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Côte d’Ivoire : après la rue, l’école dans la ligne de mire de Gbagbo

Publié le vendredi 7 janvier 2005 à 07h25min

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Après l’échec de l’utilisation de la rue comme arme de subversion et de lutte, "Le boulanger d’Abidjan" s’attaque à l’école avec sa dernière trouvaille : la suppression des examens scolaires dans les zones contrôlées par les "Forces nouvelles".

Laurent Koudou Gbagbo, par cet acte, vient de prouver aux acteurs de la crise ivoirienne et à la communauté internationale, qu’il a plus d’une corde de diversion à son arc pour tordre le cou au processus de paix qui ploie sous le poids de ses sautes d’humeur.

"Le sociétaire de Mama", vient de "pondre" une énième subterfuge dans la marche de la crise sociopolitique en Côte d’Ivoire. Le président Laurent Gbagbo, après avoir échoué au sens propre comme au figuré dans l’utilisation de la rue comme arme de guerre contre les rebelles qui contrôlent le Nord, vient d’opter la brimade des élèves et lycéens de cette zone en supprimant de facto, la tenue des examens de fin d’année. Plusieurs fois annoncés, maintes fois repoussés et le suspense entretenu sur la date de ses examens qui étaient prévus pour le dernier trimestre de 2004, Gbagbo a définitivement opté de coucher "les innocents adeptes du bic et du cahier" du Nord sur le lit de Procuste. Du coup, des milliers d’élèves et d’étudiants en pensant à l’Université de Korhogo (capitale de la région du Nord et ville située à plus de 600 km d’Abidjan) et celle de Bouaké se voient privés du droit de prendre part aux examens devant sanctionner la validité de leur année scolaire et/ou académique. Une information en chassant une autre, l’on peut penser qu’après avoir échoué dans un premier temps à empêcher le vote de la "fameuse loi" sur l’article 35 de la Constitution ivoirienne sur les conditions d’éligibilité à la présidence, M. Gbagbo pour se repositionner sur l’échiquier médiatique national comme international a servi la décision de suppression des examens en pâture aux chasseurs d’informations. Mais, là n’est pas le débat. Que cherche au fait "Le boulanger" en supprimant ces examens ?

L’asphyxie du Nord de la Côte d’Ivoire, tout simplement sur le plan intellectuel. Le président Gbagbo joue sur le temps en prenant des décisions qui font pâtir le processus de paix insufflé par la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki. Or, l’histoirien de formation qu’il est, doit savoir que la prévision est en toute matière, un exercice difficile. Pire, tenter de faire des pronostics sur l’évolution des institutions politiques, économiques et sociales de son pays est encore plus redoutable. Il peut toujours se présenter des scénarii possibles, non moins innombrables, pour essayer de conserver son fauteuil présidentiel au-delà des élections de 2005. Cependant, le choix de privilégier ce qui ne contribue pas à insuffler une dynamique au processus de paix peut sembler bien délicat.

Gbagbo perd son latin

Après avoir tenté vaille que vaille, de favoriser une révolte des populations de la zone Nord contre les Forces nouvelles (coupure d’eau et d’électricité pendant les bombardements de l’aviation des Forces armées de Côte d’Ivoire en novembre 2004), le locataire du palais présidentiel d’Abidjan, ne sait plus où donner de la tête. Pire, lorsqu’il voit en un seul homme le diable qui menace de lui ravir son trône en 2005 (à condition qu’il y ait des élections), Gbagbo perd son latin sinon son "bété" pour être conforme à son ethnie d’origine. En effet, en affirmant que la candidature du leader du Rassemblement des Républicains (RDR), Alassane Dramane Ouattara, plongera la Côte d’Ivoire dans le chaos, Gbagbo fait étalage de son incapacité à faire face à un opposant qui risque de lui ravir la vedette : "Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de rage", dit l’adage. Alors, pour ne pas donner un blanc-seing ou signé son arrêt "de départ" de la présidence ivoirienne en 2005, l’homme joue toutes les cartes en sa possession pour semer le trouble dans l’esprit de tous ceux qui luttent pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix. Et ce n’est pas le fait d’avoir entretenu le flou sur son implication dans la tentative forcée de libération des otages français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot qui diront le contraire.

Au moment où nous traçons ces lignes, le député français Didier Julia, complice présumé de Laurent Gbagbo, venait d’être inculpé pour "complicité avec une puissance étrangère". Alors le "Western" entre Paris et Abidjan est loin de connaître son dénouement quand on sait que Laurent Gbagbo dans ses sorties médiatiques et envolées lyriques, risque de continuer à faire les choux gras des radicaux de son parti le FPI avec la bénédiction des officiers des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI).

Dans un pays ravagé par deux ans de ni paix, ni guerre, lorsque les intérêts des individus prennent le pas sur ceux de la communauté, le bon sens fout le camp. "La seule logique des intérêts n’est jamais très éloigné de la logique de la force", disait le Pape Jean-Paul II.

Le président Laurent Gbagbo par ses prises de décisions intempestives et rocambolesques, doit définitivement comprendre que l’exercice de la démocratie requiert un long et patient apprentissage et une maturation, qui peuvent se réaliser avec le soutien indispensable des pays qui ont depuis longtemps, la maîtrise de cette forme de gouvernance associant tous les citoyens à la vie publique. Il ne sert à rien, d’opprimer une partie de la population par la suppression des examens de fin d’année au primaire et au secondaire ou de voir en un citoyen, la cause de ses cauchemars. Tant que la culture démocratique qui fait droit aux légitimes aspirations des personnes et des peuples à se gouverner par eux-mêmes ne sera pas ancrée dans l’esprit du président Gbagbo et de ses sbires du FPI, la Côte d’Ivoire, jadis eldorado de l’Afrique de l’Ouest, ne connaîtra pas la paix.

En un temps où l’on condamne de toutes parts, la guerre, seuls le dialogue et la négociation demeurent des attitudes dignes de l’homme pour résoudre les questions d’ordre politique, religieux ou ethnique. Gbagbo et ses hommes sauront-ils le comprendre ? Espérons-le.

Daouda Emile OUEDRAOGO (Ouedro1@yahoo.fr)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 9 janvier 2005 à 00:36, par kpole En réponse à : > Côte d’Ivoire : après la rue, l’école dans la ligne de mire de Gbagbo

    Moi je ne suis pas ivoirien mais votre article me fait très peur. Avez-vous perdu la tête à force de nourrir une haine diabolique et incensée contre Gbagbo ? Qui êtes-vous pour qualifier un chef d’Etat de "boulanger" ? Avez-vous plus de valeur que lui ? Gbagbo est-il plus méchant que Comparé qui prenant le pouvoir par le sang ne cesse de destabiliser toute la sous region dépuis plus de quinz ans ? Tout le monde peut parler de Gbagbo sauf les burkinabè(te).

    Comment voulez-vous que Gbagbo qui a perdu contrôle sur le nord de son pays dépuis plus de deux ans puisse organiser les examens ? Par quel miracle pourra t-il assurer la régularité ? Un peu de bon sens quand même. Ne continuez plus à mettre de bêtise comme celle là sur le net. Vous pouvez écrire tout ce que vous voulez aux burkinabè(te) mais pas au monde entier.

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