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Inclusion des personnes handicapées : CBM Global renforce son partenariat avec des acteurs des Hauts-Bassins et des Cascades

Publié le dimanche 4 février 2024 à 20h12min

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Inclusion des personnes handicapées : CBM Global renforce son partenariat avec des acteurs des Hauts-Bassins et des Cascades

L’ONG CBM Global et ses partenaires locaux ont organisé une série d’activités dans les régions des Hauts-Bassins et des Cascades, du 31 janvier au 2 février 2024. Il s’agit, entre autres, de la rencontre annuelle 2024, d’une opération de don de sang à Bobo-Dioulasso et du lancement de la troisième phase du programme « Santé mentale pour tous » à Banfora. Toutes ces activités visent à améliorer la qualité de vie des personnes handicapées.

« Améliorer la qualité de vie des personnes handicapées vivant dans les communautés les plus pauvres du monde ». C’est l’objectif global que s’est fixé l’ONG CBM Global, une organisation internationale de développement. Elle vise à soutenir ses partenaires locaux pour promouvoir le développement inclusif du handicap. Présent au Burkina Faso depuis les années 80 à travers des actions ponctuelles dans un premier temps, CBM Global s’est engagée depuis 2012 (date d’ouverture d’un bureau pays) dans le développement de programmes de promotion et de protection des droits des personnes handicapées.

C’est ainsi qu’en 2023, quatorze projets ont été développés et mis en œuvre à différents stades par les partenaires locaux. Les thématiques traitées sont la santé mentale communautaire, la santé oculaire inclusive, le développement inclusif à base communautaire et les moyens d’existence, sans oublier l’action humanitaire. Au regard de la situation sécuritaire que traverse le pays, CBM Global s’est aussi engagée à apporter une réponse humanitaire inclusive afin que personne ne soit oublié, notamment les personnes handicapées.

CBM Global et ses partenaires locaux tiennent leur rencontre annuelle 2024 à Bobo-Dioulasso.

Cette année encore, l’ONG a convié ses principaux partenaires à la « rencontre annuelle 2024 », les 31 janvier et 1er février, pour la mise en œuvre d’actions de promotion de la qualité de vie des personnes handicapées. Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique de partage d’informations et d’expériences des actions communes de l’ONG, avec une participation de CBM Suisse sur son mode de fonctionnement dans la mobilisation des ressources et le suivi des projets financés.

Au cours des deux jours de travaux, il s’est agi pour CBM Global et ses partenaires de communiquer sur les orientations et politiques récentes au sein de l’ONG, d’échanger sur le bilan des projets et de discuter sur les difficultés de la gestion financière et le rapportage. Par ailleurs, le plan stratégique 2024-2027 du bureau-pays a été présenté aux participants. Des recommandations ont été formulées pour une meilleure mise en œuvre des projets. « Nous organisons cet atelier pour faire le bilan des projets de l’année 2023 et planifier les perspectives pour l’année 2024. Cela nous permet d’améliorer nos pratiques et de faire passer un certain nombre de messages pour permettre d’avoir un bureau-pays performant. En 2023, ce sont plusieurs projets qui ont été mis en œuvre sur différentes thématiques, pour un budget de près de deux milliards de francs CFA », a souligné Ousséni Badini, directeur pays de CBM Global Burkina.

Ousséni Badini, le directeur pays de CBM Global Burkina, expliquant les objectifs de son ONG.

Pour lui, malgré les difficultés conjoncturelles auxquelles le pays est confronté, le bilan des activités reste satisfaisant. Il a donc saisi l’occasion pour remercier l’ensemble des partenaires de mise en œuvre pour leur « professionnalisme », mais surtout pour leur engagement aux côtés des bénéficiaires.

Donner du sang pour sauver des vies

À l’issue de cet atelier bilan, CBM Global et ses partenaires ont organisé une opération de don de sang, en collaboration avec le Centre régional de transfusion sanguine de Bobo-Dioulasso (CRTS). Cette activité a concerné, outre les participants à la rencontre annuelle, les membres de la Coordination régionale des associations de personnes handicapées des Hauts-Bassins. « Cette année, nous avons, au-delà de cette rencontre annuelle, profité de l’occasion pour organiser une opération de don de sang avec nos partenaires et nos bénéficiaires qui sont la plupart des personnes handicapées, pour montrer l’importance de l’inclusion des personnes handicapées dans la société », a expliqué Ousséni Badini.

Le directeur pays de CBM Global Burkina et les partenaires ont donné leur sang pour sauver des vies.

