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Autant le dire…

Publié le vendredi 3 juin 2011 à 03h09min

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Autant le dire tout de suite. Je ne sais quoi dire qui n’ait été dit ; je ne sais quoi faire qui n’ait été fait ; je ne sais quoi écrire qui n’ait encore été écrit. Dans ces colonnes ou dans d’autres journaux. Bobo-Dioulasso la paisible, qui venait d’obtenir des infrastructures assez importantes à l’occasion du cinquantenaire et qui était en train de reprendre lentement le chemin du développement est retombée, « sur ces deux fesses ». Que dire, les démons de la haine sont entrés dans la cité. De la plus mauvaise manière. Alors qu’on croyait réellement que Bobo qui était apparemment restée en dehors de ces mouvements d’humeur allait tenir le pari. C’était sans compter avec la volonté de certains de perturber la ville. Et ils l’ont fait. Quelques jours après que le chef d’Etat-major général des armées soit passé ici même à Bobo, où il a rencontré les éléments sous l’apatame du gouvernorat autour de tous les sujets qui touchent à leurs conditions de vie et de travail.

On ose croire qu’à l’occasion, chacun a eu droit à la parole, puisqu’il semble qu’il n’y avait pas de sujet tabou. Ils l’ont encore fait et bien fait quelques jours seulement après le passage du Premier ministre dans la même ville où il est venu encourager et remercier toutes les forces vives pour le calme qui était jusque-là observé dans la ville et sa région. Ils l’ont fait malgré toutes les démarches administratives, politiques, coutumières et religieuses qui ont été entreprises pour leur expliquer la nécessité de ne pas saccager la ville. Maintenant qu’ils l’ont fait, que dire encore sinon que les féliciter !

Par leur mouvement, ils ont réussi à affamer des familles entières qui n’ont rien à voir avec leur mouvement. De petits commerçants qui se débrouillaient dans des rues ont vu leurs marchandises emportées, que dis-je volées. Par ce mouvement, des personnes ont été blessées, et subissent la douleur dans leur chair.

En effet, un militaire est un civil à qui on a porté une tenue pour le différencier du premier. C’est dire tout naturellement qu’il n’y a pas de différence entre nous, hormis la tenue. Pourquoi donc, ceux qui sont chargés de nous protéger du danger, pourquoi donc ceux qui sont chargés de veillez sur nos biens lorsque nous sommes en insécurité sont subitement devenus nos bourreaux ? Pourquoi, pourquoi, mille fois pourquoi ? Je m’interroge. Ils nous ont pillés, c’est bien mais ce n’est pas fini. La vie continue et pour eux, et pour nous en dehors de la caserne, sans les armes du peuple qu’ils ont utilisées contre ce même peuple.

Je n’imagine pas comment ces jeunes soldats qui ont pillé pourront demain nous regarder ? Comment pourront-ils cohabiter avec des personnes civiles qu’ils ont affamées, qu’ils ont rendues pauvres en une seule nuit, qu’ils ont apeurées, blessées ? Je me demande ce qu’ils se diront lorsqu’ils se regarderont le lendemain dans une glace ? Que diront-ils à leurs enfants, à leurs femmes pour justifier la provenance de tout ce matériel qu’ils ont frauduleusement soustrait dans des boutiques dans les rues de Bobo-Dioulasso ? Quelle morale ces gens-la pourront-ils enseigner à leurs enfants s’ils en ont ? Où ont-ils mis leur dignité, leur intégrité, leur honneur, et que sais-je encore ? Véritablement, la discipline n’est plus de mise dans notre armée. Il faut le dire tout cru.

Que faire donc dans une telle situation ? Seuls les spécialistes des armées pourront y répondre. Véritablement, l’homme intègre ne l’est plus dans certains rangs de notre armée. Et j’en ai honte pour mon pays que tout le monde regarde dans la sous-région avec condescendance. J’ai honte pour ces soldats du Burkina qui sont actuellement sur des terrains d’opérations de maintien de paix à travers le monde. J’imagine leur peine, le regard des autres sur eux ; la difficulté qu’ils ont pour expliquer ce qui se passe dans leur pays.
Mais comme dit plus haut, si des gens ont délibérément choisi de s’exprimer par les armes, il n’y a rien d’autre à faire. Ou on les laisse faire ou on leur oppose les mêmes armes. Le sentiment de révolte est très élevé dans certains milieux. Mais touchons du bois et espérons une fois de plus que le dialogue et la concorde l’emportent.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 3 juin 2011 à 11:37, par ridabey En réponse à : Autant le dire…

    je suis très triste pour ce qui ce passe dans notre pays. A qui la faute ? A nous tous tenterai je de dire. Mais j’affirmerais que la faute est surtout du coté de nos dirigeants qui ont rempli les casernes de notre pays de leurs neveux, cousins, frères des rejetons recalcitrants qui n’ont pu trouver autre porte de réussite. Mais au stade actuel, le mal étant fait, quelles solutions envisagées ? Moi je n’en vois qu’une du fait de plusieurs raisons : la hierarchie militaire est inexistente, l’affrontement entre nos frères militaires et les populations civiles serait une tragédie.

    La seule solution c’est de faire appel aux Nations Unies pour nous protéger car les choses risquent de s’empirer avec le risque d’effrondement des institutions nationales et du système économique et financier.

    Je ne sais comment proceder pour cet appel, mais celà urge.
    Mon regard est tourné vers les leader de la société civile...

  • Le 3 juin 2011 à 11:49, par ridabey En réponse à : Autant le dire…

    je suis très triste pour ce qui ce passe dans notre pays. A qui la faute ? A nous tous tenterai je de dire. Mais j’affirmerais que la faute est surtout du coté de nos dirigeants qui ont rempli les casernes de notre pays de leurs neveux, cousins, frères des rejetons recalcitrants qui n’ont pu trouver autre porte de réussite. Mais au stade actuel, le mal étant fait, quelles solutions envisagées ? Moi je n’en vois qu’une du fait de plusieurs raisons : la hierarchie militaire est inexistente, l’affrontement entre nos frères militaires et les populations civiles serait une tragédie.

    La seule solution c’est de faire appel aux Nations Unies pour nous protéger car les choses risquent de s’empirer avec le risque d’effrondement des institutions nationales et du système économique et financier.

    Je ne sais comment proceder pour cet appel, mais celà urge.
    Mon regard est tourné vers les leader de la société civile...

  • Le 3 juin 2011 à 12:30, par sako En réponse à : Autant le dire…

    de quel dialogue parlez-vous ? et avec qui ? des voleurs ?

  • Le 3 juin 2011 à 12:40, par Beurk En réponse à : Autant le dire…

    Je ne suis pas un spécialiste militaire mais il ne peut plus y avoir de compromis possible.Le ministre de la défense est obligé de radier tous ces délinquants au sein de l’armée.C’est le peuple qui le demande et la voix du peuple doit être respectée car le seuil de tolérance est largement franchi.Laisser passer cette histoire comme une lettre à la place,non non non...impossible

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