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Religion : un burkinabè ordonné prêtre en Côte d’Ivoire

Publié le lundi 18 avril 2005 à 07h38min

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Le dimanche 3 avril dernier, les abbés N’Zébo Vincent Kouakou, Patrice Sialou et Thierry Niodgo ont célébré une messe d’action de grâce en l’église St Augustin de Bingerville dans l’archidiocèse d’Abidjan.

Une foule immense de parents, d’amis et de connaissances ont communié, quatre heures d’horloge durant, avec les jeunes prêtres ordonnés le 21 février 2004.

Jour de joie, jour d’allégresse, jour tant espéré. Ce 3 avril était pour les catholiques de la paroisse St Augustin, tout cela à la fois. La foi, leur foi est restée tout ce temps éveillée dans l’attente de cette communion. Et le jour tant attendu est arrivé.

La petite église de Bingerville qui en 2004 a fêté ses cent ans, s’est avérée étroite. La solution toute trouvée était donc d’officier la messe dehors. D’ailleurs, des dispositions étaient déjà prises . Des tentes dressées à côté d’un autel construit servent de cadre. Sur chaque tente, des indications. Familles, paroisses, chorales, etc.

Le programme prévoyait le début de la cérémonie à 10h. Dès 9 h heures, les fidèles venus des quatre coins de la ville et de partout étaient déjà là. Qui dans l’uniforme arrêté de commun accord un pagne de couleur jaune avec un écrit : "Partageons ensemble le pain que Dieu nous donne’’ qui dans ses plus beaux atours. La chorale de Bingerville pour entretenir l’assistance répétait ses chants.
Une animation faite de façon alternée avec la chorale burkinabè d’Anoumambo (un sous-quartier de l’arrondissement de Marcory).

A 10h30, la messe pouvait commencer. Avec certes trente minutes de retard. En procession, le clergé fait son entrée dans la cour de l’église. Les enfants de chœur ouvrent la marche. Ils sont suivis des grands séminaristes, des confrères des nouveaux prêtres, du curé et des ainés, les quatre jeunes prêtes ferment la marche. La messe pouvait être dite.

De commun accord, les jeunes prêtres ont laissé la célébration de l’Eucharistie au plus jeune d’entre eux. L’abbé Thierry Niodgo qui a pris pour devise : "Je suis ce que je suis par la grâce de Dieu". Et qui pour inviter ses ouailles à ne pas se faire de complexe par rapport à son jeune âge, leur annonce : "ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu", tiré de 1. Corinthiens 15.10.

La liesse est à son comble. La communion entre les officiants et les fidèles est totale. Surtout que pour la circonstance, chacun des trois prêtres avait une suite impressionnante de paroissiens venus rendre grâce à Dieu "pour ce beau cadeau à eux fait en consacrant prêtres de l’Eglise et serviteurs de Dieu, ces jeunes". Après leur ordination, l’abbé N’Zébo Vincent Kouakou a été nommé vicaire de la paroisse St François Xavier d’Abobo, Thiérry Niodgo, vicaire de la paroisse St Augustin d’Aboboté et l’abbé Patrice Sialou, vicaire de la paroisse St Ambroise d’Angré.

L’homélie est prononcée par le vicaire de la paroisse d’Anoumambo, l’abbé Jean-Pierre Ouédraogo. C’est lui que les jeunes prêtres ont choisi pour s’addresser en leur nom, à leurs fidèles. "Aujourd’hui est un jour de joie. Un jour d’allégresse," a d’emblée lancé l’abbé Ouédraogo pour qui, ce dimanche 3 avril 2005, est un grand jour pour plusieurs raisons. "Parce c’est le jour où Jésus le Nazaréen sort vainqueur du tombeau". Ensuite "l’Eglise célèbre la miséricorde divine ce 3 avril". Enfin la troisième raison selon l’abbé Ouédraogo, tient au fait que "la communauté chrétienne catholique de Bingerville a choisi de rendre gloire à Dieu pour lui avoir donné quatre nouveaux prêtres".

