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Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

Publié le jeudi 7 mars 2024 à 10h00min

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Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

Chassée par le père de ses enfants, Raïnatou Sigué a dû se livrer à la mendicité. Se voyant refuser des petits boulots en raison du bas âge de ses enfants, la jeune mère compte chaque jour sur les personnes de bonne volonté pour vivre. Elle nous raconte comment elle est passée du statut de femme au foyer à celui de mendiante.

A vu d’œil, on la confondrait aux mères de jumeaux qui mendient pour des croyances culturelles. Pourtant, c’est au regard des conditions difficiles dans lesquelles elle vit que Raïnatou Sigué s’est résignée à mendier. Sa vie a presque basculé après la naissance de ses fils. Alors qu’elle vivait à Ouahigouya chez son père, elle se marie en 2019 et part s’installer avec son époux à Sabcé, dans la province du Bam. Tout se passe bien avec ce dernier jusqu’à ce qu’elle mette au monde des jumeaux. « Quand j’ai accouché de jumeaux, il n’était pas content et il a commencé à me frapper régulièrement. Je me débrouillais pour me nourrir et m’occuper des enfants. Il m’a dit que la naissance de ces jumeaux va le tuer », a-t-elle expliqué avec peine.

Chaque jour Raïnatou Sigué sors avec ses enfants pour mendier

Suite à ce problème, elle rentre d’abord chez son père en espérant que la situation s’apaise puis rejoint son foyer en espérant que les choses changent. « Durant mon séjour chez mon père, il a épousé une autre femme veuve et mère de cinq enfants. Quand je suis revenue, il m’a encore demandé de partir puis sa femme et lui m’ont violenté ». Malgré tout, Raïnatou Sigué essaie de rester dans son foyer pour « l’honneur de sa famille », mais son mari est catégorique : elle doit partir.

Ne pouvant pas rester chez son père en raison des préjugés, sa tante (sœur de sa mère) se propose de l’héberger chez elle à Ouagadougou. Elle tente de trouver du travail comme lessiveuse ou dame de ménage mais en raison de ses deux mômes qui la suivent en permanence, les gens sont réticents. « J’avais eu du travail chez une dame à mon arrivée pour laver ses assiettes dans un restaurant, mais elle a dit que mes enfants dérangent », indique Raïnatou Sigué. Pour elle, le fait d’être illettrée est un handicap parce qu’elle n’a pas aussi appris un métier.

La jeune mère espère trouver du travail et abandonner la mendicité quand ses enfants ne seront plus attachés à elle

Donc, chaque matin, elle met un des enfants au dos et tient l’autre à l’avant pour parcourir les rues. Selon elle, mendier lui permet de gagner entre 800 et 1 000 francs CFA par jour pour manger. « Je suis dans une famille d’accueil, mais elle aussi ne s’en sort pas. Le mari de ma tante est vieux et n’a pas de revenu. Souvent, c’est avec ce que je gagne que nous mangeons tous ici ».

Sa tante, dame Sawadogo qui l’héberge actuellement, est celle qui l’a aidé à venir à Ouagadougou. Elle affirme ne pas comprendre les raisons qu’avance le mari de sa nièce et pense qu’il cherche des poux sur un crâne rasé. « Il savait très bien que dans la famille de Raïnatou, il y a beaucoup de naissance de jumeaux », lance la tante.

Dame Sawadogo, la tante de Raïnatou Sigué l’a herbegé chez elle

Ses enfants âgés d’un peu plus de deux ans se sont habitués à tendre la main aux passants sur la route. Leur mère dit ne pas en être fière mais n’aurait pas de meilleure alternative pour le moment. « Quand, ils vont se détacher de moi je vais chercher un travail parce que ce n’est pas facile de tourner sous le soleil tous les jours », nous confie-t-elle demandant à des personnes de bonne volonté de l’aider à trouver une activité.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 mars à 14:47, par ZG En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    J’ai des larmes yeux et le coeur meurtri. Ca alors ! Dieu es grand madame !

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  • Le 6 mars à 15:20, par fmm En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    huum les conseils que je donne au femme faite attention a la vie virtuelle sinon vous allez ce retrouvez dans des conditions vraiment deplorable et accuser les hommes de tous les crimes. Si l’homme ta chasser ce n’est pas a cause de tes jumeaux mais plutôt de ton comportement malsain…S’il n’y avait pas trop de défaut en toi la famille de l’homme ne pouvait pas ne s’imposser pour ton depart à cause des jumeaux que tu portes. Si tu penses que l’homme ne fait pas d’effort pour toi et tu l’insulte souvent meme des injures en comparent aux autres foyers en croyant les images de dehors vous ne pouvez pas ne pas mendiez... Si tu refuses le don avec la gauche au finisse tu ramasseras par terre.

