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Niger : La CEDEAO aboie, Tandja passe

Publié le lundi 16 novembre 2009 à 00h44min

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A l’école de la démocratie, n’ayons pas peur des mots, le Niger du colonel Mamadou Tandja fait, hélas, figure de piètre élève. Et dix longues années passées sur les bancs de l’Etat de droit n’auront pas suffi à enterrer le pouvoir "kaki", qui y règne à jamais à coups de décrets.

La mue n’a point réussi, et ce Niger-là, si fertile en leaders politiques de haut vol, est en train de sombrer depuis que le président Mamadou Tandja, après l’expiration constitutionnelle et réglementaire de son mandat de dix ans, a décidé de s’arroger un bonus de trois années supplémentaires pour "achever ses chantiers".

L’on peut bien louer son patriotisme et son dévouement à la cause nationale, mais là, la pilule ne peut passer, surtout que, entre-temps, la manne minière a jailli des tréfonds d’Imourarem, provoquant la ruée vers le précieux uranium et suscitant bien des appétits.

L’opposition, toutes les forces vives et la communauté internationale n’étaient-elles pas dans leur rôle en criant haro sur le baudet, qui, contre vents et marées, a choisi de changer les règles du jeu démocratique ? Peine perdue. Et le Niger nouveau de Tandja est aujourd’hui sur les cendres d’une IVe République proprement violée à travers l’historique tripatouillage constitutionnel et la dissolution du Parlement, sanctionnés aussi bien sur les rives du fleuve Niger qu’au-delà des océans par une pluie d’indignations et de protestations.

L’illustre sourd du Ténéré ignorera royalement tous ces appels au respect du jeu démocratique, imposant son référendum constitutionnel le 4 août, suivi d’élections législatives, taillées sur mesure, mais boycottées par les ténors de la scène politique le 20 octobre, dont lui et son parti, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), sortirent naturellement vainqueurs, obtenant 76 sièges sur 113. Résultats validés ce 10 novembre par la Cour constitutionnelle pendant que, même au-delà des frontières nigériennes, se poursuit la chasse aux sorcières.

Mais il n’aura pas fallu plus que les sanctions économiques de l’Union européenne, le rappel à l’ordre par l’Union africaine, et sa suspension par la CEDEAO pour que le maître de Niamey se résolve à desserrer les dents et consente à dialoguer avec ses redoutables et indécrottables opposants, dans la perspective d’une sortie de crise et d’un éventuel retour à l’ordre constitutionnel, sous la médiation de l’ex-président Abdul Salami Abubakar, mandaté par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Rien que le courroux et la fermeté du puissant voisin firent l’effet d’une bombe qui ébranla le secteur économique nigérien.

Instruits par les effets dramatiques de la fermeture intempestive de sa frontière par l’ogre nigérian en effet, Tandja, pourtant si imbu de sa personnalité, ne se fera pas prier pour envoyer ses disciples en pèlerinage à Abuja, y précédant donc la forte délégation de l’opposition, conduite par l’ancien chef de l’Etat et ancien président du Parlement, Mahamane Ousmane ; l’ex-Premier ministre Hama Amadou ; et le principal opposant, Mahamadou Issoufou, tous deux gibier préféré de la nouvelle dictature nigérienne.

Maintenant que les fils du dialogue viennent d’être noués, qu’attendre de l’imperturbable Tandja, dont le souci premier après la validation des résultats du scrutin législatif du 20 octobre, était d’asseoir sa cour ce week-end, comme s’il n’était pas l’alpha et l’oméga de cette crise qui intègre son Niger dans le cercle peu enviable des Etats comateux du continent ?

Mais officier supérieur qu’il est, il ne devrait pas rester éternellement sourd à la grogne qui commence à monter au sein de la légendaire Grande Muette et que tente péniblement de calmer le chef d’état-major des armées, le général de division Boureima Moumouni, qui est monté au créneau ce même week-end. Les radios se sont tues, certes, et avec elles toutes les libertés, mais ne voilà-t-il pas que les tracts commencent à prospérer sous le manteau et dans les camps militaires surtout ? En tous les cas, après cette surdité qui lui est propre, Tanjda ne saurait souffrir de cécité ; à moins qu’il ait décidé de se faire hara-kiri.

Bernard Zangré

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 novembre 2009 à 11:23, par marikoul En réponse à : Niger : La CEDEAO aboie, Tandja passe

    qui sont ces redoutables et indécrottables opposants ?
    Mahamane Ousmane, Hama Amadou et Mahamadou Issoufou ?
    Je suis nigérien, je les connais. Ils ne sont pas meilleurs que les autres politiciens nigériens y compris Tanja Mamadou.
    Savez combien le Niger compte de partis politiques ? De quoi ils sont issus ? qui sont leurs leaders ? Combien y a t il de syndicats dans ce pays ? de quoi ils sont issus ? qui sont les chefs de ces syndicats ? qui les a mis là ? pour qui ils roulent ? Je vais épargner la presse. Elle chercher à berner qui elle veut.

    Et bien il y a une soixantaine de partis POLITIQUES ; tous sont issus de ces partis que vous appelez grands partis. Pourquoi ? AUCUN CHEF NE VEUT CEDER SA PLACE A PERSONNE. Alors si tu veux devenir chef, tu quitte le parti du chef et tu fait ton parti. Dites moi le parti qui n’a pas connu ce phénomène, sinon il vient d’être créer. Même au sein d’un parti (même dans les partis de ces soit disant DEMOCRATES REDOUTABLES)tu contredis le chef, tu es pris à partie par les inconditionnels ; tu es peut être même débarqué. Dites moi le parti qui a changer de leader sans se casser ?

    les syndicats et les syndicalistes aussi sont faits aujourd’hui par ces hommes politiques.Il y a des syndicats qui ne comptent que 10 militants ; c’est à dire qu’ils se limitent seulement aux membres du bureau. c’est pour vous dire que je peux être société civile sans être vraiment important pour la vie de la nation et empêcher à cette nation de montrer sa vraie face.

    Vous avez mainte fois écrit que le Niger est au bord de la guerre civile. Mais qui va aller en guerre contre qui et pourquoi ? Pour ces hommes qui ne connaissent que leurs propres personnes ?
    Depuis que cette histoire de Tazartché a commencé quel est le leader qui est parti tenir un seul meeting à l’intérieur du Niger ?
    Maintenant demandez à ces redoutables et indécrottables opposants de présenter une plate revendicative commune dans le cadre de cette négociation : ils seront vraiment incapables.
    Donnez leur le Niger à gérer, ils n’arriveront pas. Ils ont déjà essayé. Nous nigériens nous le savons. sinon pourquoi ils cherchent leur légitimité chez vous ?
    Je vous demande de leur proposer une chose : qu’ils demandent à ceux de l’autre camp de rebouler tout et qu’on recommence par un référendum organiser et superviser par la CEDEAO pour le maintien ou non de Tanja Mamadou au pouvoir ; ils vous diront non. Chez qui ils vont aller battre campagne ?

    Excusez moi de mon style. je ne suis pas journaliste ni homme de lettre. j’espère seulement que vous allez venir voir ce que nous vivons avec tous nos hommes politiques avant d’écrire certaines choses sur eux et le pays.

    cordialement !

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