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Médicaments de la rue : Les enfants, premières victimes

Publié le jeudi 12 juillet 2007 à 07h12min

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Vendeur ambulant de médicaments

« Les médicaments de la rue, ça tue », ne cesse-t-on de répéter. Depuis cinq ans, l’ordre national des pharmaciens du Burkina, le syndicat national des pharmaciens du Burkina, la centrale d’achat des médicaments génériques s’activent pour combattre la vente des médicaments illicites.

Le 05 juillet 2007, ils étaient à Ouahigouya dans le cadre d’une journée de sensibilisation à ce fléau, auquel sont sutout exposés les enfants.

‘’Gros bébé’’, ‘’la vieille mère joue ballon’’, ‘’super appétit’’, ‘’4 coups sur place’’ ; les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier ces médicaments illicitement vendus, véritables menaces pour la santé publique. Les conséquences de la consommation des médicaments de la rue sur la santé des populations sont indénombrables : résistances aux antibiotiques et aux antipaludiques, intoxications, destruction du foie, du cœur et des reins. La circulation de ces produits et celle des amphétamines et autres drogues vont de pair.

Plus grave, les enfants utilisés le plus souvent pour la vente de ces médicaments obscurs en sont les premières victimes. C’est pourquoi à Ouahigouya, la journée de sensibilisation a été placée sous le thème « Médicaments de la rue et protection des enfants ». Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le marché des médicaments illicites dans certains pays représente 60% des volumes des produits pharmaceutiques vendus.

« Pour être commercialisé au Burkina, le médicament doit obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par l’autorité compétente, qui est le ministère de la Santé », a déclaré le ministre d’Etat, ministre de la Santé, Alain Yoda.

Le code de la santé publique, en son article 183, fait « interdiction à toute personne, même munie du diplôme de pharmacien, d’entretenir tout débit, étalage ou distribution de médicaments sur la voie publique, dans les foires ou marchés ». Malgré la prise de ces dispositions, le fléau a toujours la peau dure.

Au moment où on attirait l’attention du public à la place de la nation de Ouahigouya sur les maux que suscitent ces produits hors normes, certains marchands les vendaient à quelques pas du lieu de sensibilisation en plein cœur du grand marché de la ville sans se soucier de rien.

« Je voudrais rappeler que la répression n’est pas une prérogative du pharmacien, mais de la puissance publique qui est l’Etat », a relevé la présidente de l’Ordre national des pharmaciens du Burkina, Victoire Bénao. Le choix du ministre comme parrain de la cérémonie est loin d’être un fait du hasard.

« C’est l’occasion pour nous d’attirer l’attention des autorités sur l’exploitation des enfants, et de souhaiter des prises de mesures énergiques de répression de ce trafic qui, à terme, décimera la jeunesse, avenir de la nation ; vous comprendrez alors, monsieur le ministre de la Justice, pourquoi nous vous avons demandé d’être le parrain de cette journée », a relevé la patronne de l’Ordre national des pharmaciens.

Le ministre de la Justice a effectivement invité sur- le- champ l’ensemble des procureurs du Faso à veiller à la stricte application de la circulaire n°05-134/MJ/SG/DACPS du 25 mai 2005, relative aux conditions d’exercice de la profession de pharmaciens au Burkina. "Il nous faut renforcer la répression policière et judiciaire contre les trafiquants tout en renforçant les capacités des autorités de réglementation pharmaceutique", a -t-il proposé.

Pour Alain Yoda, l’engagement de son ministère s’est traduit par la création du plan national de développement sanitaire (PNDS), où il est défini un axe stratégique qui est vise à améliorer la disponibilité des médicaments essentiels de qualité et leur accessibilité.

C’est ce qui explique la mise en place de dépôts MEG dans la plupart des formations sanitaires. « La lutte contre le marché illicite de médicaments exige une prise de conscience de tous les acteurs et un engagement politique affirmé », a conclu le patron de la santé.

Notons que cette offensive contre les médicaments de la rue à Ouahigouya a été marquée par l’incinération d’une importante quantité de produits nocifs au sortir de la ville.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 12 juillet 2007 à 15:41, par KgB En réponse à : > Médicaments de la rue : Les enfants, premières victimes

