Fête de la bière : Au coeur d’une manifestation décriée
Le site du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) a accueilli, du 28 avril au 7 mai 2006, la 6e édition de la fête de la bière. L’endroit n’a pas désempli. Et ce ne sont pas les excès et autres incidents qui ont manqué.
Parkings débordés, des agents de sécurité bien présents. Amateurs de boissons ou simples curieux, la fête de la bière a drainé un beau monde. Ce fut "l’union sacrée autour de la bière", de l’avis de Pierre Damien Dipama, un fêtard qui ingurgitait la 8e des 15 bières qu’il était venu consommer.
Le site du SIAO était devenu exigu pour l’occasion au regard de la forte affluence. Les tenanciers des débits de boissons occupant les 40 stands, les "parkeurs", les bouchers et autres marchands se frottent les mains. "Nous avons fait de bonnes affaires mais il y a eu des clients qui n’ont pas reconnu la couleur de leur engin sous l’effet de l’alcool", a confié Madi, un gérant de parking. Il a eu fort à faire pour les "réveiller". Dans le tintamarre servi par la multitude de sonos, l’alcool a fait ses effets. Certains se sont lancé des défis pour la palme du plus grand consommateur de Guinness, de Castel ou de Flag.
A l’image d’un "compétiteur" tombé K.O. et repêché par les agents de sécurité, ils étaient nombreux ceux qui auraient fait exploser des ballons d’alcootest à 100 mètres de distance. Un groupe de jeunes dansent devant une cinquantaine de bouteilles d’alcool posées sur leur table, et, visiblement éméchés, ils ont décliné l’offre de notre photographe de les immortaliser car leurs "vieux" seront furieux de les voir ainsi, ont-ils relevé.
Rasmané Ouédraogo, un "godeur modéré", pense que les organisateurs pourraient éviter les excès en marquant par exemple sur la main de chaque consommateur d’alcool un signe à l’encre indélébile pour contrôler le nombre de bouteilles raisonnable. Pierre Damien n’est pas de cet avis. Pour lui, les gens sont libres de boire la quantité qu’ils souhaitent. "C’est une question de moyens", a-t-il lancé, et d’ajouter que même en dehors de cette fête les gens se saoulent.
Boureima Ouédraogo, un sociologue que nous avons rencontré fortuitement, s’est interrogé sur l’opportunité d’une telle manifestation. Pour lui, "s’il est vrai que c’est l’occasion pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir une boisson à moindre coût, il faut aussi admettre que pour un pays comme le Burkina où les problèmes sont immenses, une fête de la bière ne peut qu’en rajouter aux problèmes, avec les dégâts que favorise la consommation de l’alcool, surtout dans la dépravation des moeurs". Les organisateurs avouent redoubler d’initiatives au fil des éditions pour corriger les insuffisances, mais ils reconnaissent également que beaucoup d’efforts restent à consentir.
Au nombre des dispositions prises pour cette édition, le secrétaire général du syndicat national des travailleurs de débits de boissons, Félix Bambara, a fait cas de l’accès interdit aux mineurs et aux "mamzelles" vêtues en sexy, et la révision des heures de fermeture ramenées à 24h au lieu de 2h du matin les week-ends. En attendant de disposer de chiffres pour faire le point, l’idée de réduire la durée de la fête trotte aussi dans les têtes des organisateurs, qui disent être sensibles aux préoccupations des uns et des autres.
Par Kab’s (Collaborateur)
Le Pays
Vos commentaires
1. Le 10 mai 2006 à 15:44, par Kiemdé Chrsitian En réponse à : > Fête de la bière : Au coeur d’une manifestation décriée
Votre journal est connu pour son serieux dans le choix de ses sujets, je le lis souvent dans le "courrier international" comment cautionner de tels actes.
Avec le nombre si élevé de festivals que Ouaga organise si on doit ajouter ce ridicule de fete de biere alors là nous sommes tombés si bas.
De par vos articles, sensibilisez nos jeunes à plus de vertu.
