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Colonie burkinabè au Togo : "Fraternité" pour rassembler les fils du Burkina

Publié le vendredi 20 juillet 2007 à 07h59min

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Jean Zongo, président de "Fraternité"

Dans le souci de se rapprocher et de s’épauler dans les situations de joie et de peine, les burkinabè du Togo ont fondé l’association "Fraternité", depuis une vingtaine d’années.

Sans avoir procédé à un recensement, la communauté burkinabè, aux dires des responsables de l’association "Fraternité" s’élève à environ 1500 âmes. Ils sont présents aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays. A Lomé, on les rencontre dans les banques, les instituons communautaires régionales et les représentations de l’administration burkinabè. Quelques uns sont dans l’entreprenariat et l’hôtellerie. La grande partie exerce dans l’informel : transporteurs, vendeurs et démarcheurs de véhicules d’occasion, vendeurs d’objets artisanaux.

Selon le président de Fraternité, Jean Zongo, à l’intérieur du pays, notamment à Aniè, Ouangaye, Dapaong et Cinkansé, vit une forte colonie peulhe. Ce peuple d’éleveurs à la recherche de pâturages séjournait seulement 3 mois de l’année sur le sol togolais. Puis, a ajouté M. Zongo, constatant que l’herbe était abondante et que le bétail se reproduisait bien, ils se sont sédentarisés. Fraternité fonctionne comme toute association, avec une cotisation mensuelle de 500 F par membre. Les adhérents se retrouvent à des occasions précises. L’association constitue une force de mobilisation "On nous saisit dès qu’un Burkinabè a des problèmes", a déclaré Lassané Guira, vice-président de Fraternité.

Le rôle du bureau consiste dès lors à informer tous les compatriotes et à s’organiser pour y faire face. Dans la joie comme dans la peine, la communauté burkinabè reste toujours soudée. Car disent-ils, "Nous constituons ici une famille". "Si la communauté n’existait pas, à qui allions-nous nous adresser ?", se demande M. Zongo. En principe, tous les 3 mois, la Fraternité tient son assemblé générale dans le but de dresser le bilan des activités et fait de nouvelles propositions.

Selon le vice-président M. Guira, depuis un certain temps, cette tradition n’est plus respectée, faute de moyens. Pour la vice-trésorière adjointe Mme Mariétou Younga, les cotisations rentrent difficilement et les cartes de membres attendent preneurs. C’est dommage, regrette le vice-président, que des compatriotes ne s’intéressent à l’association que lorsqu’ils sont confrontés à un problème : démêlés avec la police, ordonnances médicales exorbitantes...

Sur notre terre d’accueil, nous n’avons pas de grandes difficultés, déclarent les Burkinabè de Lomé, "Nous ne connaissons pas de tracasseries liées aux papiers d’identité, mieux, nous pouvons faire deux ans sans qu’on ne nous réclame une quelconque pièce", a précisé le président Jean Zongo. Pour lui, vivre ensemble requiert des comportements et chacun fait l’effort de ne pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Aux dires de M. Zongo, du fait de leurs activités pastorales, les peulhs avaient régulièrement des démêles avec les agriculteurs et les autorités locales.

Le consulat du Burkina Faso au Ghana duquel relèvent les Burkinabè du Togo aurait été saisi sur la question et un terrain d’entente aurait été trouvé. Selon M. Zongo, les éleveurs consentent verser 1000 F par tête à leur commune de résidence. Pour le moment, il n’y a pas de problème majeur, mais la communauté burkinabè du Togo affirme qu’un consulat ne sera pas de trop. En attendant, ils se contentent des missions consulaires qu’ils reçoivent de temps en temps. C’est aussi la preuve qu’ils ne sont pas oubliés.