    Si le ridicule pouvait tuer. Dans un Etat normal on ne peut pas vendre du Poison dans la rue et tourner derriere pour parler sensibilisation. Il faut appliquer les lois. Si ya pas de loi, que font alors nos deputes ??? Encore on revient sur cette question de la non application de la loi ( quand on vend du poison dans la rue, quand les militaires se broient du civil, quand des presidents de bureaux de vote decident d’empocher les PV, quand les TP sont mal concus, quand pour lutter contre la corruption on priviligie la sensibilisation...) Pourquoi ceux qui sont enclins a chanter cette democratie burkinabe ne parlent jamais de ces tarres ? Pourquoi, dans cette grande democratie on ne peut pas avoir des lois que l’Etat fait respecter ? Si des gens meurent de medicaments de la rue, c’est la faute de ce gouvernement. On est bien en face d’une grave question de sante publique et on traine les pas, mais ca fait une decennie que ca dure. Jusqu’a quand allons nous continuer a sensibiliser ? Je veux bien parler aussi du Burkina qui marche ( comme mon cousin de France), mais il faut d’abord avoir fini d’evoquer toute ces questions d’urgence, c’est une question de bon sens. Reveillez-vous.

  • Le 13 juillet 2007 à 20:19, par Passakziri En réponse à : > Médicaments de la rue : Les enfants, premières victimes

    Cet article traite d’un problème très important qui gangrène depuis des decenies ;
    Non seulement les médicaments de rue,mais tout médicament contrefait,souillé ou mal dosé dans sa composition représente un grand danger pour la santé des populations ; Ceux qui suivent l’actualité sanitaire au niveau international savent que le fléau des produits pharmaceutiques contrefaits pose aujourd’hui un grand problème de santé publique aussi bien pour les pays dévéloppés que pour ceux en voie de développement ; Les conséquences sanitaires et économiques qui en découlent ne devront pas être sous estimées car ,vu la lucrativité du domaine, les individus peu recommandables n’hésitent pas à imiter les differents produits sous leur différentes formes sans pourant y adjoindre les substances clés(évidemment plus coûteuses) et ce à grande échelle ;Ce qui met même une centrale d’achat en difficulté si elle ne dispose pas d’un système de contrôle de qualité efficace.
    Alors,on se retrouve à acheter un médicament qui devait soigner par exemple des douleurs gastriques , mais on ne sera jamais guérit ou pire on crée des complications inutiles,puisqu’on aura passé son temps à avaler de la poudre de blé ou un coctail de substances toxiques ;On se retrouve à la fin avec une maladie chronique sur un chemin de croix.
    Il est alors juste qu’une lutte conséquente soit ménée contre les produits pharmaceutiques contrefaits,et ce sans tenir compte de qui les écoule sur le marché ;
    Pour qu’une telle lutte ait au final du succès,il faudra :
    1)commencer par se donner une législation claire sur la question et veuiller à ce qu’elle soit appliquée comme l’a souligné mon prédécesseur KGB.
    2) Mettre en place une commission scientifique crédible ,indépendante et compétente pour délivrer les autorisations pour qu’un produit A ou B soit vendu sur le territoire burkinabè,et ordonner le retrait de produits prohibés ou aux effets nocifs ; Je ne parle pas des strucures bidons dirrigées par des incompétents juste par le fait de leurs relations ou succeptibles d’être dissous par le ministre ou son DG selon l’ humeur, mais plûtot d’une structure vraiment indépendante (du ministère de la Santé aussi) qui serait par exemple composée de médecins,de pharmaciens,de sociologues , de juristes,et de Biochimistes-Laborantins ,votés(je dis bien votés et non nommés) à ces postes respectivement par l’ordre des médecins,l’ordre des pharmaciens,et les structures répresantatives ;Cette même structure aurait la responsabilité d’effectuer des contrôles au sein d’unités comme la centrale d’achat des medicaments essentiels et génériques (CAMEG) ,et les différentes pharmacies pour s’assurer de la qualité des produits qu’ils importent et du respect des règles ;
    3) Continuer à sensibiliser les populations sur les effets négatifs que ces produits peuvent causer. Il ne suffit pas d’aller dire aux gens que tel ou tel produit n’est pas bon,sans être à mésure d’expliquer ce qui fait qu’il n’est pas bon.
    Seulement après,on peut esperer lutter éfficacement contre le fléau ; Tant que ce sera l’ordre des pharmaciens qui lancera des apels à la justice pour régler le problème croyez moi,ce sera difficile parce que ca ressemble à vouloir empecher les vendeurs ambulants de leur livrer une concurrence,vu qu’il visent la même clientelle ;Sans vouloir manquer du respect à qui que ce soit ,je fait un constat :
    le vendeur ambulant de "médicaments" est un commercant,et le propriétaire d’un dépôt pharmaceutique l’est également ,et chacun veut vendre son produit ; Certes une mauvaise comparaison,mais je veut faire voir ici pourquoi il est important d’avoir une structure régulatrice dans ce domaine ;
    Merci et bon week-end à tous les internautes.

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