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Étudiants africains en France : Entre l’Afrique et l’Europe, la dure réalité

Publié le dimanche 6 octobre 2013 à 23h30min

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Étudiants africains en France : Entre l’Afrique et l’Europe, la dure réalité

Ils sont nombreux, les jeunes africains qui poursuivent leurs études à l’université Lyon Lumière 2. Le dépaysement, la nostalgie, la crainte de la perte des valeurs culturelles africaines, le changement de climat... sont entre autres les réalités qu’ils affrontent. En plus des exigences des études.

« Il est généralement plus facile de perdre les valeurs culturelles africaines telles que le respect et la considération d’autrui, la solidarité, le partage.... plutôt que de les sauvegarder quand on vit en Europe », commente Abdoul Karim, étudiant en deuxième année Communication et Information à l’université Lyon Lumière 2. D’origine sénégalaise, son pays est bien connu pour le respect des traditions africaines et pour son islam à l’africaine. Pourtant, loin des regards de la famille et du milieu dans lequel il est né, les valeurs ancestrales africaines inculquées depuis l’enfance peinent à se pérenniser chez Abdoul Karim.

C’est le cas des cinq prières musulmanes de la journée qu’il n’arrive plus à respecter. Pourtant, c’est une obligation religieuse suivie presqu’à la lettre dans son pays. Karim reconnait que sauvegarder sa culture et son islam même dans un pays occidental est bien nécessaire. Ainsi, tant bien que mal, l’étudiant sénégalais de 23 ans, fier d’être Africain essaie de combiner les deux cultures : l’européenne et l’africaine. Ce qui le marque jusqu’à présent, c’est le dépaysement, la nostalgie et le changement de climat dès la première année de son séjour français. « J’avais toujours très froid et j’étais souvent triste et seul », se souvient-il encore. Que ce soit dans le bus, le métro, le trame ou même dans la rue.

La sauvegarde des valeurs africaines

Amida est Tunisienne. Selon elle, son pays, situé en Afrique du Nord a un climat presque similaire à celui de certains pays du Sud de l’Europe. Assise toute seule sur un « support », l’air assez méfiante, elle est restée distante lorsque nous l’avons approchée. Amida, 22 ans est en première année Administration des entreprises. Elle s’est donc très vite habituée au froid. «  La France est encore meilleure. Les prix des études ne sont pas faramineux comme dans nos pays en Afrique », dit-elle. Pour ce qui est de la question de la sauvegarde des valeurs culturelles, notamment de son pays, Amida ne s’inquiète point. Elle se promet d’ailleurs de les garder « comme un trésor », et surtout de les rendre vivantes et de les partager à Lyon. «  Je ne vais pas me perdre  », lance-t-elle avec assurance. Contrairement à Abdoul Karim qui avoue avoir des appréhensions quant à la perte des valeurs telles que la solidarité africaine, car de plus en plus, il commence à s’habituer à la solitude.

Devant l’Institut de la Communication, les écouteurs et le téléphone en main, Rose, camerounaise d’origine est née à Lyon, il y a 23 ans. Elle étudie à l’université Lumière Lyon 2, en Information et Communication. Apparemment, elle est habituée au climat changeant de Lyon. Contrairement aux autres étudiants cités plus haut, Rose semble ignorer certaines valeurs culturelles africaines communes à beaucoup de pays de l’Afrique au Sud du Sahara. Mais elle ne perd pas pour autant l’espoir de sauvegarder les valeurs que lui inculque sa grand-mère une fois par mois quand elle se rend au pays. Parmi les quelles, « sa langue maternelle  », répond-elle fièrement.

