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Situation nationale : chasse à l’Homme, justice des vainqueurs, pardon et « pardon politique » (1/2)

Publié le mardi 23 décembre 2014 à 13h45min

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Situation nationale : chasse à l’Homme, justice des vainqueurs, pardon et « pardon politique » (1/2)

Peut-on parler de PARDON, sans faire référence à Dieu ? Ce pardon qui est attendu ou qui vient quelques fois de ceux-là mêmes qui, avant la survenue de leurs forfaits monstrueux, jugent quelques fois leurs concitoyens de trop sensibles, de s’attacher trop à l’éthique, qu’on ne devrait pas confondre avec le droit et la politique selon eux ! Pour eux jadis, ce que le Droit n’interdit pas, est applicable sans autre procès, d’où le récent acharnement sur notre article 37 pour son charcutage, - une disposition garante pourtant de l’équilibre social et politique, démocratique !

L’impératif du pardon, qui a une portée aussi bien psychique, psychologique, morale et spirituelle, nous conduit ici donc, à aborder quelques passages des Ecritures Saintes, tout en restant dans l’esprit de la laïcité républicaine (en 1ère et 2ème parties).

1. Nul n’échappe au politique, ni à la politique !

Si l’on pose la question de savoir, quand est-ce que la politique est-elle née ? Beaucoup se perdront en conjecture.

Aristote lui, dit dans œuvre intitulée « La République », que la politique existe depuis la nuit des temps dans la cité. Dans cet ouvrage où « l’Homme est un animal politique » selon son entendement, Aristote soutient aussi que seuls les bruts et les dieux peuvent vivre hors de la cité politique. Malheureusement, certains acteurs « trop malins » ou « illuminés », illustrent ou nourrissent l’illusion d’être la source de la théorie politique. A ce sujet, ils inventent toutes sortes de théories obscures, situationnelles, pour leurs intérêts propres ! Pour eux, tout doit tourner autour de leurs intérêts propres, au détriment de l’intérêt général, indifféremment de leurs positions.

Une autre catégorie de personnes, pense quant à elle, pouvoir échapper au politique ! Elles le traduisent souvent, individuellement ou dans des structures organisées, autour de doctrines, etc.

Pourtant, le réalisme veut que l’on ne se trompe pas, comme le stipule Aristote : nul n’échappe au politique, s’il n’est un brut ou un dieu ! Comme pour réaffirmer cette pensée, les Grecs affirmaient-ils dans l’Antiquité ceci : « un individu ne se mêlant pas de politique, [quand bien même, jouissant de ses droits civiques], mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile (…) » (1)

2. La politique est née dans le Jardin d’Eden, eu égard aux Ecritures

La politique vient en effet de Dieu, le Créateur ! Dieu a créé Adam et Ève dans un Jardin, celui d’Eden et les a soumis à des lois, y comprise une morale : « tu pourras manger de tous les arbres du Jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Genèse 2 : 17).

Pourrait-on établir un parallélisme entre ce commandement originel et notre Texte Fondamental en ces termes : « tu pourras toucher et modifier tous les articles de la Constitution ; mais tu ne toucheras pas à un seul car, le jour où tu t’y frotteras, tu mourras et/ou tu traineras des morts sur ta conscience ! »

3. Les transgressions aux commandements divins ou Lois, sont punies selon les Ecritures

« Dura lex sed lex », disent les latins : « la loi est dure, mais c’est la loi ! » Notre Père et Mère originels humains n’ont pas écouté le Créateur, et ils ont été sanctionnés ! Ils ont été jetés dans la souffrance que nous subissons. Est-il convenable d’évoquer une « justice du Vainqueur » dans pareil cas ? Les suppliciés, auparavant prévenus, n’ont-ils pas agi en connaissance de cause ?

En considérant ce que peut être l’opinion du mécréant à ce sujet, peut-on vraiment nier que les grandes forêts sempervirentes, « d’aspect paradisiaque », ont disparu progressivement dans le long itinéraire de l’Histoire, pour laisser place aux vastes espaces arides, voire désertiques, très souvent hostiles à la vie humaine ? Peut-on nier que l’Homme souffre de la perte brutale de ses proches ou concitoyens ? Peut-on nier les difficultés et souffrances de l’Homme liées à l’assèchement des plans d’eau, aux changements climatiques, faisant regretter le temps clément historique ? Peut-on nier que l’Homme a tendance à nourrir de la nostalgie pour le temps passé, notamment, sa tendre enfance, son adolescence, sa vie universitaire passée, quelque fois sa vie de célibat ? Enfin, peut-on nier que la mort, cette sanction du péché originel, elle-même, existe ?

Le « péché originel » n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, illustratives de sanctions divines, dans les Ecritures Saintes.

Caïn, fils d’Adam et Ève, fit verser le sang de son frère Abel, sang qui cria, jusqu’à Dieu. Le Bon Dieu dans sa colère, sanctionna Caïn qui redoutait une vie « errante et tremblante sur terre ». Il fut chassé, loin du sol arable (Genèse 4 :14). Aussi, le terme « errant » suite à l’effusion de sang, est-il d’une éloquence patente dans l’actualité nationale !

La sanction infligée à Caïn, mérite-t-il d’être appelée « justice de Vainqueur » ? Le supplicié, dans ce cas, n’a-t-il rien à se reprocher ? Le sort infligé à la victime, est-il enviable par lui-même ? Autrement dit, serait-il disposé à subir à la place de sa victime, ce triste sort ?

D’autres exemples semblables font légions dans les Ecritures. Les bénédictions sont nombreuses certes, mais aussi, la colère contre les prévaricateurs ne manquent pas, aussi bien dans l’Ancien Testament que dans l’Evangile (...) Si au fond, les fautes ne sont pas sanctionnées, quel sens peuvent bien revêtir les Lois d’exister ? Quel est le sens du Paradis et de la Géhenne (Enfer), si les actes de chaque être humain ne sont pas sanctionnés à la hauteur de leurs mérites ?

Dans le Saint Coran, le ton est, on ne peut plus clair ! Les avertissements sont sans équivoque, quant aux sanctions réservées aux bienfaiteurs et aux malfaiteurs !

4. Les risques de dérives graves pour une société qui n’a pas de repère

Qu’est-ce qu’une société qui n’a pas de repère, où, selon son humeur ou son inspiration du jour, chacun donne une définition à la politique, au concept de l’opposition politique, etc. La politique est un domaine à haut risque, qui mérite d’être plus réglementé et moralisé. Etre leader politique, nécessite de connaître ces enjeux de risques et d’avoir nombre de qualités, entre autre, la compétence, l’empathie, l’altruisme, etc.

Un leader politique qui ose affirmer qu’il « n’entrevoyait pas le drame qui planait sur notre peuple avec la modification de l’article 37 » comme certains l’étalent avec emphase dans les médias, sans manquer de faire mention de « titres honorifiques » (…) Sans le vouloir, certaines sorties malencontreuses, achèvent de convaincre l’opinion, de graves défaillances chez certains leaders politiques ! Entre autres éléments à brandir à leur encontre, c’est la légèreté dans les propos, une ignorance totale de vision prospective pendant la crise, alors que de simples indicateurs comme le ton des médias, les marées humaines drainées par les marches monstres, étaient assez éloquents pour qui, se préoccupait du peuple !

En outre, il ne semble pas nécessaire, de relever « la mauvaise foi » eu égard au caractère abstrait et visiblement, trop subjectif de cet élément (Lecture utile : la Constitution, c’est une vie ! (http://www.lefaso.net/spip.php?article61353 )

Comment, peut-on manifester de l’insouciance d’une telle envergure pour la survie et la sécurité de ses concitoyens et prétendre paradoxalement le diriger ?

Parce que la politique tire son origine du Jardin d’Eden, elle doit porter et conserver une dose de morale : est-ce que ces leaders le reconnaissent-ils ? Ce n’est point dire ici qu’il faille compromettre la laïcité, propre au pluralisme d’opinion en démocratie, notre choix de système de gouvernance !

5. J’accuse !

J’accuse les partisans, jadis, ardents défenseurs déclarés de la suppression du verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels prescrit par l’article 37 de la Constitution, d’atteinte et d’obstruction à l’Alternance au pouvoir ! L’alternance, qui est un mécanisme indispensable dans la République démocratique, pour la SUCCESSION des GENERATIONS au pouvoir, conformément à la Loi naturelle imprescriptible ! Il est évident qu’au moins, une génération a été sacrifiée dans la situation nationale !

