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Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

Publié le lundi 4 juin 2007 à 07h49min

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Moumouni Dagano

« Brandir cette coupe de France me permettrait de réaliser un rêve, celui de remporter le premier grand trophée de ma carrière de footballeur. Oui, j’en rêve... » C’était un vœu. Une confidence arrachée à l’international burkinabè sur les berges du Doubs, quelques jours avant la finale de la coupe de France.

Le samedi 12 mai 2007, le rêve s’est accompli devant les 80 000 spectateurs du Stade de France, témoins de l’extraordinaire victoire du FC Sochaux face au super favori, l’Olympique de Marseille et sa constellation de stars.

Le rêve est devenu réalité grâce, en partie, à ce coup de tête imparable de Moumouni Dagano à la 67e minute, qui contraignit l’Olympique de Marseille aux prolongations, puis à l’épreuve des tirs aux buts. Finalement, au bout d’une longue partie cousue de suspense, ce sont les poulains du charismatique et sympathique Alain Perrin qui ont été les plus forts. Et Sochaux, qui attendait « Dame coupe » depuis quarante ans, peut laisser éclater sa joie. Moumouni Dagano, lui, a toutes les raisons de goûter à cet indicible bonheur de voir son rêve se concrétiser.

C’est le rêve d’un revenant, victime d’une grave blessure en avril 2006, qui l’éloigna de l’équipe professionnelle de Sochaux pendant dix mois. A 26 ans, l’enfant de Kader et de Mariam met ainsi un pied dans le panthéon du football burkinabè en remportant la coupe de France. Jamais, avant lui, aucun footballeur burkinabè n’avait réussi un tel exploit.

Alors que « Dame coupe » vient de le hisser au rang de superstar et de nouvel ambassadeur hertzien et cathodique du label Burkina, Momo - c’est ainsi que le public et ses coéquipiers l’appellent à Sochaux - n’entend pas oublier le chemin parcouru, ses potes de Kamsonghin, au secteur 6 de Ouagadougou, les entraîneurs qui l’ont formé et l’ensemble des amoureux du ballon rond au Burkina...

Fasozine : Qu’avez-vous ressenti en brandissant cette coupe de France au Stade France ?

Moumouni Dagano : J’ai ressenti une immense fierté. C’est un grand honneur de remporter cette finale et de saluer Jacques Chirac, qui achevait son mandat de président de la République.

Que vous a dit le président Chirac ?

Il m’a appelé par mon nom, Dagano. J’étais un peu surpris qu’il connaisse mon nom. Cela m’a fait énormément plaisir. Le président Chirac m’a encouragé et m’a souhaité bonne chance pour la suite de ma carrière.

Alors que vous étiez menés par un but à zéro, vous égalisez pour Sochaux à la 67e minute. Quelles images défilent dans votre esprit à cet instant ?

J’ai pensé à tout le peuple burkinabè. On m’avait dit que le match était retransmis à la télévision nationale du Burkina. Cela a contribué à me mettre une pression positive, et dès que j’ai marqué, j’ai pensé à tous ces amoureux du ballon rond au Burkina et à la joie que j’ai pu leur offrir en marquant au cours de cette finale. J’ai également pensé à tous nos supporters de Montbéliard, qui ont fait le déplacement de Paris, à ceux qui n’ont pas pu se déplacer et qui nous regardaient sur des écrans géants.

Votre téléphone portable n’a pas arrêté de sonner depuis cette finale...

Oui, j’ai reçu des centaines de messages de félicitations. Tous me faisaient part de leur fierté. J’en suis encore ému. J’ai aussi reçu les félicitations « en live » de Seydou Diakhité et de Salif Kaboré, les dirigeants de la Fédération burkinabè de football (FBF), qui sont venus au Stade de France pour m’encourager pour la finale. Mon épouse, Safi, est également arrivée de Ouagadougou deux jours avant la finale pour me porter bonheur.

Vous avez émis le souhait d’aller présenter la coupe aux autorités et au peuple burkinabè...

