lettre ouverte aux députés

    je profite ,par votre intermidiaire dire ’grand merci a mon frere DENIS DAMBRE.’.

  • Le 28 avril 2005 à 12:59, par Jean-François ROUX (PARIS) En réponse à : > Vote des Burkinabè de l’étranger : Lettre ouverte aux députés

    Je me suis moi-même inquiété de l’inscription sur les listes électorales de jeunes Burkinabè actuellement en France pour leurs études. S’il n’existe pas de possibilité pour voter depuis l’étranger, ma démarche est non seulement vaine, quant au résultat espéré, mais risque d’être aussi contre-productive.

  • Le 28 juin 2005 à 19:22 En réponse à : > Vote des Burkinabè de l’étranger : Lettre ouverte aux députés

    Bonjour,
    Je ne peux que me réjouir d’une telle lettre car elle s’inscrit parfaitement dans le combat que mène le TOCSIN depuis sa création. Plus vous serez nombreux à relayer de telles préoccupations, plus nous sommes convaincus que nous finirons par avoir raison sur ceux qui continuent de marginaliser la diaspora burkinabè. Courage et à très bientôt au Faso.

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