Somalie : L’Ethiopie impose le chaos
De quel mandat l’Ethiopie dispose-t-elle pour intervenir et semer le chaos en Somalie ? De quel droit se permet-elle de se mêler des affaires des autres, notamment de l’ex-colonie italienne ? Visiblement, Addis-Abéba, qui n’a finalement jamais retiré ses troupes du pays de Siad Baré, est déterminée à terminer le sale boulot.
En attestent les récents affrontements qui l’opposent, elles ainsi que les forces gouvernementales de Somalie, aux insurgés islamistes. L’Ethiopie ne se comporte ni plus ni moins qu’en force d’occupation, ce qui ne peut engendrer que révoltes et résistances. Si ce n’est pas une guerre de libération, pour ces insurgés, ça y ressemble fort.
Et puis, quelle idée d’asseoir un gouvernement de transition et de renforcer son autorité, quand celui-ci est contesté parce qu’imposé au peuple somalien ! Quoi d’étonnant que la base ait déjà été faussée.
Et si l’on en est à cet amer constat, Washington, qui s’accommode visiblement très mal de la présence des barbus islamistes sur le sol somalien, en porte la plus grande responsabilité.
Plutôt que de rapprocher les frères ennemis somaliens, elle n’a fait qu’attiser la haine, estimant, sans doute, que c’est la meilleure voie de remporter la bataille contre le terrorisme dans cette partie du continent. Mais une bataille dans laquelle Washington se garde bien d’envoyer ses propres troupes. La Maison Blanche n’est pas prête à vivre un autre cauchemar du genre opération Restor Hope.
La croisade antiterroriste peut bien se mener par l’Ethiopie et le gouvernement somalien de transition interposés. Mais, dans tout cela, ni le gouvernement somalien de transition, ni les tribunaux islamiques ne tirent profit de cette chienlit qui n’a de cesse d’enfoncer le pays. Une paix des braves est possible. Mais à condition que, de part et d’autre, on accepte de s’asseoir à la même table. Mais encore faut-il que les belligérants somaliens prennent conscience qu’ils sont les otages des intérêts de puissances occidentales qui, à bien des égards, se croient tout permis.
Cheick Beldh’or SIGUE
LE Pays
Vos commentaires
1. Le 11 avril 2007 à 15:18 En réponse à : > Somalie : L’Ethiopie impose le chaos
Article particulièrement avisé. En effet, on ne pose jamais la question de l’illégalité de l’intervention Ethiopienne en Somalie.
Deux observations cependant, le gouvernement de transition est discrédité dès le début puisque choisi par l’Ethiopie à Nairobi. le parlement somali (laïc) et les chefs coutumiers avaient trouvé un terrain d’entente avec les tribunaux islamiques qui avaient retabli l’ordre, justement pour déjouer les intentions éthiopiennes. Et on arrive à la deuxième observation, le but de guerre de l’Ethiopie est de soumettre son voisin, le transformer en un Etat vassal. Perspective terrifiante pour les Somaliens, mais qui devait l’être pour tous les africains (par la violation de la charte de l’union africaine qu’elle suppose). Si l’Union africaine n’arrive pas à obtenir le retrait (et sans annexion territoriale) de l’Ethiopie, cela constituera un dangereux précédent .