C’est vrai. Je suis en train de discuter des modalités avec mes dirigeants, à Sochaux, pour qu’ils me prêtent la coupe pour que je la présente à tout le peuple burkinabè. Si l’opération s’avérait risquée, je demanderai qu’on me fasse une réplique du trophée.

Cette coupe va-t-elle changer votre statut ? Etes-vous devenu une super star ?

Non, je vais rester moi-même. Je ne veux pas oublier d’où je viens. Mes parents m’ont appris à rester simple et lucide. J’ai toujours tenu compte de leurs conseils. Ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer.

Vous avez pourtant connu une enfance assez agitée...

C’est vrai que la passion pour le football l’a emporté très tôt. Je ne suis pas allé à l’école pendant longtemps. Je me suis arrêté au CM1. J’avais de très mauvaises notes et je cachais systématiquement mes bulletins. Je préférais le foot et tapais dans le ballon quasiment tous les jours, avec mes potes du secteur 6, à Kamsonghin (un des quartiers de Ouagadougou, ndlr).

Vous aviez donc choisi votre voie dès votre enfance ?

Je crois que oui. Je me suis beaucoup appliqué quand je jouais, avec l’équipe de mon quartier, dans les catégories minimes et cadettes. C’est ainsi que j’ai été repéré par le « Santos FC » (une équipe de l’élite burkinabè, ndlr) où j’ai passé une année et demi en catégorie junior.

« J’ai failli être un mécanicien »

Puis survient l’exil en Côte d’Ivoire...

C’est un épisode très particulier de ma vie. Je commençais à me demander si je gagnerai ma vie en jouant au football. Je voulais changer d’air, me relancer. J’ai donc quitté Ouagadougou et suis allé vivre en Côte d’Ivoire, où mes parents sont établis.
Arrivé à Abidjan, mes parents m’ont placé dans un garage où je travaillais comme apprenti mécanicien. Je continuais cependant à jouer au football après les heures passées au garage. J’ai travaillé dans ce garage pendant quelques mois, mais le virus du foot était trop puissant.

Vous opterez donc pour le football à temps plein.

Je passe un essai concluant dans les catégories juniors du « Stella club » d’Abidjan. En 1996, je dispute mon premier et seul match de D1 en Côte d’Ivoire avec cette équipe contre l’« Asec Mimosas ».

Pourquoi votre unique match en D1 ?

Le « Stella club » d’Abidjan ne me payait pas bien. On me donnait des primes de match de 1 000 F CFA, à peine 2 euros. C’était vraiment insuffisant, car je devais payer moi-même mon transport pour aller aux entraînements. J’ai donc laissé tomber cette équipe, sans pour autant couper les ponts. Je continuais à m’entraîner au quartier et, de temps en temps, on me sollicitait comme « mercenaire », pour disputer des rencontres inter-villages. Et, ironie du sort, je gagnais plus d’argent.

C’est pourtant au « Stella » que vous vous faites remarquer...
Oui. Alors que j’étais revenu pour passer des tests afin d’évoluer en première division, je fais la connaissance d’un encadreur originaire du Burkina, Boukari Bamogo, qui m’a vu jouer. Il me lance tout de go : « J’ai appris que tu es Burkinabè. Cela te dirait-il de jouer dans ton pays ? ». Je n’ai pas hésité un seul instant. Boukari est allé voir mes parents, qui lui ont donné leur accord. C’est donc Boukari Bamogo qui m’a fait venir au Burkina pour évoluer à « Jeunesse Club » de Bobo-Dioulasso, et je lui en suis beaucoup reconnaissant.

Quels sont les hommes qui vous ont marqué dans votre carrière ?

Bien évidemment, Salif Kaboré, l’ancien président de l’Etoile de filante de Ouagadougou (EFO). Il a tout fait pour que je rejoigne l’EFO et je garde de très bons souvenirs de mon passage dans ce club. Je me souviens encore de mes débuts : je quittais la maison, au secteur 6, en faisant du footing tous les jours, pour aller à l’entraînement au lycée Philippe Zinda Kaboré. Puis, un jour, Salif Kaboré m’a appelé et m’a dit : « Petit, il faut que tu passes voir ma secrétaire... » Il venait ainsi de m’offrir une motocyclette P50. Ma toute première mobylette ! Vous vous rendez compte ? Ma première mobylette ! C’était un jour particulier pour moi. J’en ai encore la chair de poule en parlant aujourd’hui.

