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HAMAS / FATAH : Le miracle de la Mecque aura-t-il lieu ?

Publié le mercredi 7 février 2007 à 08h11min

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Les dieux sont tombés sur la tête. C’est le cas de le dire. Par ces temps qui courent, en Palestine occupée, on ne tire pas seulement sur "l’ennemi sioniste". On tire aussi et surtout sur d’autres Palestiniens tels des lapins de garenne.

Ainsi, les combats interpalestiniens ont pris une démesure insoupçonnée ces derniers temps. Rien que vendredi dernier, quinze Palestiniens ont été tués dans des affrontements, qui ne cessent de faire rage entre le Fatah et le Hamas dans l’ensemble de la bande de Gaza.

En esquissant un décompte macabre, on arrive, avec une certaine surprise, à environ 70 Palestiniens qui ont perdu la vie depuis seulement un mois, dans les affrontements entre activistes des deux partis rivaux. Et les confrontations ont atteint un degré de violence inouïe jeudi dernier lorsque la Force exécutive du parti Hamas a voulu arrêter à Gaza un convoi de véhicules du mouvement Fatah, parce qu’elle soupçonnait les partisans du Président Mahmoud Abbas de transporter des armes, fournies par l’Egypte.

Les activistes des deux camps se sont ensuite opposés près des locaux universitaires. Le Fatah soupçonnait, à son tour, le Hamas d’y avoir entreposé des moyens militaires. Des attaques ont eu lieu également contre des ministères du Hamas et des bâtiments des services de sécurité du Fatah. Des mortiers ont même été tirés contre des positions situées à la proximité des bureaux du Président Abbas.

Outre ces affrontements, les rapts d’activistes sont devenus une pratique courante à Gaza.

Samedi dernier, au moins 50 membres des services de sécurité du Fatah y ont été enlevés, parmi lesquels un neveu de Mohamed Dahlane, un des principaux responsables du Fatah, devenu une bête noire du Hamas. Neuf membres du Fatah et 32 éléments du Hamas étaient toujours détenus lundi dernier.

C’est dans cette situation délétère de guerre intestine palestinienne, dont Israël se frotte les mains en buvant du petit lait, que le roi Abdallah d’Arabie Saoudite a usé de ses talents de négociateur et obtenu un précaire cessez-le-feu et, mieux, convoqué une rencontre des deux factions palestiniennes rivales aux Lieux saints musulmans.

Pour dire vrai, le monarque wahhabite, à travers cette crise palestinienne, voulait lancer une offensive diplomatique sans précédent pour mieux contrer la montée de l’influence de l’Iran dans la région.

Cette influence, assez redoutée des Occidentaux et de leurs alliés arabes, s’exerce surtout sur les partis islamistes irakiens au pouvoir, le Hezbollah au Liban et le Hamas dans les territoires palestiniens.

Ainsi le roi Abdallah va tenter de réussir là où le raïs égyptien, Hosni Moubarak, a échoué avec fracas, ce, d’autant plus qu’il était fortement suspecté par l’autre camp de rouler pour le Fatah.

Mais avant la rencontre des Lieux saints de l’Islam, un vent d’optimisme soufflait déjà au Proche-Orient. Interrogé sur sa vision de cette rencontre interpalestinienne, le Premier ministre Ismaïl Haniyeh s’est déclaré convaincu qu’un accord va être possible à la Mecque, même si, par ailleurs, des sources militaires israéliennes affirmaient qu’il n’y a pas "d’accalmie en vue" dans les combats dans la bande de Gaza, entre le Hamas et le Fatah.

Au fait, quelles sont ces deux organisations palestiniennes, le Fatah et le Hamas, qui, depuis un certain temps, se livrent une lutte à mort ? Elles ont des origines différentes, ces deux organisations. La première, le Fatah que dirige le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est un Mouvement de libération nationale apparu à la fin des années 50 et au début des années 60. Au fil des ans, ce mouvement est devenu la principale force du nationalisme palestinien.

C’est l’organisation la plus importante au sein de l’OLP(1)et c’est elle qui constitue l’épine dorsale de l’Autorité palestinienne d’autonomie, mise en place dans le cadre des accords d’Oslo (Norvège) à partir de 1993.

Le Hamas, quant à lui, est un mouvement des Frères musulmans, qui a pour mot d’ordre principal la prédication active d’une certaine lecture de l’islam. A partir de 1987, dans le cadre de la première Intifada, le Mouvement des Frères musulmans en Palestine s’est trouvé contraint de participer à la lutte nationale contre l’occupation. De cette métamorphose du Mouvement des Frères musulmans est né le Mouvement Hamas.

