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Port du casque : Revoir la copie mais sans reculer

Publié le lundi 4 septembre 2006 à 06h37min

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L’application du décret relatif au port obligatoire du casque se révèle difficile, surtout à Ouagadougou, la capitale. La police nationale et municipale a eu du mal à faire respecter cette mesure qui est entrée en vigueur le 1er septembre dernier.

Des échauffourées ont éclaté à certains endroits de la capitale, faisant des blessés et des dégâts matériels quand les policiers ont retiré des motos à des motocyclistes pour défaut de casques.

On a même assisté à des courses-poursuites entre des policiers et des manifestants hostiles au port du casque. Le décret sur le port obligatoire du casque est maintenant vieux d’un an. Si on remonte le temps, il faut le situer aux environs des années 1980. A l’époque, il y eut des gens pour s’opposer catégoriquement à cette obligation. L’Etat a dû reculer, laissant le champ libre à tous ceux qui voyaient à l’époque dans cette décision une mesure autoritaire, impopulaire et surtout pas de nature à protéger des accidents de la circulation.

Ce sont pratiquement les mêmes propos et les mêmes griefs qui sont tenus aujourd’hui. A moins d’être animé d’autres intentions ou de n’avoir pas bien saisi le sens de la mesure, on ne peut tout de même pas soutenir que le port du casque, même obligatoire, est anti-social ou contre-productif. On ne peut pas dire non plus que la sensibilisation sur le bien-fondé du port de casque a été faible ou insuffisante pour qu’on passe à la répression.

Même si on passait tout le temps à expliquer le sens de cette mesure, il y aura toujours, pensons-nous, des gens pour la trouver inefficace, insensée et inopportune. Il y en aura pour soutenir que la protection des crânes n’est nullement une priorité ! Disons tout simplement que toute mesure, même salutaire aura toujours ses opposants. Un Etat soucieux de la protection de sa population ne peut agir autrement que de prévenir. C’est le cas ici de le dire. Si l’on s’en tient aux statistiques des hôpitaux, notamment à celles du Centre hospitalier universitaire de Ouagadougou, il est temps d’agir.

Dans le seul mois de juillet dernier, il y a eu 181 cas de traumatismes crâniens. Les sapeurs-pompiers relèvent quant à eux, que sur les 487 victimes d’accidents enregistrés dans le mois d’août, de cette année, il y a eu 86 cas de traumatismes crâniens. Les services de santé affirment que 76% des engins à deux roues sont impliqués dans 78% des accidents dont 74% de traumatismes crâniens. Ces chiffres sont effrayants. On ne peut accepter cet état de chose pendant longtemps si on ne veut pas le regretter tôt ou tard.

Certains d’entre nous connaissent dans leur entourage immédiat ou lointain des personnes condamnées physiquement ou mentalement à vie du fait d’accidents de la circulation. Quand nous écoutons certains sur le port obligatoire du casque, beaucoup en voient le bien-fondé même s’ils regrettent parfois son caractère contraignant ou émettent des doutes sur l’efficacité de ce moyen de protection. Il y en a pour mettre en cause la fabrication même du casque qui n’aurait pas, à leurs yeux, les accessoires nécessaires au confort à la sécurité.

Plus sérieusement, nombreux sont ceux qui estiment sans rejeter la mesure qu’à l’approche de la rentrée scolaire avec des frais de scolarité révisés à la hausse dans les établissements d’enseignements privés pendant qu’on assiste à une augmentation vertigineuse des prix des hydrocarbures et de l’électricité avec toutes les conséquences qui s’en suivent, l’obligation de porter un casque est inopportune.

Parce qu’elle engendre à leurs yeux des dépenses supplémentaires alors que la vie est de plus en plus chère pour des Burkinabè de plus en plus pauvres. Une triste réalité mais qui ne devrait tout de même pas s’opposer à la volonté de l’Etat de protéger, en tout temps et quelles que soient les circonstances, sa population.

Cependant, l’Etat pourrait revoir sa copie en tenant compte des leçons du passé et des réactions de la population pour l’enrichir même si elle est à saluer. On remarque par exemple que certains de nos motocyclistes ne respectent pas les dispositions élémentaires du code de la route. Pourquoi ne pas mettre d’abord l’accent sur l’apprentissage et le respect du code de la route ? Au-delà, il faut que l’Etat se fasse respecter et qu’il instaure une discipline sociale. Dans le cas contraire, il aura du mal à administrer.