Quels sont les entraîneurs qui ont compté pour vous ?

Je commencerai naturellement par mon actuel entraîneur à Sochaux, Alain Perrin. Il m’a beaucoup soutenu pendant et après ma blessure. Il a toujours su trouver les mots pour m’encourager et obtenir le meilleur de moi. Avec lui, j’ai progressé sur le plan tactique. C’est un féru de tactique, doublé d’un psychologue plein de charisme.
J’ai aussi, naturellement, une pensée pour Boukari Bamogo, qui m’a repéré en Côte d’Ivoire et m’a fait venir au Burkina. Il y aussi l’Algérien Rachid Cheraldi. C’est lui qui a demandé au président de l’Etoile filante de Ouagadougou, Salif Kaboré, de me recruter. Mon équipe de quartier (secteur 6) avait battu l’EFO en match amical (2-1) et j’avais marqué les deux buts de mon quartier. Cheraldi m’a donc approché et m’a posé des questions sur ma situation. Plus tard, Salif Kaboré est allé voir ma grand-mère et a trouvé un terrain d’entente avec « Jeunesse club » de Bobo, pour que je signe à l’Etoile filante de Ouagadougou.

Je voudrais aussi citer l’entraîneur des Etalons, Didier Notheaux. C’est lui qui m’a convoqué pour la première fois en équipe nationale, fin 1998-début 1999. Et, à chaque fois que je revois mes débuts en équipe nationale, je ne peux m’empêcher de penser à lui.

Vous retrouvez de nouveau Didier Notheaux en juin pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations ?

Oui, c’est un réel plaisir de le revoir, ainsi que Sidiki Diarra et tous mes partenaires que je n’ai pas revus depuis ma blessure. J’ai hâte de retrouver l’équipe nationale et d’apporter ma contribution.

Le Burkina peut-il encore se qualifier pour la CAN’2008 ?

Tout est encore jouable. Nous avons 80 % de chance de qualification. Nous devons absolument vaincre le signe indien et gagner tous nos matchs à l’extérieur. On va apporter tout ce qu’on a dans les tripes pour arracher la qualification à la coupe d’Afrique des nations 2008.

Par Samori Ngandè,
Envoyé spécial à Sochaux
Fasozine


Bio express

- Date de Naissance : 1er janvier 1981
- Lieu de Naissance : Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
- Poste : Attaquant
- Premier club en D1 au Burkina : Etoile Filante de Ouagadougou (EFO)
- Premier club professionnel : Germinal Berschoot d’Anvers (GBA), en Belgique
- Autres clubs : Racing club de Genk (Belgique), Guingamp (France)
- Club actuel : FC Sochaux, contrat en cours jusqu’en 2009

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Vos commentaires

  • Le 4 juin 2007 à 08:47, par Un burkinabé en Allemagne ! En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

    Toutes mes félicitations Mr Dagano,
    je suis pas très « foot » mais ce mérite exige une reconnaissance totale ; je pense que tu es désormais « académicien » du football français !
    Ton parcours décrit avec modestie et reconnaissances donnera des leçons et du courage à d’autres personnes !

    Un burkinabé en Allemagne !

    • Le 4 juin 2007 à 15:43, par un burkinabe vivant au pays bas En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

      tous mes encouragements et beaucoups de succes avec ton club et les etalons.

    • Le 4 juin 2007 à 16:47, par Abdoul En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

      Felicitation momo .
      du courage dans l’elite europeenne.malgre la defaite contre le mozambique 1 à 3 plus efort

      • Le 4 juin 2007 à 18:10, par lupain En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

        slt momo cmt tu va après cette defaite ? Sè pas grav la qualification n’est pas encore perdu, explique a tes camarade comment on revient a son meilleur niveau et avec l’aide de tous on finira par se qualifié by.

