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Cas sur table - Politique et chefferie coutumière : « J’ai été intronisé coutumièrement et non politiquement »

Publié le jeudi 13 septembre 2012 à 23h13min

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Ce genre de propos se fait de plus en plus courant au Burkina Faso, surtout au moment où les uns et les autres s’affairent à concocter les meilleurs arguments qui soient pour convaincre le plus d’électeurs possible. Mais ce qui peut paraître banal est en réalité révélateur d’une situation peu honorable suscitée par l’amalgame qui va crescendo entre politique et chefferie coutumière. Si l’institutionnalisation de cette dernière ne souffre plus aujourd’hui de débat, légalement parlant (suite aux travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) et des Assises nationales), il faut reconnaître et surtout déplorer le flou pernicieux qui continue de régner entre elle et l’engagement ou non de ses garants en politique.

Un chef traditionnel, fut-il de ceux considérés comme les plus grands et les plus influents au Burkina Faso, peut-il s’arroger le droit de proférer des menaces claires à un chef qu’il a intronisé, sous prétexte que ce dernier a visiblement choisi un camp politique rival au sien ? La réponse est de toute évidence non dans un Etat démocratique régi entre autres par le droit à l’expression libre. Mais comme tout le monde s’affaire aux choses politiques ici, la réponse devient du coup équivoque.

Et le moins qu’on puisse dire après tout est que décidément, là où l’influence et la force persuasive des leaders politiques de ce pays s’arrêtent, là semble commencer un pouvoir coercitif de certaines de nos têtes couronnées. Sinon, comment peut-on comprendre que de nos jours on assiste, en plus des querelles fratricides pour la succession d’un chef décédé, à des intronisations de chef dans un village dont le chef est toujours en vie ? En clair, certaines localités du Burkina Faso se retrouvent honteusement et anormalement avec deux chefs traditionnels, la plupart du temps à cause de la politique.

Un chef traditionnel ne se remplace ni de son vivant, ni n’est décoiffé tant qu’il vit. Une coutume bien désuète pour certains qui étaient pourtant censés en être les garants. Notre confrère Le Fou du journal Le Pays, n’avait pas raison de penser « que le problème de notre chefferie coutumière réside dans le fait qu’elle intervient dans la politique et dans le fait aussi que la politique fouille sous les bonnets des chefs coutumiers. Des fouilles mutuelles qui ne peuvent qu’accoucher de la désolation. »

Politiciens et chefs coutumiers de tous bords, arrêtez d’immoler le symbole sacré de ce que nos pères nous ont légué comme héritage culturel, sur l’autel de la politique. Si la politique ne peut être moralisée pour certains, et la chefferie traditionnelle ne peut s’empêcher de brader sa sagesse pour d’autres, qu’au moins la frontière entre les deux entités soit clarifiée afin de nous éviter un jour de sérieux remous.

Flavien BASSOLE

Le Progrès

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Vos commentaires

  • Le 14 septembre 2012 à 08:54, par IcomeIcare En réponse à : Cas sur table - Politique et chefferie coutumière : « J’ai été intronisé coutumièrement et non politiquement »

    ça été le cas à Mandiala, une bourgade du Bulkiemdé où régnaient deux nababs du fait du lallé dont l’originalité du pouvoir, selon certaines langues, serait contestée. Le chef de canton avait alors bonneté un nouveau acquis au détriment de celui qu’il avait traditionnellement ou légalement intrônisé. Résultats : village divisé avec décès normaux ou anormaux. Mais c’est sans compter avec la logique inplacable de la nature. Le nouveau venu au trône (trouble fête) a rejoint ses ancêtres. Gageons que ce village connaîtrait plus de désordre de part la volonté d’un lallé. On oublie souvent qu’il n’y a qu’un Seul et Unique Grand Quelqu’un Qui peut mettre du lait dans coco. Do pay attention !

  • Le 14 septembre 2012 à 08:56, par IcomeIcare En réponse à : Cas sur table - Politique et chefferie coutumière : « J’ai été intronisé coutumièrement et non politiquement »

    ça été le cas à Mandiala, une bourgade du Bulkiemdé où régnaient deux nababs du fait du lallé dont l’originalité du pouvoir, selon certaines langues, serait contestée. Le chef de canton avait alors bonneté un nouveau acquis au détriment de celui qu’il avait traditionnellement ou légalement intrônisé. Résultats : village divisé avec décès normaux ou anormaux. Mais c’est sans compter avec la logique inplacable de la nature. Le nouveau venu au trône (trouble fête) a rejoint ses ancêtres. Gageons que ce village connaîtrait plus de désordre de part la volonté d’un lallé. On oublie souvent qu’il n’y a qu’un Seul et Unique Grand Quelqu’un Qui peut mettre du lait dans coco. Do pay attention !

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