Le changement géographique induit naturellement le changement de comportements et des habitudes. Et le risque d’en perdre certains est évident dans un pays ou l’individualisme semble être un diktat. Mais le partage de ces valeurs n’est-il pas le moyen de les pérenniser ? Surtout lorsqu’on sait que le nombre d’étudiants africains ne cesse de croître au fil des ans en France et particulièrement à Lyon Lumière 2. Entre 1999 et 2009, soit en dix ans, le nombre d’étudiants étrangers inscrits dans cette université est passé de 2 528 à 4 674, progressant ainsi de 85 %.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso


Que de « Codes » et de « Bips »

Quand on parle de code au Burkina, sans réfléchir longtemps, l’on fait référence au code wifi pour avoir accès à l’internet. Quant au bip, tout naturellement, ce sont les appels téléphoniques. Ce qui est, parfois, tout le contraire en France. En effet, pour avoir accès aux locaux (appartements, services privés et publics), il faut obligatoirement avoir un bip et/ou un code. Par exemple, le stationnement dans un espace public nécessite un code avec un coût. C’est sans doute pour des questions de sécurité.

« Il ne faut pas évaluer en F CFA »

Tout est cher en France. Vraiment cher ! Une triste réalité qui a d’ailleurs inspiré les artistes ivoiriens Yodé et Siro à travers leur chanson titrée : « Paris est dure comme caillou ». Cette cherté de la vie s’expliquerait sans doute par le niveau de vie très élevé. Si bien qu’il ne faut surtout pas évaluer en FCFA quand on veut faire des achats au risque de ne plus s’alimenter. Pour un sandwich qui devrait coûter au maximum 300 F CFA, c’est avec 2 euros, soit 1310 FCFA que l’on peut se l’acheter. Et de quel sandwich s’agit-il ? Ah, la vie chère, elle est partout !

A chacun son compagnon !

« L ’individualisme » est presqu’ une règle en Europe et particulièrement en France. En tout cas, c’est l’un des constats qui se fait aisément quand on débarque dans ces pays occidentaux. Que ce soit dans le métro, le bus, le tramway ou même à la marche, c’est la position « bouche cousue et motus » pour beaucoup de personnes. Enfoui dans un bouquin, ou les oreilles dans un casque, ou encore un journal en main, à chacun son compagnon.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 7 octobre 2013 à 04:22, par mikissida En réponse à : Étudiants africains en France : Entre l’Afrique et l’Europe, la dure réalité

    Que de débats mes très chers...
    Vous faites une confusion entre culture et valeurs ! Loin de moi l’idée de vous rabrouer mais permettez moi de vous dire ou de vous rappeler que la culture c’est ici et maintenant, autrement dit l’adaptation à un lieu et à un moment, à un temps et à un espace. Elle change et évolue en permanence. Les valeurs ont une portée plus grande et universelle. Par contre leurs traductions par la culture ou la la tradition sont différentes. Si je prends la valeur "respect", elle ne se traduira pas de la même manière d’un continent à l’autre, tout comme la solidarité.
    Il ne faut pas acculer ni l’un ni l’autre mais prendre du recul par rapport aux positions.
    J’ai donc une question pour nos lecteurs, c’est quoi les valeurs africaines ?, C’est quoi la culture africaine ?
    En ces temps où globalisation, mondialisation amène des brassages de part et d’autre, peut on parler de ces notions ? Je pose la question car je pense que "la culture africaine" telle que nous la percevons actuellement, n’est pas la même qu’il y a un siècle... Au passage, je rappelle à tous que l’Afrique compte 54 pays souverains...
    A bon entendeur...

  • Le 7 octobre 2013 à 09:07, par genoveva En réponse à : Étudiants africains en France : Entre l’Afrique et l’Europe, la dure réalité

    Je suis désolée de constater la solitude vécue par nos amis du SUD et je comprends d’autant plus leur difficulté à vivre ici que j’ai fait de nombreux séjours au FASO où sourires et conversations spontanées se font naturellement.
    Je connais bien l’ A.B. L. . assoc qui unit les BURKINABE de LYON , d’autres existent aussi et tous les africains peuvent chercher à entrer en contact avec leurs congénères pour retrouver la chaleur qu’ils ont dans le coeur et que beaucoup d’occidentaux ont perdue ! Mais il ne faut pas généraliser quand même !
    A titre indicatif l’accueil des nouveaux arrivants du FASO aura lieu le vendredi soir 18 OCTOBRE à LYON, il faut entrer en contact avec les responsables au 09 51 86 26 32 ou 06 15 44 88 98 ...A bientôt pour de nouvelles connaissances !

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