Poème : Sayouba Traoré pose son « Acte d’allégeance »
Lundi dix-sept novembre deux mille quatorze
Petit matin, réveil calme, l’esprit et le corps au petit trot
Les dernières nouvelles du Faso sont bonnes, lourd-léger
Les chirurgiens nationaux ont délibéré, et ils nous ont libérés
Une courte joie jette un regard sur 27 années de sevrage
Et l’enthousiasme prend son temps à touiller le café
Aujourd’hui il nous faut faire acte d’allégeance !
Le serment secret n’en est que plus vigoureux
La patrie est ! Elle est en nous, indiscutable !
Le devoir est là, vaste, immense, tyrannique
Qui attend nos bras, qui convoque nos intelligences, et qui dicte !
Toujours des mots, du verbe pour démontrer des évidences
Aucun poème n’est de trop, même ampoulé, même emphatique
Car si les régimes passent, la nation est pérenne
Des mots pour dire le dur, le difficile et le vrai
Pour dire le souhaitable, le vraisemblable et les possibilités
Nous savions ce que nous ne pouvions plus supporter
Nous insistons sur les coloris qui véhiculent nos rêves
Il faut expliquer les vents mauvais qui couraient les collines herbeuses
Il faut lire les larmes se perdant dans les rides de la matriarche
Il faut décortiquer les murmures du faible ruisseau défiant les sables
Il faut assister les déchirures de cette parturiente contrite
Il faut relever notre mère endolorie, le devenir est à ce prix
Nous devons tous allégeance à la patrie éternelle,
La patrie, cette mère amertume qui donne sans attendre
Tranquille compagne de nos rires et de nos pleurs
Elle ne prétend pas, elle fait !
Acte d’allégeance à la patrie qui instruit nos âmes.
Traoré Sayouba
Écrivain, Journaliste