Ce sont ces deux organisations palestiniennes militant pour la création d’un Etat palestinien et la fin de l’occupation militaire israélienne qui, paradoxalement, se font une guerre sans merci à Gaza, bipolarisant la scène politique au pays du Président Mahmoud Abbas.

Suprême symbole, c’est le lieu le plus saint de l’islam, la Mecque, que le monarque saoudien a choisi pour faire taire les armes du côté de Gaza et réconcilier les frères ennemis afin qu’ils mènent le seul combat qui vaille : celui pour le retrait des forces d’occupation et la création de l’Etat de Palestine.

Une manière pour le roi Abdallah de conférer un caractère sacré aux engagements que les responsables du Hamas et du Fatah pourraient prendre à cette occasion. Le dignitaire Saoudien sait pertinemment que la réussite est loin d’être gagnée d’avance, et qu’à travers cette médiation, il joue gros : sa crédibilité et son aura sous-régionale. Aussi, il n’ignore aucunement qu’il marche sur des œufs et il n’a, par conséquent, pas voulu être prétentieux quant à ses chances de succès.

Pour l’heure, le jeune frère du regretté roi Fahd, qui reste, quoi qu’on dise un homme qui compte dans cette géostratégie sous-régionale, évolue à petits pas : il entend d’abord obtenir un cessez-le-feu entre les frères ennemis palestiniens, puis, une fois le calme revenu, les pourparlers entre le président du Fatah, Mahmoud Abbas, et son Premier ministre issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, pourraient reprendre.

Avec, bien sûr, le même objectif : constituer un gouvernement palestinien qui puisse bénéficier de la reconnaissance de la communauté internationale, afin d’obtenir une reprise de son aide financière directe.

Mais, le seul fait d’avoir réussi à réunir à la Mecque les deux frères ennemis palestiniens montre, s’il en est besoin, que le roi Abdallah a frappé un grand coup. Et ainsi, au moins ce serait une bataille de gagnée en attendant... la guerre. A la Mecque, Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal, le leader du Hamas, tenteront de surmonter les divergences qui ont empêché la formation d’un cabinet d’union, en dépit de plusieurs mois de dialogue.

Le Premier ministre palestinien, issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, sera également de la partie, alors que les pourparlers continuent de buter sur les questions - clés des relations avec Israël et de la répartition des portefeuilles dans un gouvernement d’union.

On se souvient encore que le refus du Hamas de reconnaître le droit d’Israël à l’existence et les accords passés entre l’OLP et l’Etat Hébreu, contrairement à ce qu’exige le quartette (ONU, USA, Europe, Russie), avait entraîné la suspension des aides financières occidentales directes à l’Exécutif palestinien, laissant ainsi les territoires occupés au bord de l’asphyxie.

Ce qui était nébuleux hier commence, à la surprise générale, à s’éclaircir, et dans le monde arabe on croit rêver, car la paix semble à portée de main. Cette probabilité est d’autant plus forte que les protagonistes disent en chœur négocier de "manière sincère" et que l’échec est interdit en ce haut lieu de l’islam. Mais quelle que soit l’issue de ces pourparlers, le roi Abdallah, lui, aura joué sa partition : renouer le dialogue interpalestinien. Ce qui n’est pas rien.

Boureima Diallo

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 7 février 2007 à 10:53 En réponse à : > HAMAS / FATAH : Le miracle de la Mecque aura-t-il lieu ?

    Votre article est intéressant cependant j’ai été étonné par cette affirmation :
    "C’est dans cette situation délétère de guerre intestine palestinienne, dont Israël se frotte les mains en buvant du petit lait..."
    Je ne vois pas ce qui vous fait penser cela, en effet il est clair que la paix est la meilleur chose qui porrait arriver aux deux parties or les divisions entre les palestiniens ne peuvent que compliquer les négossiations. Quel est l’intéret de signer un traité de paix avec le gouvernement palestinien si celui-çi n’est pas représentatif du peuple ?
    Ces troubles ajoutent encore plus de complication à une situation déjà très compliquée... donc cela ne peut qu’être une mauvaise chose pour la paix et donc pour Israël...

  • Le 8 février 2007 à 09:34, par Delpard En réponse à : > HAMAS / FATAH : Le miracle de la Mecque aura-t-il lieu ?

    C4est avec la publication d’articles comme le votre que les guerres ont encore de belles années devant-elles. Dire qu’Israël se frotte les mains est un déni de vérité, et une façon réductrice d’analyser les événements et l’histoire. L’auteur de cet article est un meurtrier comme tous les journalistes qui ne livrent plus l’inforlmation, mais font de l’idéologie. Je vous mérpise.

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