Toutefois, ils interpellent les autorités sur les rackets dont ils sont victimes à chaque fois qu’ils retournent après un séjour au pays. Il serait exigé une somme de 1000 F CFA à tout Burkinabè rentrant sur le territoire togolais. Ils estiment que cela est incompatible avec les beaux discours sur la libre circulation des personnes dans l’espace UEMOA.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
Assétou BADOH


Femmes burkinabè de Lomé : "Sougr-Nooma" pour vivre en communauté au Togo

Mariétou Younga de Sougr-Nooma

Les femmes burkinabè résidant à Lomé au Togo par le biais du mariage se sont organisées en association, dans le but de se serrer les coudes pour mieux vivre en communauté hors de leur pays d’origine.

L’association Sougr Nooma a été créée en 1982. Aujourd’hui la soixantaine de femmes qui y ont adhéré, cultivent la solidarité. Des réunions hebdomadaires se tiennent. Ce sont des occasions de retrouvailles et de libre expression. Selon la présidente Mme Mariétou Younga, pour ce qui est de la mobilisation , les femmes sont irréprochables. Elles organisent ensemble mariages et baptêmes et se soutiennent lors des décès. "Les membres de l’association Sougr nooma" ont expliqué que leur vie à Lomé au Togo est intimement liée à celle de leurs épouses.

Donc en gros, ils partagent les mêmes soucis quotidiens. Le séjour au pays de Faure Eyadéma n’est pas aisé, les crises politiques qui secouent le pays depuis quelques années n’épargnant personne. En plus de leurs occupations ménagères, chacune exerce une activité rémunératrice, soutenue par une tontine organisée par l’association. Quelques-unes comme Mme Younga sont dans les affaires. Les autres, les plus nombreuses d’ailleurs, "se débrouillent" dans l’informel : vente de jus, de déguê, de galettes ou de tissus, couturières, teinturières...

"Nous nous battons comme nous pouvons", déclare Mme Ramata Sana, membre de l’Association. Pour elle, la concurrence avec les femmes togolaises est rude. Ces dernières ayant l’avantage d’être chez elles, leur disputent l’espace. "Etant donné que nous sommes en location, nous n’avons pas toujours la possibilité d’étaler nos marchandises devant nos portes", affirment les dames. Avec des moyens très limités, elles ne peuvent faire mieux.

Helène Coulibaly

Pour la présidente, les femmes burkinabè se battent certes, mais elles n’arrivent pas à tenir tête aux Togolaises réputées très aguerries dans les affaires commerciales. L’association "Sougr Nooma" admet en son sein, les Togolaises ayant un époux burkinabè. Hélène Coulibaly est de celles-là.

Mariée à un Burkinabè, elle soutient qu’il est difficile de vivre avec un homme dont on ignore la culture. Elle a intégré l’association pour mieux connaître le Burkina Faso et se sentir Burkinabè. Car elle réclame et affiche fièrement sa double nationalité. Outre les épouses, les enfants nés d’une l’union entre Togolaise et Burkinabè sont également admis à "Sougr Nooma". Zénabou Touré confie avec un accent "bien togolais", qu’elle a adhéré à la communauté grâce à sa mère, de nationalité togolaise. Orpheline de père, Zénabou est mariée à un Ghanéen.
Zénabou Touré née d’une union mixte se bat pour garder son identité.

Elle ne veut cependant pas perdre son identité burkinabè. C’est pourquoi elle est présente à toutes les activités concernant les Burkinabè et est fière d’accueillir ces compatriotes à son domicile quand elle en a l’occasion. Le souhait de ces femmes membres de "Sougr Nooma", c’est de faire reconnaître leur association au niveau du Burkina Faso et de bénéficier des mêmes égards que leurs sœurs restées au pays. Le retour au bercail est envisagé. Certaines aimeraient qu’il y ait une politique foncière en faveur des Burkinabè de l’étranger, pour leur éviter le même sort que certains de leurs devanciers rentrés par le biais de l’opération "Bayiri".

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
Assétou BADOH

Sidwaya

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