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Ministère de l’Action sociale : Echange franc entre Tantie Pascaline et ses enfants

Publié le vendredi 10 août 2007 à 07h14min

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La ministre de l’Action sociale, Pascaline Tamini, ne veut plus entendre parler d’"enfants de la rue". Pour ce faire, elle a rencontré les pensionnaires du centre AEMO le 9 août 2007 à la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO). Pendant l’échange, il n’y a pas eu de faux-fuyant entre enfants et "Maman".

On ne peut se voiler la face : les difficultés des enfants abandonnés et qui vivotent dans la rue sont légion : manque d’affection, exploitation de tous ordres, alcoolisme, usage de stupéfiants, etc.

Pour l’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), structure d’accueil et organisatrice de la rencontre, plusieurs raisons peuvent expliquer l’abandon du domicile parental par les enfants. On cite la pauvreté, la dislocation familiale, l’exode rural, l’explosion démographique, le confiage, l’école coranique et les décès de parents dus au Sida.

Cette vie de "SDF" (sans domicile fixe) diffère d’un enfant à un autre et peut perdurer 10 ans. Les enfants dans cette situation élisent domicile dans les gares, les salles de ciné, les abattoirs, les bars-dancing et autres endroits d’animation intense.

Pour les protéger, plusieurs structures les accueillent : SAMU social, ANERSER, Association Taab Yinga, TECHAS, Association Kéogho. La liste est loin d’être exhaustive. Dans le même état d’esprit, le ministre de l’Action sociale, Pascaline Tamini, a supplié ces enfants de rejoindre vite un centre. "Je suis heureuse de pouvoir vous rencontrer. C’est une mère qui est devant vous. Je suis votre maman ; l’Action sociale, votre papa...".

En des termes on ne peut plus affectifs, la mère a continué sur sa lancée : "En tant que tel, nous ne devons jamais vous rejeter. Promettez-moi, maintenant, de venir nous exposer vos besoins à tout moment. Je vous assure que les portes vous sont ouvertes et que nous sommes prêts à résoudre tous vos problèmes."

Le représentant du groupe, Akim Méda, 16 ans environ, a ensuite réagi. Lui et ses camarades ont dit merci de ce qu’elle les a honorés, en se déplaçant vers eux. Il a ensuite formulé ce qu’ils considèrent comme l’essentiel des doléances : rejet de la stigmatisation, besoin de formation et d’intégration, papiers d’identité, assez de repas et de vêtements.

"Maman" a promis sur-le-champ de les recenser en vue de procéder immédiatement à l’impression d’actes de naissance et de cartes d’identité pour ceux qui accepteront de regagner les centres, bien sûr. Malheureusement, pendant que la ministre parlait, le silence était loin d’être observé.

On entendait de temps en temps des morceaux choisis de musiciens en vogue dans la cité : "Wolosso", "Prends-moi cadeau ho ho" ! Il fallait de temps en temps taper du poing sur la table pour avoir un semblant de silence.

A la fin des interventions officielles, les occupants de l’AEMO ont eu droit à la parole durant plus d’une demi- heure. Ce fut alors l’instant idéal pour tout dire. Et sans ambages, les uns et les autres se sont adressé à Tantie Pascaline sous des salves d’applaudissements.

Emile Gandéma (Stagiaire)

A cœur ouvert

Moussa de Zorgho

Nous dormons partout : sous les halls des grands bâtiments, sous les hangars. La pluie nous bat. Les chefs (pour désigner les policiers) nous maltraitent. Lorsqu’ils nous embarquent, c’est pour qu’on exécute de salles besognes.

Les gens nous détestent. Quand ils nous aperçoivent, ils disent : "Voici les "enfants de la rue". Une rue peut-elle enfanter ? Nous voulons travailler et ressembler aux autres. Formez-nous. Pendant l’apprentissage, s’il était possible pour chacun de bénéficier d’au moins 3000 FCFA par semaine, on irait dormir chez nous.

Awa de Zone I

Venir ici n’était pas un choix. J’en étais contrainte. Je suis venue demander du secours ; vous voyez mon dos, j’ai été victime d’un accident... Ndlr : en réalité, elle aurait subi des sévices corporels. Son dos est brûlé par endroits). Je souhaite être, moi aussi, une femme de foyer et m’occuper de ma famille un jour.

Ousmane de Kokologho

En réalité, on ne nous remet pas tout ce qui nous est destiné à l’AEMO. Une fois, je suis allé pour prendre des tickets alimentaires, et on m’a remis 50 F. Les gens dépensent ce qui nous appartient. Parfois, il vaut mieux rester dans la rue que de venir ici, malgré le froid, la pluie. Qu’ils nous apprennent un métier et nous aident à nous débrouiller seuls.

Rosalie de Paglayiiri

Après le décès de notre père, ma mère s’est remariée ; mais le monsieur qu’elle a épousé ne veut point nous voir. Le père de mon enfant a été lui aussi injustement accusé d’un délit qu’il n’a pas commis. Il est à la MACO (prison). Alors j’ai suivi une copine pour aller à l’AEMO.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 11 août 2007 à 01:04, par Kanzim En réponse à : > Ministère de l’Action sociale : Echange franc entre Tantie Pascaline et ses enfants

    Une rencontre de ce genre constitue un danger à plusieurs niveaux :

    1. A l’endroit des enfants : dire "je suis votre mamn et l’actionn Sociale votre Papa", à des enfants qui soit sont en conflit avec leurs parents, soit ne connaissent pas ou n’ont pas de parents, est une manière de leur rappeler justement leur état d’abandonné ou d’orphelins : ces enfants ont besoin aussi de respect, et il faut lleur éviter des discours démagogiques et maternalistes.
    2. A l’endroit des institutions en charge des enfants de la rue : cette sortie ministérielle fera perdre le crédit aux institutions gouvernementales et non gouvernementales en charge des enfants en difficultés : un discours de plus, une promesse de plus, bref un coup de sabre dans l’eau, un cataplasme sur une jambe en bois.
    Madame la Ministre : "l’enfant est le père de l’homme. Il faut en tenir compte dans toute approche que vous aurez les fois prochanes avec eux. Vous auriez pu par exemple réagir hunc et nunc, à la révélation de celui qui a dit qu’on détournait ce qui leur est dû.
    je vous admier beaucoup pour votre abnégation dans kle travail, mais ilne faut plus leur dire que vous allez "résoudre tous leurs problèmes" par ce qvous ne le pourrez pas : ni du point de la disponibilité des ressources financières que la résolution de tous leurs problèmes requiert, ni du point de vue psycho-social, parce que vous n’avez aucun moyen de combler la carence affective, ni par vous mêmes, ni par vos agents. je vous propose par contre un remède efficace, imparable et imbattable pour "résoudre tous leurs problèmes" : tarvailler à ce que les droits de l’enfant soient respectés au Burkina. Les ingrédients pour cela sont : l’équité, la bonne gouvernance,le plaidoyer et et un coup de pied dans certains aspects des ressources humaines au sein de votre ministère.
    En toute sincérité, moi je vous considère comme une mère : mais j’ai fini de résoudre mes problèmes affectifs, éducatifs, économiques, sanitaires..etc. Les enfants de la rue n’ont même pas un seul espoir d’atteinbdre l’orée de la solution d’un de ces problèmes.
    Commençons par les respecter.

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