"Il n’y a rien à inventer dans la vie spirituelle. Il faut seulement s’identifier au Christ qui est le même hier, aujourd’hui et pour toujours", a poursuivi l’abbé Jean Pierre Ouédraogo. Il a par ailleurs, appelé les fidèles chrétiens catholiques " à être dignes du Christ dans notre pays meurtri par la guerre". "Faisons fi de nos considérations ethniques, politiques et annonçons l’unique Parole de Dieu", a-t-il dit.

Pour lui, "Dieu a besoin de notre bouche pour parler à son peuple". Et de s’interroger : "Qu’est-ce que comporte le fait d’être prêtre aujourd’hui ? Sa réponse est sans équivoque : "Le prêtre avance avec son temps car Jésus est le même hier , aujourd’hui et à jamais".

Après l’Eucharistie, c’était la liesse. Tambours, grelots, instruments modernes de musique ont aidé à animer la messe. La séance d’offrandes de cadeaux aux quatre jeunes prêtres a augmenté d’un cran l’ambiance. Ici l’inculturation, le fait d’introduire des rythmes africains dans la liturgie, était totale. Les Ebriés, les chorales burkinabè d’Anoumambo et St Kisito de Bingerville ont arraché des pas de danse aux prêtres qui ont su le leur rendre.

Au moins sur trente minutes, le parvis de l’église St Augustin a connu une vraie animation. Une animation certainement de jour exceptionnel. Le temps est passé sans vraiment que les fidèles s’en aperçoivent. A 14h, le curé de la paroisse St Augustin de Bingerville, le Révérend Père Emmanuel Savadogo prend la parole pour remercier tout le monde pour "cette ferveur, cette chaleur humaine, cette forte communion".

A l’intention des fidèles, l’abbé Savadogo a dit : "Soyons miséricordieux. Jésus veille sur chacun de nous avec la condescence toute paternelle". La cérémonie a vu la présence importante du Consul général du Burkina à Abidjan, M. Ambroise Balma, du vice-consul, M. Vincent de Paul Niodgo et du ministre chancelier. La fête comme il est de coutume, s’est terminée en famille où un festin était réservé aux noubreuses convives.

La communauté burkinabè s’est retrouvée en bloc dans la famille de l’abbé Niodgo. Le "kiegba" et autres sonorités de Nakâba (village du département de Gounghin, province du Kourittenga dont est originaire l’abbé Niodgo) ont disputé les décibels avec le couper-décaler en vogue actuellement sur les bords de la lagune Ebrié. Le dolo, les fortes liqueurs, la bière ont coulé à flots pour le bonheur de tous.

Les jeunes prêtres se sont à nouveau donné rendez-vous le 7 aôut prochain où l’un des leurs, célèbrera sa messe d’action de grâce en "décalé". Une autre cérémonie de ferveur et de communion. En fait le 21 février à leur ordination, ils étaient quatre prêtres originaires de la paroisse de Bingerville. Le quatrième, l’abbé Pierre Akouékou Akouékou a programmé sa messe d’action de grâce pour le 7 aôut prochain.

Pour la petite histoire, l’abbé Pierre Akouékou Akouékou, actuellement économe au séminaire Paul VI de Cocody Mermoz a d’abord été instituteur. Il a tenu les abbés Kouakou et Niodgo avec qui, plus tard ce 21 février 2004, sont devenus ses collègues. Comme quoi les chemins de Dieu sont vraiment impénétrables.

Jean-Philippe TOUGOUMA
Abidjan/Ouaga
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 23 avril 2005 à 04:39, par MR Dable (Bruxelle) En réponse à : > Religion : un burkinabè ordonné prêtre en Côte d’Ivoire

    Comme quoi tout citoyen etranger, qu’il soit burkinabe ou autre , a la place qu’il merite en cote d’ivoire. Nous sommes ouverts a tous, sauf aux malfrats qui viennent semer la terreur dans notre pays que nous avons aussi le devoir de proteger.
    Que Dieu benisse la cote d’ivoire et tous ses habitants.

    • Le 17 juin 2005 à 11:26, par Stephen En réponse à : > Religion : un burkinabè ordonné prêtre en Côte d’Ivoire

      L’église de Côte-d’Ivoire en est honnorée. Que Dieu vous protège. Mais souvenez-vous de ce qui est arrivé à d’autres et n’oubliez jamais d’où vous venez. Car dit un proverbe , « Quel que soit la durée du bois dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman ». Que Dieu vous bénisse.

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