Que font nos docteurs et scientifiques burkinabè ?
A chercher des postes politique au lieu d !eduquer nos jeunes.
Kiemdé Christian.
Amerikalei 97,
Anvers.
Le 11 mai 2006 à 12:19, par KERE En réponse à : > Fête de la bière : Au coeur d’une manifestation décriée
C’est avec amertume, desolation, que nous constatons encore que cette 6e edition de l’indigne et macabre fete de l’alcool a encore eu lieu , et comme les memes causes produisent les memes effets , les urgences dans nos centres medicaux n’ont pas desempli. Avec toutes les critiques qui ont demontre le caractere nocif, dangereux et meme criminel de cette foire alcoolo, des operateurs qui n’ont pour seul souci que de se faire de l’argent maudit sur la depouille de personnes irresponsables continuent d’ennivrer notre jeunesse sous les yeux cyniquement complice des autorites politiques. Ceux qi pensent que c’est une liberte se trompent. Dans une societe il y a toujours des regles et des valeurs permettant d’assurer un minimum pour la securite et la sante meme des citoyens. De ce fait, meme les irresponsables ont le droit d’etre proteges et cela commence la fermeture et l’onterdiction pure et simple de ces malheureux lieux qui les exposent a tout risque. Ou est parti le maire avec sa lutte contre le tout alcoolo en autorisant la tenu d’une telle beuverie. Quelle honte pour notre pays au bord de l’impasse et de l’ivresse. Heureusement qu’il y a encore quelques personnes qui restent lucides. Plus jamais ca au Faso. Notre pays dans un contexte de vie chere merite mieux qu’une fete de saoulars.
Mikaillou KERE
2. Le 10 mai 2006 à 18:13 En réponse à : > Fête de la bière : Au coeur d’une manifestation décriée
Une honte. Pendant qu’à ailleurs, des gouvernants se battent pour réduire la consommation de l’alcool par les jeunes, parce qu’il nuit à la santé, donc à l’avenir de ceux qui sont chargés de construire la société de demain, chez nous on encourage la jeunesse à boire en aménageant même des endroits pour cela. Pendant ce temps on refuse des salles à des élèves et étudiants qui veulent se réunir pour discuter de leurs conditions de vie et d’études. Tant que les jeunes veulent se détruire, on s’en fou à partir du moment où les intérêts de ceux qui nous gouvernent ne sont pas menacés, par contre quand il s’agit de discuter de problèmes liés à l’avenir de notre société, alors là, on met les verrous. Une honte pour le pays !
Le 10 mai 2006 à 19:38, par neyb En réponse à : > Fête de la bière : Au coeur d’une manifestation décriée
C’est une affaire qu’on ne doit plus refaire au faso
Le 10 mai 2006 à 22:19, par C En réponse à : > Fête de la bière : Au coeur d’une manifestation décriée
Je pense que chacun a sa pensée là dessus.Il est vrai que la fète de la bière a de nombreuse conséquences néfastes,mais il serait mieux que ceux qui veulent qu’on la supprime sachent que "Nul n’est obligé d’y aller" .Et quand on choisi d’y aller il faut ètre responsable de ses actes et peser les conséquences.Toute bonne conscience sait qu’il n’est pas une obligation d’ètre ivre au retour de la fète de la bière !
Mieux serait de bien revoir l’organisation pour que celles à venir soient meilleures.
Laissez cette fète tranquille,car nous savons tous qu’il ya pire que ça.
Coulibaly Adama.M
Le 11 mai 2006 à 04:30 En réponse à : > Fête de la bière : Au coeur d’une manifestation décriée
C’est honteux, c’est choquant... on est tres inventif quand il s’agit detruire la jeunesse ou de depraver les moeurs....quant il s’agit d’education, de construire plus d’amphi, de donner plus d’acces a l’education, on crie au manque de moyens...Nous souffrons plus de manque de volonte politique, de personnes consciencieuses, d’hommes integres que de moyens materiels ou financiers....vraiment j’en ai honte.