C’est le moins que l’on puisse dire vu qu’il a été amené sur une civière dans l’amphithéâtre de l’académie de police aménagé en salle d’audience Et c’est couché qu’il a nié les faits de corruption et d’homicide volontaire qui lui sont reprochés (et pour lesquels il risque la peine de mort s’il est reconnu coupable) au premier jour de son procès retransmis en direct à la télévision publique. Mais si l’ancien chef d’Etat est la vedette du procès, il faut néanmoins relever qu’il n’est pas seul dans le box des accusés. En effet, il était sur sa civière avec à ses côtés ses fils Gamal et Alaa ; son ancien ministre de l’Intérieur, Habib el-Adli et six hauts responsables de la police. Sans risque de se tromper, on peut dire que les Egyptiens ont leur procès de l’année.

Mais au-delà du pays des Pharaons, ce procès qui se tient sous la pression de la rue doit faire réfléchir tous les dirigeants d’Afrique et d’ailleurs, qui ne savent pas quitter à temps les affaires et qui sont prêts à tirer sur leur peuple pour la conservation de leur pouvoir. Il est fort à parier que si Moubarak n’avait pas fait tirer sur les manifestants de la place Tahrir comme des lapins et fait près de 850 morts, il aurait eu droit à un traitement plus digne et plus clément. S’il devait rendre compte de sa gestion, ce serait pour autre chose et non pas pour la boucherie humaine. Mais pour avoir voulu sauver coûte que coûte son pouvoir, il se retrouve aujourd’hui à répondre de faits pour lesquels sa responsabilité morale est engagée.

Il a beau dire qu’il n’a jamais donné l’ordre de tirer ou qu’il n’a pointé une arme sur quelqu’un, il convaincra difficilement en sa qualité de chef d’Etat et de chef suprême des armées d’alors. A ce titre, il est amené à payer pour beaucoup de personnes dont certaines, essentiellement des responsables militaires aux commandes de la transition, sont à l’origine de son malheur. La leçon qu’il faut en tirer c’est qu’il faut se garder de tout massacre, de toute hécatombe quand le peuple crie : y en a marre ! Malheureusement, bien des dirigeants n’hésitent pas à réprimer aux moindres remous. Là où le bon sens recommande l’écoute, le dialogue, eux préfèrent la manière forte.

C’est notamment ce qui est en train de se passer en Syrie où ceux qui demandent le changement sont traqués et tués par le régime. L’emporteront-ils au paradis ? Seul l’avenir nous le dira.

Séni DABO

Le Pays