      • Le 4 juin 2007 à 18:17, par lupain En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

        slt momo et du courage pour la suit malgré la defaite rien n’est perdu si vous vouler la qualification il faut gagner e gagné c’est sur q certains pensent que je rèv, mais en football tout est possible c’est d’ailleur pouquoi vous etes revenu a votre meilleur niveau. du courage et mettez boucoup de coeur dans ce vous fait

        • Le 4 juin 2007 à 19:19, par Sidnooma En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

          Slt Momo,
          En patriote, je sais que tu répondras toujours présent chaque fois que la patrie t’appellera. Je sais aussi qu’à toutes les occasions avec les Etélons tu te défonceras. Mais rassure toi, l’éclaboussure des traditionnelles défaites des Etalons ne pourront jamais entachée ta tunique dorée.
          Courage, tu dois conquérir l’Europe. Pour les Etalons, on ne t’en voudras jamais.

        • Le 4 juin 2007 à 19:37 En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

          De quelle qualification vous parlez encore ?Peut-etre celle de 2012.N’ayez pas
          peur de signifier à momo qu’ils ont tous eté mediocre.surtout lui qui portait le brassard il devrait
          faire mieux.c’est meme bien qu’on soit pas qualifier.on economiserait des millions pour investir ailleurs.

          • Le 4 juin 2007 à 21:54 En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

            Il y a toujours des gens qui ne voient que les aspects négatifs. Quand vous avez une bosse dans le dos, vous êtes obligés de le supporter tous les jours. Je compare ces gens négatifs à cette bosse qu’on a sur le dos. Grand bravo à M. DAGANO pour son parcours exceptionnel. Me Kéré, France.

          • Le 4 juin 2007 à 22:09, par Chris En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

            Vraiment, je ne comprends pas les Burkinabes. encourragez les Etalons au lieu de les demoraliser. soyons serieux, Monsieur !!
            Je ne suis pas tres foot, mais je te felecite mon compatriote Dagano pour ses exploits. Que les Dieux du foot fassent que ton equipe, la mienne " les etalons" puisse se qualifier et faire honneur au burkina. je crois au foot burkinabe. ce qui nous manque, c’ est plus d’ encourragement de la part des supporteurs et le combat patriotique des Etalons.

          • Le 12 juin 2007 à 17:29 En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

            quand on supporte il faut savaoir critiquer , Moumouni Dagano il faut le dire est tres decevant , on a l impression qu il croit qu il est deja au sommet du football mais c est faux et ce qui plus deplorable c est qu il ne se rend pas compte de ses qualites il n a rien a envouloir aux drogba et eto phisiquement mais ce qui lui manque c est le travail plus de travail car moumouni est un joueur tres puissant et rapide mais voila comme la plus part de nos pro des qu il quite le faso avec un petit contrat en europe pour eux c est fini ils sont pro et ca s arrete la . c est bien domage . il devrais s inpirer du parcours de Drogba qui est parti de rien et voila maintenant . juste a force de travail c est tout .

        • Le 4 juin 2007 à 21:58, par OUEDRAOGO hervé En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

          mes felicitation <>, je suis très heureux de l’exploit que tu vient de réalisé, j’ai toujour vu en toi un grand joueur depuis l’EFO, lorsque ta marqué CE BUT D’OR.mes felicitation et plus de perseverence,d’effort, que DIEU te benisse et qu’il te fasse aller plus loins.
          moi c’est OUEDRAOGO hervé un de tes fan depuis que tu jouait a l’EFO.
          Wend na song fo la ning fo bark bala fo ya bark biiga, fo zinka burkina faso youré fo sid ya burkin biga.

  • Le 4 juin 2007 à 16:49, par lalao uedraogo En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

    slt momo je suis super contente pour toi bonne continuation dans tes activités !!!
    lala USA

  • Le 1er août 2007 à 22:18, par sanko En réponse à : > Moumouni Dagano : Dans l’élite européenne

    je suis content pout toi momo.tu representes valablement le burkina.mais quand tu viens a la selection il faut briller comme quand tu jous dans ton club.si le burkina pouvais avoir des gens comme toi çà allait etre bien.

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