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Autant le dire… : Ainsi, ils auront réussi leur mission

Publié le vendredi 18 mai 2012 à 02h29min

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Et voilà, les prédictions sur une éventuelle explosion, ou du moins sur des tensions avérées ou non au sein du grand parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se sont avérées. Depuis qu’une nouvelle équipe conduite par Assimi Kouanda a été portée à la tête de ce parti, les supputations sur la survie du parti n’ont plus jamais manqué. Que ce soit dans des milieux politiques, à l’intérieur même du parti ou dans l’opposition, que ce soit dans les colonnes des journaux, on annonce que la nouvelle équipe ne sera pas capable de relever les défis qui se poseront à elle. En même temps, ces mêmes milieux tentent de faire croire que les « anciens », ceux-là même qui ont conduit le parti jusqu’au soir du 3 mars, date du dernier congrès, ne seraient pas du tout contents de laisser un peu de place à une nouvelle génération.

Ainsi, Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo, Juliette Bonkoungou, etc… seraient sur le point de créer une formation politique, pour « concurrencer » le parti qu’ils ont mis sur pieds alors qu’ils font partie de la quarantaine de conseillers politiques du même parti, et qu’ils sont considérés comme les fondements de celui-ci. Il est vrai qu’en politique, il ne faut pas être naïf, mais on ose croire que les suscités ne franchiront pas cette étape. Dans tous les cas, la pluralité des formations politiques, dit-on, est un gage de dynamisme de la démocratie.

S’il s’avérait que d’anciens premiers responsables du parti veulent « quitter le navire » parce qu’ils ne sont pas contents d’avoir été écartés, c’est qu’ils ne croyaient pas en ce qu’ils faisaient. Autrement dit, c’est l’Organisation pour la démocratie populaire/Mouvement du travail (ODP/MT), muée en CDP en 1996 qui a toujours conduit la politique de façon générale au Burkina. Avec ces mêmes responsables. Si aujourd’hui, passer la main à d’autres doit frustrer au point de créer un parti concurrent, cela voudrait dire qu’ils n’ont pas cru en ce qu’ils ont fait. En clair, ils voudraient tout s’attribuer, sous le prétexte non exprimé que sans eux, rien n’est possible au Burkina.

Tout en oubliant que le Burkinabè des années 1996 (année de création du CDP) n’est plus le même en 2012. Au moins 16 ans se sont écoulés depuis.

La politique de promotion de la jeunesse, c’est bien une « trouvaille » du Congrès pour la démocratie et le progrès. Sous la poussée de la jeunesse qui a fini par exprimer bruyamment son intention de venir aux affaires. La politique de promotion du genre, c’est encore le CDP qui a très vite compris qu’aucune politique de développement ne peut se réaliser sans la femme. Non seulement, elle représente 52 % de la population, mais encore, elle joue un rôle central dans l’économie familiale. L’alternance, est une condition pour réussir ces politiques-là. Et le CDP l’a aussi compris. C’est ce qui a conduit au renouvellement de la direction du parti, en attribuant une part importante à ces trois points essentiels ci-dessus cités. Sous l’impulsion de ces « dinosaures », comme disait l’autre.

Assimi Kouanda et son équipe qui, après avoir rencontré les responsables provinciaux à Ouagadougou, « descendent » dans le Burkina profond pour rassembler les troupes, afin de regarder dans la même direction et de prendre les justes mesures au moment de la confection des listes pour les municipales et les législatives couplées. Les conseillers politiques du parti, avec qui tout doit se faire, sont sans doute conscients de leur rôle, et du fait qu’ils ont une grosse part de responsabilité dans la réussite de leur parti. S’ils échouent, ils n’auront rien laissé à la génération montante. C’est ce que l’histoire retiendra bien d’eux. S’ils réussissent à l’intérieur de leur parti, ils auront démontré qu’un vieillard couché, voit plus loin qu’un jeune débout. Ainsi, ils auront réussi leur mission et donné la leçon à ceux qui n’auront pas encore compris.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 18 mai 2012 à 11:56, par doudou En réponse à : Autant le dire… : Ainsi, ils auront réussi leur mission

    L’analyse que vous faites de ce soit disant alternance au niveau du CDP me semble plus subjective car ce n’est nullement pas le changement qui frustrent les fondateurs mais plutôt l’esprit qui l’anime. il faut être clair la dessus car même les aveuglent ont déjà vu la réalité : écarter les meneurs pour pouvoir placer françois compaoré ; même cela ferra votre bonheur je pense que chacun est de s’exprimer mais de façon objective et réaliste fera encore de vous un responsable.

  • Le 18 mai 2012 à 12:21, par Pierros En réponse à : Autant le dire… : Ainsi, ils auront réussi leur mission

    Le problème ne se trouve pas dans la promotion de la femme et de la jeunesse. NON. Il en est beaucoup au delà. La promotion de ces couches sociales est une bonne perspective saluée de tous. Le problème se trouve dans une volonté voilée de monarchisation, de personnalisation du pouvoir. Le pouvoir d’État est en train d’être une propriété familiale. Voilà toute la question. L’exemple du Sénégal est là, récent et vivace dans les esprits. On doit se rendre absolument compte que les gens ne sont plus là que pour accompagner et que chaque burkinabè lutte pour le bien être du pays. Rompons avec ces idées déplacées, égoïstes et le culte de l’individu. Rendons nos institutions fortes. La démocratie est cela aussi, permettre à ceux qui ne partagent plus la même vision politiques de se retrouver dans des formations politiques où ils se sentiront le mieux. L’implosion de ce parti pourra permettra la naissance d’une opposition forte, toute chose qui enrichira le paysage politique.
    Plus jamais une perte en vie humaine ne devra être tolérée pour un changement de parti.
    Unité-Liberté-Justice

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