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Prolongation du mandat de Gbagbo : L’Union africaine et l’ONU optent pour la solution de facilité

Publié le mardi 17 octobre 2006 à 07h47min

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Un sommet de plus se tient en principe aujourd’hui 17 octobre à Addis Abeba (Ethiopie) sur la Côte d’Ivoire. Enième thérapie qu’on veut administrer à un malade qui renâcle à prendre ses médicaments, cette réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) veut formaliser davantage les mesures prises lors du Sommet de la CEDEAO le 6 octobre dernier.

A Abuja, en effet il y a à peine une dizaine de jours, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de la CEDEAO avaient arrêté des recommandations qu’ils entendent appliquer. On sait que depuis que l’ONU a mis en marche la résolution 1633 en novembre 2005, nommant de ce fait un Premier ministre en la personne de Charles Konan Banny et prolongeant le mandat du président Gbagbo, un "plan de sortie de crise" avait été ébauché.

Ce plan reprend tout ce qui a été dit lors des Sommets de Lomé, Accra, Marcoussis, Pretoria,... qui se résume en trois (3) initiales : DDR, le fameux désarmement, démobilisation, réinsertion. Une feuille de route qui a échu au PM et à son gouvernement de transition.

Et donc Charles Konan Banny s’est immédiatement mis à l’œuvre, en initiant les audiences foraines, un moyen de dénombrement des Ivoiriens en âge de voter, ce qui permettrait, au finish, d’avoir un fichier électoral fiable, à tout le moins expurgé des noms des morts, des mineurs et des étrangers.

Etrangers, allochtones, dioulas, nordistes, c’est sur ces appellations que butent ceux qui tentent de mettre le processus de paix sur les rails.

Les pro-Gbagbo sont réfractaires aux audiences foraines, car, selon eux, c’est la voie royale pour fourguer des étrangers pour voter. Pour eux, il faut que ceux de Soroland désarment avant que tout acte allant dans le sens de la mise en œuvre du processus soit posé.

De leur côté, les ex-rebelles estiment qu’il faut donner des actes de naissance et des certificats de nationalité à tout Ivoirien âgé de 18 ans révolus. Ce sujet qui fâche constitue le nœud gordien du processus. Il est le facteur de blocage de toute solution à la crise ivoirienne. Mieux, les Forces nouvelles demandent désormais le départ de Laurent Gbagbo de la présidence, car pour elles, après le 30 octobre, il n’est plus le président de la Côte d’Ivoire. Réponse du berger à la bergère : "Je suis élu président de la Côte d’Ivoire, c’est la Constitution qui est ma boussole", affirmait Gbagbo.

Manifestement, c’est bis repitita pour le président ivoirien qui verra donc son bail à la présidence prorogé de 12 mois, car le CPS ne fera que "donner un délai de un an à partir du 1er novembre 2006 jusqu’à octobre 2007 pour organiser des élections visant à réunifier un pays coupé en deux depuis septembre 2002".

Aujourd’hui, à Addis Abeba, le CPS reprendra mutatis mutandis les dispositions de la résolution 1633 de l’année dernière, sauf que, question déjà évoquée dans le passé, Konan Banny sera l’homme pivot du processus, et le chef de l’Etat verra ses pouvoirs amenuisés. Malgré cette perspective, nombreux sont ceux qui affirment qu’il n’est plus question de maintenir Gbagbo à la tête de la Côte d’ivoire.

Seul hic dans leur opposition, que proposent-ils comme solution de rechange ? C’est évident que c’est la solution de facilité, car on fait du surplace, mais n’est-ce pas la voie du moindre pire, que de transformer Gbagbo en une sorte de Reine d’Angleterre, plutôt que d’ouvrir le chemin à la logique de l’affrontement ?

En maintenant Gbagbo scotché à son fauteuil, l’Union africaine et l’ONU optent pour la solution de facilité, mais ont -elles le choix ? Encore que ce ne soit pas certain que Banny puisse agir à sa guise sans le feu vert de Gbagbo, autrement dit, c’est bien le chef de l’Etat qui sera l’homme central de cette crise, pas Banny, avec cette résolution 1633 bis !

Il s’agit également d’une petite victoire de Gbagbo sur la Communauté internationale, car à force de tergiversations, de chassés-croisés diplomatiques, de menaces, l’homme est parvenu, à ce que cette Communauté reconduise une mesure, déjà sujette à caution pour la deuxième fois. Et encore, qu’on se le dise, si en octobre 2007, les méthodes pour solutionner cette crise ne changent pas, le président restera toujours assis dans son fauteuil, et les élections seront renvoyées de nouveau aux calendes ivoiriennes.

Le camp Gbagbo doit également se convaincre que le préalable du dépôt des armes, avant tout solutionnement, est difficilement acceptable, pour la simple raison que les Forces nouvelles ont pris les armes le 19 septembre 2002 pour obtenir quelque chose, et tant qu’ils n’auront pas obtenu gain de cause, ils ne désarmeront pas.

Compréhensible aussi la position de Gbagbo, car un président ne peut être que turlupiné par une partition de fait de son pays, et il est de bonne guerre de sa part de vouloir reconquérir ce Nord où il n’a pas mis les pieds depuis des années. Et n’eût été, on ne peut l’oublier, la présence des Marsouins de l’opération Licorne, qui s’interposent entre les deux camps, il y a longtemps "qu’ils se seraient rentrés dedans".

En se rendant à Addis Abeba donc, le fondateur du mouvement frontiste ivoirien part ragaillardi, conscient qu’il aura un blanc seing pour jouer les prolongations et que, sauf tremblement de terre, le 25 octobre prochain, l’ONU ne fera qu’entériner cette décision du CPS de l’Union africaine. Que fera Gbagbo de ce nouveau bail ? Que peut faire Banny ? Quel sort pour Thabo Mbéki dont le mandat comme médiateur de l’UA arrive en principe à terme ? Des questions suspendues à ce qui se passera sous Gbagbo II au-delà du 31 octobre 2006.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 17 octobre 2006 à 11:14, par B ! En réponse à : > Prolongation du mandat de Gbagbo : L’Union africaine et l’ONU optent pour la solution de facilité

    c’est la meilleure solution pour la Côte d’Ivoire et les ivoiriens le savent. Dans tous les cas, ceux même qui ont pris les armes savent ce que les ivoiriens pensent d’eux. ils ne sont pas les premiers à connaitre des frustructions dans ce pays. Que dire des zébiés et des sanvi qui ont été maltraités par le PDCI ; Est ceux la ont pris des armes pour détruire leur pays ; On est fatigué de tous ça.

    B !

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