Sans empathie et sans altruisme aucuns pour ses concitoyens, nul ne saurait apporter le moindre bonheur à son peuple dans la gouvernance ! Comment cela peut-il s’expliquer ?

La réponse est simple ! Le pouvoir par excellence, en vertu des positions de son détenteur, à tendance à éloigner du « petit peuple », du pays réel, pour maintenir dans le « micro-climat tempéré » des climatiseurs des bureaux, dans les salons feutrés, dans les hautes sphères des gens puissants et influents du monde, dans les réunions de hauts niveaux, sur le piédestal, sous les feux des projecteurs glorifiant. Le pouvoir tient son détenteur, loin des jeunes qui ne font que s’accroître avec la démographie galopante des pays pauvres.

Au bout de deux mandats de 5 ans, le titulaire devient suffisamment éloigné physiquement ou géographiquement des concitoyens de la base. Les quelques gens de la base qui lui ont accès, lui parviennent, après avoir été soigneusement filtrés par l’entourage direct du pouvoir. Au bout de ce temps, pour nommer aux postes de responsabilités, sans un système efficace faisant appel à candidature, par réflexe, ce sont les anciennes connaissances, les anciens promotionnaires, bref, les membres de la génération du titulaire du pouvoir qui sont appelés. Les promotions aux postes de responsabilité, deviennent comme un jeu de chaises, dans un mouvement purement horizontal.

Avec une telle gouvernance, plus le temps passe, plus le personnel au pouvoir aussi devient vieillissant, d’autant plus que les jeunes, considérés comme « intrus » dans la génération d’aînés au pouvoir, sont rarement promus, ou promus à titre exceptionnel ! Parce que les ascensions sociales verticales, sont exceptionnelles, les « succes story » sont aussi exceptionnels. Sans exemple, sans modèle de « succes story », comment, stimuler l’espoir et maintenir la flamme du rêve ? Comment faire rêver sainement la jeunesse ? Le rêve n’est-il pas une caractéristique phare entretenant le dynamisme de la jeunesse ?

La longévité au pouvoir des mêmes acteurs, consacre l’approfondissement du fossé et la Rupture avec la Jeune Génération. Le niveau de rupture avec la Jeune Génération, est quasiment proportionnel à la Longévité au pouvoir. 5 ans de mandat, entraînent une rupture de degré 5. Dix ans de mandats-doubles, entraînent une rupture de degré 10, ainsi de suite. Conséquence, 27 ans d’exercice de pouvoir sans partage, entraînent une rupture sans équivoque, de degré 27, phagocytant, dissolvant, bref, sacrifiant toute une GENERATION !! Les générations étant par ailleurs entremêlées les unes aux autres, il devient évident que le sacrifice va au- delà d’une génération ! Voici tout le fondement et le sens de la lutte de la GENERATION CONSCIENTE : contribuer à la correction des distorsions !

Etait-il si difficile pour les ardents défenseurs du « continuisme », de comprendre que leur aventure était une entreprise de confiscation du pouvoir, chose condamnée par notre Constitution ? Etait-il si difficile de comprendre que leurs entreprises mettaient hors jeu, nombre de concitoyens honnêtes et de ressources humaines dont les compétences ne souffrent d’aucun doute ? Etait-il si difficile de comprendre que leurs entreprises, subtilement discriminatoire, contrairement à l’esprit de notre Constitution, constituait un grave danger, et un frein au progrès social et au développement de notre pays ?

A suivre

(1) Papadopoulos Yannis (1998), Démocratie directe, Coll. Politique comparée, Paris, Economica.
Ouagadougou, le 22 décembre 2014.

