LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Alima Compaoré, commerçante à Lyon : « Les femmes burkinabè sont bien appréciées en France pour leur dévouement au travail »

Publié le vendredi 29 novembre 2013 à 00h46min

PARTAGER :                          
Alima Compaoré, commerçante à Lyon :  « Les femmes burkinabè sont bien appréciées en France pour leur dévouement au travail »

Alimata Compaoré fait partie de ces personnes qui vendent cher l’image de la femme burkinabè à l’étranger. Avec son véhicule, elle fait le tour des villes françaises et européennes pour promouvoir et vendre des produits « made in Burkina » notamment le beurre de karité.

La venue d’Alima Compaoré à Lyon commence par un mariage. Elle a, en effet, rejoint son époux qui y vivait déjà. En milieu inconnu, la jeune fille n’aura cependant pas du mal à s’intégrer. Mais encore adolescente, elle devrait apprendre à être une femme au foyer, à se battre pour subsister, et à faire face aux réalités de la vie à l’occidentale. Elle a dû s’armer de courage pour affronter le changement. Changement qu’elle a pu supporter grâce, a-t-elle dit, à de bonnes volontés mais aussi avec le soutien de son conjoint. « Mon intégration en France n’a pas été dure. A l’époque, les choses n’étaient pas aussi difficiles et les gens étaient ouverts. On se passait les informations, et nous tenions régulièrement des rencontres », se souvient-elle. Des belles rencontres entres immigrés africains au cours desquelles elle eut « vent » d’un offre d’emploi. Elle va être acceptée comme femme de ménage chez un couple français. Limitée par son niveau d’étude (au Burkina, elle avait arrêté ses études en classe de CM2), Alima constate la nécessité de s’inscrire dans une école pour rehausser son niveau en français afin de pouvoir bien lire et écrire mais aussi de mener à bien son travail. Mais en Europe plus que partout ailleurs rien n’est gratuit. « J’ai dû travailler pour payer mon école. Après deux ans de formation,il fallait arrêter les cours. Je devais m’occuper de mon enfant. Ce qui n’était facile, sans compter le climat encore plus dur pour une sahélienne » dit-elle.


Une remise à niveau qui ouvre des « portes »...

Grâce à sa persévérance, elle obtient un autre emploi, mieux rémunéré dans un centre social à Villeurbanne, une « ville » de Lyon. Là-bas, elle va s’occuper des enfants. Elle va également s’essayer à l’hôtellerie pendant un an. Un couple français l’aide à trouver un poste dans le laboratoire Pasteur Merlier. « Cela m’a beaucoup booster », se rappelle-t-elle. Alima y travaille pendant 6 ans jusqu’à ce qu’un accident de circulation l’ handicape dans son ascension.

L’accident déclencheur de la passion pour le commerce

« J’ai été victime d’un accident grave qui m’a handicapé pendant un an. Je suis repartie au Burkina pour des soins. Il fallait penser à quoi faire. J’ai pris 100 paniers en feuille de rônier pour amener en France que j’ai vendu en moins de deux heures dans un marché à Lyon », confie-t-elle. Tout serait donc partie de là. En plus des paniers, elle pense à d’autres objets d’art comme les masques, les djembés, des bogolan... pour les revendre en Europe. « Ça s’achetait comme de petit pain », argue-t-elle. Un commerce qui ne durera que 10 ans. « Que faire alors ? Et pourquoi pas le beurre de karité et ses dérivés ? » S’est-elle interrogée. Et, depuis c’est ce commerce que mène dame Alima Compaoré. En plus des marchés français qu’elle sillonne, elle vend aussi en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Belgique...

Avoir un moral de fer pour s’imposer

Une femme doit toujours avoir un moral très fort pour pouvoir s’imposer. Les idées reçues et les préjugées ne manqueront jamais où que l’on se trouve, et quoi que l’on fasse. « Ce n’est pas un bon produit. L’hygiène n’y ait pas. D’ailleurs, d’où venez-vous ? Comment vous faites pour venir en Espagne ? », sont entre autres déclarations qu’elle entend tous les jours dans les marché. Les concurrences déloyales, les sabotages ne manquent pas n’ont plus. Les larmes aux yeux, elle a rendu hommage à une grande dame tchadienne Jeanne Dahane, à qui elle lui doit son courage.

« si j’avais fait des études… »

A la question de savoir si elle reconnaît avoir réussie dans le commerce, la réponse est toute affirmative. « Oui, je peux bien dire que le commerce me va bien. Mais il y a tout de même quelques regrets car j’ai ouverts plusieurs commerces au Burkina comme un salon de coiffure, un restaurant, un magasin de vêtements et de sac qui n’ont pas marché. Je me suis donc retournée vers la France où j’ai ouvert un magasin de vente de beurre de karité. Je participe en outre à des foires en France, en Belgique, en Italie, en Espagne ».

Le plus grand regret d’Alima est de n’avoir pas pu continuer ses études, car dit-elle : « je reste convaincue que si j’avais fait des études, j’allais réussir encore plus dans le commerce ».

Pour elle, la femme : « c’est l’amour qu’elle peut porter pour ses enfants. Aussi, doivent-elles avoir les mêmes chances d’éducation que les garçons, parce qu’une femme qui a un bagage intellectuel réussira toujours mieux qu’un homme ».

Quant au regard de la société française sur les femmes burkinabé, il reste toujours positif. « Les burkinabé de façon générale et les femmes en particulier sont des travailleurs. Elles sont bien appréciées pour leur dévouement au travail », a-t-elle confié. Elle invité toutes les femmes à s’unir pour relever les défis de la réussite.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique