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Burkina/Coutumes et traditions : Un Conseil de paix de Naaba Kiiba pour conjurer le sort dans le canton de Rissiam, dans le Centre-nord

Publié le lundi 11 mars 2024 à 21h50min

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Burkina/Coutumes et traditions : Un Conseil de paix de Naaba Kiiba pour conjurer le sort dans le canton de Rissiam, dans le Centre-nord

Face à la situation sécuritaire difficile que vit le pays, particulièrement la province du Bam (région du Centre-nord), le chef de canton de Rissiam, Naaba Kiiba, a tenu un conseil avec ses sujets pour donner des instructions en matière de rites pour un retour à la paix. Une délégation du Naaba Kiiba, roi du Yatenga, conduite par le Baloum Naaba Tanga II (ministre du roi du Yatenga), est, à cet effet, allée pour réaffirmer l’autorité du chef de canton basé à Sabcé, seule et unique autorité coutumière légitime dudit canton qui relève de son royaume. C’était le samedi, 9 mars 2024 au palais du chef de canton à Sabcé, dans la province du Bam.

Pour la quête de la paix et de la cohésion sociale au Burkina Faso, des leaders coutumiers ne se lassent pas d’initiatives. C’est le cas avec le chef de canton de Rissiam, Naaba Kiiba, qui, avec ses administrés, a imploré les mânes des ancêtres.

Les envoyés du roi de Yatenga ont réaffirmé l’autorité de Rissiam Naaba Kiiba.

Forgerons, Nioniossés, Bougba, Tansoba,… bref tout ce que le canton de Rissiam compte comme composantes coutumières étaient au rendez-vous de cette convocation solennelle de leur chef, Naaba Kiiba, siégeant à son palais à Sabcè, chef-lieu de commune de la province du Bam. Les troupes de danses traditionnelles avec une diversité d’instruments : tambours, calebasses, hochets, cymbales, flûtes rivalisent notamment de danses « warba » et « namaoré », créant ainsi une ambiance de fête, même si le sujet à l’ordre du jour est plus que préoccupant, à savoir l’insécurité. C’est dans cette ambiance que les chefs coutumiers, identifiables par leurs bonnets rouges, ont pris place sous les tentes avant d’accueillir, à leur tour, le maître des lieux, Naaba Kiiba. Majestueusement vêtu, Naaba Kiiba, au rythme des tambours et des cris de joie de ses sujets, prend place sur une grande chaise dressée pour la circonstance et en face de l’assistance.

Les envoyés du roi du yatenga, posant avec le Naaba Kiiba du canton de Rissiam.

Cette étape d’accueil est suivie de celle de prosternation des différents chefs, décoiffés de leurs bonnets, pour montrer leur allégeance à l’autorité supérieure. Le doyen du collège électoral coutumier, composé de sept chefs de terre, le chef de terre de Boalin, demande quelques minutes pour livrer un cours d’histoire aux jeunes générations.

S’adressant à ses sujets sur l’objet de la rencontre, Naaba Kiiba, d’un ton grave, fait remarquer que son canton s’investit dans les efforts de paix. C’est pourquoi, et parmi les actions entreprises, il y a une collecte de fonds pour soutenir les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

« Je vous avais réuni autour de la situation sécuritaire, et du nécessaire vous a été remis pour faire des sacrifices et invoquer nos ancêtres pour le retour de la paix. Vous avez obéi et nous constatons des résultats sur le terrain. La rencontre d’aujourd’hui, c’est pour exhorter à poursuivre l’action et à la consolider. Je vous donnerai de quoi le faire. Les autorités nous rassurent que cette année, les choses iront mieux. Nous avons foi qu’avec le concours de tous, ce sera effectivement le cas. (…). Mon souhait, c’est le retour des déplacés internes et le retour de la paix au Burkina Faso », a dit Naaba Kiiba à ses interlocuteurs.

Le doyen du collège électoral, le chef de terre de Boalin, en pleine libation pour la paix.

Se servant d’un pot de bière de mil et une calebasse d’eau, le chef de terre a, séance tenante, fait une libation pour la paix.

« Vérité historique », selon les émissaires du roi du Yatenga

La cérémonie a été l’occasion pour les mandataires du roi du Yatenga de « rétablir » ce qu’ils ont appelé « vérité historique » sur le canton Rissiam. En effet, retracent-ils, le canton de Rissiam est coutumièrement lié au royaume du Yatenga. Dès qu’un chef décède, un collège électoral de sept membres procède immédiatement à l’élection de son successeur ; d’où le slogan « Sabcè kon vig-naam », pour signifier que Rissiam Sabcé ne manquera jamais de chef et que le poste ne sera jamais vacant, et c’est ce qui s’est passé avec l’actuel chef, le Naaba Kiiba. C’est pourquoi, ces notables ont confié que le roi a été attristé d’apprendre que quelqu’un est venu de Ouagadougou, prétendant parler au nom du Mogh Naaba pour reconnaître la légitimité d’un chef qui n’est pas basé à Sabcé. « Nous étions à Ouahigouya, une délégation de Rissiam est venue se plaindre de l’intrusion d’un autre royaume dans les affaires de Rissiam, alors que Rissiam dépend du Yatenga. (…). Populations du canton de Rissiam, Sa majesté Naaba Kiiba me charge de vous dire de ne reconnaître que pour unique et légitime chef de canton le Naaba Kiiba ici présent », a dit le chef de délégation sous les acclamations de l’assistance.

Le Rissiam Naaba Kiiba

Le doyen du collège électoral, le chef de terre de Boalin, apporte lui également, des éclaircissements : « Notre ancêtre Naaba Tanssingo, fils de Naaba Kouda, est parti de Ouagadougou pour Ouahigouya avant de s’établir à Tulfé, un canton des Fulsé. Il s’établira tour à tour à Koulwéogo, Lourgou, Sakou, Rissiam-Tangzugu et enfin à Sabcé ; parce que la zone était peuplée d’arbres fruitiers, notamment de cerisiers sauvages et de lianes. Dans notre canton, il n’y a jamais vacance de pouvoir ; dès qu’un chef décède, les sept membres du collège électoral élisent immédiatement son successeur. Toute autre considération n’est que combines politiques qui n’engagent que leurs auteurs. Ici, on ne transige pas avec les coutumes. Le Naaba de Rissiam a intronisé trois chefs de canton : Dialobé-Rissiam avec pour capitale Zoura Fulbé, Tulfé et Kirgtenga ».

Une cérémonie dans une forte mobilisation des populations.

Cette cérémonie de paix et cohésion sociale arrive quelques jours après l’adoption en conseil des ministres, le 6 mars 2024, d’un décret portant célébration des pratiques coutumières et traditionnelles chaque 15 mai.

O.L
Lefaso.net

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