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Lutte contre le terrorisme : A N’Djamena, les oulémas du Sahel se mettent au chevet de l’unité nationale

Publié le jeudi 8 février 2024 à 22h10min

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Lutte contre le terrorisme : A N’Djamena, les oulémas du Sahel se mettent au chevet de l’unité nationale

Réunis dans la capitale tchadienne du 3 au 5 février 2024 à l’initiative de l’Unité de fusion et de liaison (UFL), les oulémas des pays du Sahel réaffirment leur rôle dans la préservation de la paix et de la concorde nationale.

Pour la Ligue des oulémas, prêcheurs et imams des pays du Sahel qui regroupe onze pays (Algérie, Burkina, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Libye, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Tchad), il est plus que jamais urgent de se mettre à l’avant-garde de la sauvegarde de la concorde nationale. Ils se sont rassemblés à N’Djamena lors de la 17e conférence internationale de leur ligue, initiée par l’Unité de fusion et de liaison, un organisme de coopération sécuritaire contre le terrorisme, basé à Alger, pour interroger le rôle des érudits dans la consolidation de l’unité nationale.

Ainsi, ces érudits ont passé en revue les options de leur implication dans la prévention des conflits communautaires, des exactions des groupes armés contre les populations civiles. Pour y parvenir, les débats ont permis des partages d’expériences au sein des pays membres. Les cas du Burkina, du Mali et du Niger ont particulièrement attiré l’attention des participants.

Partage d’expériences

Lors des échanges, les représentants du Mali et du Burkina ont présenté l’approche de chaque pays. Au Burkina, l’imam Nouhoun Bagayogo s’est fait le porte flambeau de ce qui se fait dans son pays en matière de réconciliation. Il a expliqué le rôle du dialogue et de la réconciliation dans la construction d’une société pacifique. « Ils sont des moyens essentiels pour préserver la dignité humaine, promouvoir l’unité nationale et assurer la stabilité institutionnelle dans les pays du Sahel. Ces processus sont indispensables pour construire des sociétés inclusives, pacifiques et prospères dans cette région du Sahel confrontée à de nombreux défis », a-t-il détaillé. Et de conclure : « le dialogue offre une plateforme pour que les différentes communautés puissent se rencontrer, échanger et trouver des solutions pacifiques à leurs différends.

L’imam Nouhoun Bagayogo du Burkina a fait un exposé sur l’utilité du dialogue et de la réconciliation pour l’édification d’une société pacifique

En favorisant la communication et la compréhension mutuelle, le dialogue peut contribuer à réduire les tensions et à promouvoir l’unité nationale. En cela, le dialogue s’offre comme un Mode alternatif de résolution des conflits (MARC) et ouvre la porte à la nécessaire médiation pour la résolution pacifique de ces conflits ».

Au Mali, pays dominé par l’islam avec 95% de la population musulmane, les leaders religieux, à l’image de l’Imam Dicko d’obédience wahhabite, le Chérif de Nioro ou encore le Cheick Haïdara (soufiste) sont prépondérants aussi bien dans la vie spirituelle que celle politique. Ces leaders religieux ont été par exemple à l’avant-garde de la chute du défunt président Ibrahim Boubacar Keita. « Ils ont le droit d’avoir une position politique, même si cela peut conduire à des incompréhensions au sein de leurs fidèles. Un leader religieux se doit d’être neutre et contribuer au besoin à l’abri des regards à défendre les masses », glisse un ouléma.

Une centaine d’érudits ont pris part à la conférence de N’Djamena

Appel à la solidarité envers le Niger

Enfin, le représentant du Niger, Dr Cheick Ibrahim, a lancé un appel à la solidarité envers le Niger, soumis à un embargo financier imposé par la communauté régionale. « Les oulémas et prédicateurs du Niger, quelles que soient leurs orientations, se tiennent aux côtés du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), afin de sensibiliser le peuple sur l’unité nationale, la préservation de la souveraineté, la sécurité de l’État, la stabilité et la fermeté face à tous les défis », a dit Cheick Ibrahim, insistant sur le rôle et la responsabilité des imams et prédicateurs dans la prévention de l’extrémisme violent et du crime organisé.

Interprétation fallacieuse de préceptes

Sous prétexte de Jihad, des groupes terroristes embrigadent et enrôlent des jeunes en faveur de leur cause. C’est justement cette interprétation fallacieuse des préceptes religieux, en particulier de l’islam, que les érudits veulent désormais combattre pour éviter tout quiproquo. « Un adepte ne mettrait jamais en péril l’unité nationale de son pays. Le faire serait aller contre l’innéité l’humaine, ce qui est considéré comme un crime dans la conception musulmane », tranche Dr Chekkat Kamal, théologien et spécialiste des religions comparées, arguant que l’islam n’appelle pas au pourparlers entre les religions mais au dialogue global, le but étant de bien connaître et de le respecter.

Pour contrer la percée du discours radicalisant dans les rangs de l’islam, la ligue prône une approche pédagogique qui s’étale sur plusieurs volets comme la formation, les prêches destinés aux jeunes, cibles plus touchées et vulnérables. Si pour endoctriner nombre de jeunes sahéliens, les groupes terroristes leur vantent l’idée d’une guerre sainte, les prêcheurs et les érudits sont formels : « On les conduits dans un chemin sans issue », ont clamé en chœur la centaine de participants aux débats de N’Djamena qui ont par ailleurs appelé à vulgariser le guide édité par leur ligue afin de sensibiliser les jeunes fidèles. « A travers nos programmes d’ateliers, nous démontrerons que les fondements de l’extrémisme violent ne sont pas justes. Nous avons élaboré un guide à l’effet de dissocier le vrai visage de l’islam tolérant et de cohabitation avec les autres religions aux terrorisme », a déclaré Mustapha Sarr, participant de la Mauritanie, lors de la lecture des recommandations.

Le secrétaire général de la Ligue des oulémas, prédicateurs et imams, Bezaz Nekhemissi, appelle à démystifier les préceptes fallacieux

Tirs à boulets rouges sur les partisans de la guerre sainte

Les participants l’affirment : L’unité nationale est menacée au Sahel et les oulémas, prêcheurs et imams se mobilisent pour réagir contre ces tentatives d’atteintes à la stabilité. « Ces atteintes sont parfois dues à l’ignorance de nos frères tombés dans le piège de penser qu’ils peuvent réaliser quelque chose en dehors de leur société. On a senti que les imams et oulémas sont conscients des défis posés. Il y a un consensus sur l’importance d’agir contre l’insécurité, les conflits communautaires et l’extrémisme violent qui veulent déstabiliser nos États au nom de la guerre sainte ou Jihad. La vérité est que ce sont des bandits qui essaient d’avoir une couverture religieuse pour commettre leur forfait. Notre discours est donc de démystifier cette fausse couverture pour éclairer les adeptes », explique Dr Bezaz Nekhemissi, secrétaire général de la Ligue des oulémas, prêcheurs et imams des pays du Sahel.

Kouza Kienou
(Collaboration)

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