Idrissa DIARRA
Géographe, politologue.
Membre-fondateur du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/Faso).
Mobile : (+226) 66 95 04 90
Courriel : diarra.idrissa@rocketmail.com

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Vos commentaires

  • Le 23 décembre 2014 à 16:10, par Le prospectiviste En réponse à : Situation nationale : chasse à l’Homme, justice des vainqueurs, pardon et « pardon politique » (1/2)

    L’analyse de Idrissa Diarra est pertinente. Blaise a conduit la destinée du pays au sens de la détermination politique ce qui l’a conduit a en découdre avec son son frère et ami Thom Sank jusqu’à le faire assassiner le 15 octobre 1987. Les 27 ans de règne de Blaise ont démontré par la rectification son incapacité a rassurer le peuple burkina be. Il a été chassé pour incompétence notoire et boulimie du pouvoir. Trop d’énergies gaspillées pour peu ou rien. Blaise pourra s’il est honnête reconnait a ce jour ses erreurs malgré ses tentatives actuelles et machiavéliques de reconquérir le pouvoir. Il est malade, ne l’oublions pas.
    Ma proposition : que le peuple se rende compte qu’il s’agit de l’histoire politique mal conduit du Burkina et cela constatée depuis le temps de l’indépendance sous Maurice Yameogo. Les discordes et les règlements de comptes ont toujours prévalus devant la compréhension des justes causes de notre sous développement.
    Pour ma part, Blaise malade, s’il revenait a nous reconnaître toutes ses erreurs politiques et s’il venait au BF demander sincèrement pardon, le peuple burkina be est capable d’un sursaut d’intégrité et d’humilité a lui accorder sincèrement le Grand Pardon. Quitte a lui de purger sa peine pour que plus jamais ça.
    L’intelligence humaine demeure toujours lorsque l’homme sait reconnaître en lui son propre seuil d’incompétence, d’après la sagesse universelle.
    Le prospectiviste

  • Le 23 décembre 2014 à 16:48 En réponse à : Situation nationale : chasse à l’Homme, justice des vainqueurs, pardon et « pardon politique » (1/2)

    formidable comme analyse,on est vraiment sidéré de la légèreté de certains de nos hommes politiques,quand on lit leurs déclarations et autres demandes de pardon après l’insurrection populaire !!!

  • Le 23 décembre 2014 à 22:47 En réponse à : Situation nationale : chasse à l’Homme, justice des vainqueurs, pardon et « pardon politique » (1/2)

    "Etait-il si difficile de comprendre que leurs entreprises, subtilement discriminatoire, contrairement à l’esprit de notre Constitution, constituait un grave danger, et un frein au progrès social et au développement de notre pays ?"
    Filston, si je dois repondre a ton questionnement, je dirai oui. C’etait difficile pour cs gens- la. Ce sont des parvenus. Ils ont trop souffert dans laeur vie si ien qu’ ils se rapellent toujors leur misere et ont peur d’ y retomber un jour. Sinon c’est une maladie de vouloir s’ accaparer de tous les pans de l’ economie, meme de la vente d’ arachide au bord de la route. Blaise, son frere et son clan voulaient tout mettre en coupe reglee. Cela nous a aide car les citoyens etaient suffisamment faches a bloc.

    Tres beau texte.

  • Le 24 décembre 2014 à 09:51, par jonassan En réponse à : Situation nationale : chasse à l’Homme, justice des vainqueurs, pardon et « pardon politique » (1/2)

    @Le prospectiviste. Blaise ne le peut. Souviens-toi du 30 novembre, suite à la mort de Norbert Zongo et sur conseil des sages. Ce soir-là j’étais sur une route à Kombissiri. Je me suis arrêté pour que nous écoutions la radio. A la fin de son discours au stade du 4 aoüt, j’ai dit à mes copains. C’EST RATE : IL N’A MEME PAS PU DEMANDER PARDON. Et depuis ce jour jusqu’à l’heure où j’écris, Blaise n’a pas changé.
    Il vous dira, c’est la faute à CERTAINS idiots du CDP mais pas moi - ce n’est pas ce qu’il a fait à la dernière seconde : dissoudre le gouvernement de ses amis - Il a ensuite démissionner mais relisez le contenu de sa démission et vous verrez que l’homme est LE PLUS ORGUEILLEUX des hommes intègres. LE MEME PECHE qui a perdu Adam et nous avec : Orgueilleux jusqu’à vouloir se faire l’EGAL DE DIEU" au point de se croire sans tâche. Quelque soit notre religion, le péché d’orgueil sera celui qui nous poursuivra jusqu’à notre dernier souffle. LE SACHANT - parce homme, ... je pense, donc je suis ... il nous appartient de NOUS BATTRE, chaque seconde de notre vie, contre CE PECHE : la valeur de l’homme en dépend.

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