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  • Le 6 mars à 15:35, par SP En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    Votre journal devrait avoir une rubrique demandant aux bonnes volontés de faire quelque chose pour ces genres de personnes.
    Lêlensi vous allez reporter la fin du mois du petit samo.

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  • Le 6 mars à 15:46, par jan jan En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    Qu’est-ce que l’action sociale prévoit pour ce genre de cas ?

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  • Le 6 mars à 16:44, par dounia En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    une triste histoire. pour les prochaines fois songer à joindre un numéro de téléphone. Une bonne volonté pourrait lui venir en aide. Mieux vaut tard que jamais

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  • Le 6 mars à 20:55, par Passakziri En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    ".... Dans la société esclavagiste, l’homme esclave était considéré comme un animal, un moyen de production de biens et de services. La femme, quel que fût son rang, était écrasée à l’intérieur de sa propre classe, et hors de cette classe même pour celles qui appartenaient aux classes exploiteuses.

    Dans la société féodale, se basant sur la prétendue faiblesse physique ou psychologique des femmes, les hommes les ont confinées dans une dépendance absolue de l’homme. Souvent considérée comme objet de souillure ou principal agent d’indiscrétion, la femme, à de rares exceptions près, était écartée des lieux de culte.

    Dans la société capitaliste, la femme, déjà moralement et socialement persécutée, est également économiquement dominée. Entretenue par l’homme lorsqu’elle ne travaille pas, elle l’est encore lorsqu’elle se tue à travailler. On ne saurait jeter assez de lumière vive sur la misère des femmes, démontrer avec assez de force qu’elle est solidaire de celle des prolétaires.

    De la spécificité du fait féminin.

    Solidaire de l’homme exploité, la femme l’est.

    Toutefois, cette solidarité dans l’exploitation sociale dont hommes et femmes sont victimes et qui lie le sort de l’un et de l’autre à l’Histoire, ne doit pas faire perdre de vue le fait spécifique de la condition féminine. La condition de la femme déborde les entités économiques en singularisant l’oppression dont elle est victime. Cette singularité nous interdit d’établir des équations en nous abîmant dans les réductions faciles et infantiles. Sans doute, dans l’exploitation, la femme et l’ouvrier sont-ils tenus au silence. Mais dans le système mis en place, la femme de l’ouvrier doit un autre silence à son ouvrier de mari. En d’autres termes, à l’exploitation de classe qui leur est commune, s’ajoutent pour les femmes, des relations singulières avec l’homme, relations d’opposition et d’agression qui prennent prétexte des différences physiques pour s’imposer.

    Il faut admettre que l’asymétrie entre les sexes est ce qui caractérise la société humaine, et que cette asymétrie définit des rapports souverains qui ne nous autorisent pas à voir d’emblée dans la femme, même au sein de la production économique, une simple travailleuse. Rapports privilégiés, rapports périlleux qui font que la question de la condition de la femme se pose toujours comme un problème.

    — –

    L’homme prend donc prétexte la complexité de ces rapports pour semer la confusion au sein des femmes et tirer profit de toutes les astuces de l’exploitation de classe pour maintenir sa domination sur les femmes. De cette même façon, ailleurs, des hommes ont dominé d’autres hommes parce qu’ils ont réussi à imposer l’idée selon laquelle au nom de l’origine de la famille et de la naissance, du « droit divin », certains hommes étaient supérieurs à d’autres. D’où le règne féodal. De cette même manière, ailleurs, d’autres hommes ont réussi à asservir des peuples entiers, parce que l’origine et l’explication de la couleur de leur peau ont été une justification qu’ils ont voulue « scientifique » pour dominer ceux qui avaient le malheur d’être d’une autre couleur. C’est le règne colonial. C’est l’apartheid.

    Nous ne pouvons pas ne pas être attentifs à cette situation des femmes, car c’est elle qui pousse les meilleures d’entre elles à parler de guerre des sexes alors qu’il s’agit d’une guerre de clans et de classes à mener ensemble dans la complémentarité tout simplement. Mais il faut admettre que c’est bien l’attitude des hommes qui rend possible une telle oblitération des significations et autorise par là toutes les audaces sémantiques du féminisme dont certaines n’ont pas été inutiles dans le combat qu’hommes et femmes mènent contre l’oppression. Un combat que nous pouvons gagner, que nous allons gagner si nous retrouvons notre complémentarité, si nous nous savons nécessaires et complémentaires, si nous savons enfin que nous sommes condamnés à la complémentarité.

