LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Le Burkina toujours sous haute tension

Publié le mardi 29 septembre 2015 à 20h49min

PARTAGER :                          
Le Burkina toujours sous haute tension

Le calme était revenu au Burkina après l’annonce de l’accord de sortie de crise le 23 septembre 2015. Mais la tension est montée d’un cran dans l’après-midi du lundi 28 septembre 2015. Rappelant ainsi aux Burkinabè que tout n’est pas fini.

« Le putsch est terminé, on n’en parle plus ». Cette déclaration du général Gilbert Diendéré avait convaincu la majorité des Burkinabè qu’effectivement le pays s’acheminait vers une sortie de crise. Mieux, que l’on avait traversé totalement la crise. En plus de classer le putsch dans le passé, le général Gilbert Diendéré a semblé écouter la voix du peuple. Selon lui, le putsch « s’est fait compte tenu d’un certain nombre de raisons que nous avons évoquées lors de la proclamation (du putsch). Nous avons vu ce qui s’est passé. Nous avons su que le peuple n’était pas favorable. C’est pour ça que nous avons tout simplement abandonné ».
Ces déclarations du commandant historique de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) contrastent aujourd’hui avec les accusations que lui porte le gouvernement.
Dans un communiqué publié le 28 septembre, le chef d’état-major général des armées dénonçait la suspension de l’opération de désarment due à la résistance de l’ex-RSP. Il évoquait également un « comportement ambigu » du général Gilbert Diendéré. « Le processus de désarmement commencé samedi (...) a été brutalement remis en cause hier par le général Diendéré qui a fait savoir à ses éléments que le RSP ne saurait être dissous par la Transition et qu’il valait mieux résister », déplore le gouvernement dans son communiqué. Finalement à la date du 27 septembre, c’est seulement le dixième de l’armement de l’ex-RSP qui a été récupéré.

La tension est montée d’un cran

Les deux parties s’accusent par médias interposés. Le gouvernement a publié un communiqué dans différents médias indiquant qu’aidé par le général Djibril Bassolé, le général Gilbert Diendéré a fait appel à des « djihadistes » pour déstabiliser le pays. « Mais plus grave encore, le Gouvernement a connaissance de la mobilisation de forces étrangères et de groupes djihadistes qu’ils ont appelés à leur secours dans la réalisation de leur funeste dessein », s’est inquiété le gouvernement dans son communiqué. Le premier, Djibril Bassolé, a démenti toute implication dans une volonté de déstabilisation du pays.
La présence des forces armées nationales à certains endroits stratégiques de la capitale montre que la tension est toujours haute. Le premier ministère où se tient désormais le conseil des ministres est quadrillé par des soldats bien armés. Des patrouilles des éléments de la gendarmerie et des militaires s’observent dans certains quartiers de la capitale. Dans la matinée du 29 septembre, alors que nous traçions ces lignes, le chef d’Etat-major général des armées a encore conseillé aux populations d’éviter tout mouvement dans le quartier Ouaga 2000. C’est dans ce quartier que se trouve le palais présidentiel, et le camp de l’ex-RSP n’est pas loin de là. « Pour des raisons de sécurité, j’invite les populations de la ville de Ouagadougou à éviter tout mouvement dans la zone de Ouaga 2000 et environs ce jour mardi 29 septembre 2015. Les résidents du quartier sont invités à rester chez eux », affirme-t-il dans un communiqué. Ces différents communiqués et déclarations ne font que renforcer la psychose au sein de la population. Déjà dans la soirée du 28 septembre 2015, la rumeur sur l’imminence d’une attaque avait entrainé des embouteillages monstres sur certaines artères de la capitale. Chacun voulant rejoindre sa demeure avant toute complication de la situation.

Les raisons du refus de poursuivre le désarment

En refusant de poursuivre le désarment, le général Diendéré savait que cela allait provoquer une vive tension dans le pays. Pour les soldats de l’ex RSP, le gouvernement n’a pas tenu ses engagements de les protéger, eux et leurs familles. « Les engagements sur les familles et la sécurité » des soldats putschistes, pris par le régime de transition revenu au pouvoir, « n’ont pas été tenus », a affirmé une source sur france24.
Cette suspension a-t-elle permis à cette ex-garde prétorienne de bénéficier de quelques concessions de la part du gouvernement ? Difficile d’y répondre. Mais lundi soir toujours sur France 24, le général Diendéré affirmait que « les choses sont en train de rentrer dans l’ordre ». « Je crois que l’opération (de désarmement) va continuer, cela prendra le temps qu’il faudra », a-t-il dit faisant état d’un "acharnement" contre des éléments du RSP et d’ « arrestations ».« Certains ont été arrêtés alors qu’ils rendaient visite à leur femme et leurs enfants. D’autres sont obligés de déménager à cause des menaces du voisinage », a indiqué une autre source sur jeuneafrique.com.
Entre négociations de sortie et affrontement, le peuple burkinabè retient son souffle. A tout moment la situation peut dégénérer. Mais le peuple souhaite que la première voie, celle de la concertation et de l’intérêt général soit privilégiée par tous.

Judicaël Gaël Lompo
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Putsch de septembre 2015 : Minata Guelwaré est décédée
La problématique de la liberté chez Jean-Jacques Rousseau