Si l’Etat recule encore sur la même question comme en 1978, il ne fera que reculer chaque fois qu’il y a opposition à une mesure, fut-elle importante. En d’autres mots, il ne dirigera pas. Le port du casque devrait faire partie de nos comportements. Avec l’habitude, la polémique à laquelle nous assistons n’aura plus de raison d’être pour ne pas dire qu’elle disparaîtra d’elle-même.

Par Béssia BABOUE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 4 septembre 2006 à 13:16 En réponse à : > Port du casque : Revoir la copie mais sans reculer

    Si vous n’avez rien à dire sur ce sujet, c’est mieux de vous taire. c’est pas un phénomène de mode. il ne faut pas toujours defendre ce qui n’est pas réaliste.
    Portez vos chaussures et allez dire au gouvernement de ne pas reculer par rapport à ce sujet. Et ne jouez au sapeur pompier ici.

    Y a t’il une prise en charge de traumatisme cranien dans nos hoptitaux ? pour que ça préoccupe tant des gens qui ne se sont jamais soucié de la santé de la population.
    Le casque n’est pas la principale cause des accidents au burkina.
    Allez y les chercher ailleurs.
    Que dites vous des gens qui meurent de paludisme parceque vivant dans des quartiers sales dans une pauvrité absolue.
    Que vous dites des voies qui ne correspondent meme plus à aucune norme de circulation.

  • Le 4 septembre 2006 à 15:05 En réponse à : > Port du casque : Revoir la copie mais sans reculer

    La mesure sur le port obligatoire du casque suscite des reactions hostiles de la population pour des raisons tres objectives. Depuis plusieurs annees les autorites feignent d’ignorer la cherte de la vie en faisant la sourde oreille aux revendications des travailleurs. Ceux qui se plaignent de la mesure ne sont pas de la categorie des travailleurs qui peuvent se procurer un casque comme s’ils s’acheteraient un paquet de cigarettes au sortir d’une buvette. Ceux-la sont une infime minorite ! Les plaintes viennent plutot de la tres grande majorite des travailleurs honnetes qui vivent seulement de leur petits perdiems de salaires, qui jonglent avec les decouverts et les petits emprunts par-ci par-la pour joindre les deux bouts tout en faisant face a l’augmentation du prix du carburant, de l’electricite, et de certains produits de grande consommation. Il y en a qui ne peuvent meme pas economiser l’equivalent du prix d’un casque en trois ou quatre mois. Cela peut paraitre incroyable mais c’est une realite qui peut etre constatee dans le pays.

    Nous sommes d’accord que l’Etat ne doit pas reculer. La mesure est juste pour un pays qui a des milions de cyclomoteurs dans ses rues etroites, avec des conducteurs qui ne sont obliges de passer par une auto-ecole.
    MAIS il faut absolument ecouter cette grande majorite des travailleurs qui se plaignent ! On entendra des propos du genre "un salaire n’est jamais suffisant", "ceux qui ne s’en sortent pas, gerent mal", etc. C’est de la pure demagogie !

    Avant de reprimer, l’Etat pourrait considerer les solutions suivantes :
    - geler la repression pendant au moins six mois pour laisser le temps a chacun de se procurer un casque.
    - gerer la flambee le marche du casque : Obliger tout le monde a avoir le casque pendant ce mois de Septembre ne fait que provoquer une flambee du prix dus casque, le rendant ainsi de plus en plus inaccessible aux petits revenues. Par contre, l’inflation peut etre contenue si le delai d’acquisition du casque est etalee sur plusieurs mois.
    - pendant cette periode de six mois, toute vente d’engins a deux roues neufs ou de seconde main DOIT inclure un casque, accessoire obligatoire ;
    Merci.

  • Le 4 septembre 2006 à 19:25 En réponse à : > Port du casque : Revoir la copie mais sans reculer

    C’est donc vous le proche de Blaise dont RFI a parlé.Il semblerai que vous detener un lot de casques dont vous avez du mal à écouler, d’où cette mesure de port obligatoire du casque pour vous venir en aide.
    Laissons nous mourrir de traumatisme crâniens.
    Ensuite, est-ce que ces casques sont-ils fabriqués au Burkina ?
    Obligé d’abord à consomme Burkinabè et on aura les moyens de porter les casques fabriqués en chine.

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