    Pour l’heure, force est de reconnaître que le comportement masculin, fait de vanités, d’irresponsabilités, d’arrogances et de violences de toutes sortes à l’endroit de la femme, ne peut guère déboucher sur une action coordonnée contre l’oppression de celle-ci. Et que dire de ces attitudes qui vont jusqu’à la bêtise et qui ne sont en réalité qu’exutoires des mâles opprimés espérants, par leurs brutalités contre leur femme, récupérer pour leur seul compte une humanité que le système d’exploitation leur dénie.

    La bêtise masculine s’appelle sexisme ou machisme, toute forme d’indigence intellectuelle et morale, voire d’impuissance physique plus ou moins déclarée qui oblige souvent les femmes politiquement conscientes à considérer comme un devoir la nécessité de lutter sur deux fronts.

    Pour lutter et vaincre, les femmes doivent s’identifier aux couches et classes sociales opprimées : les ouvriers, les paysans…

    Un homme, si opprimé soit-il, trouve un être à opprimer : sa femme. C’est là assurément affirmer une terrible réalité. Lorsque nous parlons de l’ignoble système de l’apartheid, c’est vers les Noirs exploités et opprimés que se tournent et notre pensée et notre émotion. Mais nous oublions hélas la femme noire qui subit son homme, cet homme qui, muni de son passbook (laisser-passer), s’autorise des détours coupables avant d’aller retrouver celle qui l’a attendu dignement, dans la souffrance et dans le dénuement.

    Pensons aussi à la femme blanche d’Afrique du Sud, aristocrate, matériellement comblée sûrement, mais malheureusement machine de plaisir de ces hommes blancs lubriques qui n’ont plus pour oublier leurs forfaits contre les Noirs que leur enivrement désordonné et pervers de rapports sexuels bestiaux.

    En outre, les exemples ne manquent pas d’hommes pourtant progressistes, vivant allègrement d’adultère, mais qui seraient prêts à assassiner leur femme rien que pour un soupçon d’infidélité. Ils sont nombreux chez nous, ces hommes qui vont chercher des soi-disant consolations dans les bras de prostituées et de courtisanes de toutes sortes ! Sans oublier les maris irresponsables dont les salaires ne servent qu’à entretenir des maîtresses et enrichir des débits de boisson. Et que dire de ces petits hommes eux aussi progressistes qui se retrouvent souvent dans une ambiance lascive pour parler des femmes dont ils ont abusé. Ils croient ainsi se mesurer à leurs semblables hommes, voire les humilier quand ils ravissent des femmes mariées."

    Extrait du discours du capitaine Thomas Sankara le 8 mars 1987.
    Si les hommes et les femmes pouvaient se ressourcer dans ce discours le 8 mars et laisser tomber les célébrations abracadambresques , chacun apprendrait à faire son autocritique sur les inombrables injustices et brimades imposées aux-et subies par les -femmes.

    Passakziri

    Source : https://www.thomassankara.net/la-liberation-de-la-femme-une/

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  • Le 7 mars à 15:01, par KONOMBA En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    Chers tous....
    Il faudra faire attention à prendre pour vraies les versions venant d’ une seule partie.........................
    L’ action social est là et des organismes sociaux OCADES, ahamadya,
    caritas.... etc sont là dans le cadre de certaines situations...
    Donc Inutile de nous faire croire à certaines situations racontées pour se donnner raison........

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  • Le 7 mars à 15:42, par Koussé En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    Si j’avais le pouvoir, j’ouvrirai une poissonnerie ou des condiments, devant la porte de sa tante, pour ma "maman" (je suis une petite sœur des jumeaux). Que DIEU facilite pour elle.

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  • Le 7 mars à 17:02, par LE FORGERON En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    Bonjour,

    Merci à Lefaso.net pour cet article. Que les bonnes volontés qui peuvent aider le fassent. Car un de ces jumeaux pourrait réussir et un jour nous aider dans le futur.
    Le bien fait n’est jamais perdu. Dieu est le seul juge de ces cas.
    Aujourd’hui c’est cette dame mais demain cela pourrait être une de nos proches.

    Cordialement,

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  • Le 7 mars à 18:18, par Ya-OUI En réponse à : Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par son mari

    C’est assez délicate comme situation. Laisser une maman de jumeaux pour prendre une mère de 5 enfants. Toutefois il est difficile de donner un avis éclairé si l’histoire est racontée par une seule des parties. Courage

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