Malheureusement, au cours de cette opération, les personnes handicapées ont été confrontées à certaines difficultés. Une situation que le directeur pays de CBM Global a déplorée. Il promet donc, en fonction des moyens disponibles, d’apporter une solution pour soulager ces personnes. « Ces personnes handicapées veulent souvent contribuer au développement du pays et donner leur sang. Mais lorsqu’elles sont confrontées à des obstacles comme ce que nous avons vu ce matin, notamment l’absence de fauteuils roulants pour l’accès physique au centre, cela les décourage à venir. Il y a aussi le manque de certains dispositifs qui puissent les rassurer qu’en venant, elles seront bien traitées », a déploré Ousséni Badini.

Le responsable de la promotion du don de sang au CRTS de Bobo, François Héma, a salué ce « geste noble qui démontre que le sang n’a pas d’appartenance, pour peu qu’on réponde aux conditions prescrites pour faire le don de sang. » Il a rassuré que les personnes handicapées peuvent donner leur sang. Pour François Héma, cette opération est la bienvenue au regard des besoins en sang du centre. « Les besoins ont connu une augmentation significative. Nous évaluons autour de 150 à 200 poches de sang par jour les besoins de l’hôpital Souro-Sanou, alors que ce n’est pas la seule formation sanitaire que nous ravitaillons en produits sanguins », a-t-il confié. Avant d’inviter la population à donner le sang car, dit-il, jusqu’à présent, il n’y a pas de laboratoire qui puisse fabriquer du sang ; par conséquent, la seule façon de sauver des vies, c’est à travers le don de sang.

Abdoulaye Traoré saluant les actions de CBM Global en faveur des personnes handicapées.

Abdoulaye Traoré est le président de la Coordination régionale des associations pour la promotion des personnes handicapées des Hauts-Bassins. Il a affirmé que si CBM n’existait pas, il fallait la créer car CBM a fait de l’inclusion des personnes handicapées son cheval de bataille. « Grâce à CBM, nous, les personnes handicapées, nous arrivons à séduire les personnes non-handicapées au regard de notre autonomisation, notre participation à la vie de notre communauté. Nous mettons tout ça à l’actif de CBM qui accompagne les partenaires à nous accompagner. Nous saluons à sa juste valeur ce que CBM fait avec ses partenaires pour nous permettre de participer dignement et efficacement à la vie de notre société », s’est-il réjoui.

Le programme « Santé mentale pour tous » lancé à Banfora

Après ces deux activités à Bobo-Dioulasso, CBM Global et ses partenaires se sont retrouvés dans la ville de Banfora, dans les Cascades, le vendredi 2 février 2024, pour le lancement de la troisième phase du programme « Santé mentale pour tous ». Ce programme vise l’amélioration de la situation des personnes handicapées psychosociales et leur prise en charge au Burkina Faso. D’une durée de quatre ans (2024-2027), le programme a un coût de près de 318 millions de F CFA. Au cours de cette rencontre, le programme a été présenté aux autorités de la région des Cascades, afin de solliciter leur engagement, leur mobilisation et leur participation pour une mise en œuvre efficace et efficiente du projet dans les Cascades.

Le secrétaire général de la région des Cascades, Toussaint Méda, a présidé le lancement du projet « Santé mentale pour tous » à Banfora.

Ainsi, les acteurs du programme et les autorités se sont imprégnés de ses objectifs et de sa stratégie de mise en œuvre. À en croire le directeur pays de CBM Global Burkina, Ousséni Badini, la première phase du projet a été initiée en 2013 en collaboration avec le ministère de la Santé et les acteurs non-étatiques. Ce programme a vu le jour du fait de la recrudescence des cas de troubles mentaux au Burkina Faso qui constituent un défi majeur de santé publique. Selon les résultats de l’étude sur l’épidémiologie des troubles mentaux réalisée en 2015, 41,43% des personnes interrogées présentaient au moins un trouble mental. Cependant, seule une faible minorité des personnes présentant ces troubles recevaient des soins dans les structures sanitaires. De plus, depuis 2015, on note au Burkina Faso un regain d’intérêt pour la santé mentale des populations, au regard de la crise humanitaire consécutive à la situation sécuritaire.

C’est fort des résultats engrangés lors de la première phase du programme et des nouveaux défis à relever que la phase 3 a été initiée. Il a été développé autour de deux composantes, à savoir la santé mentale communautaire et le plaidoyer. La composante « santé mentale communautaire » ambitionne de renforcer l’accès à des services de santé mentale de qualité et l’autonomisation des personnes handicapées psychosociales et celles à risque de développer des maladies mentales.

L’archevêque de Banfora, Mgr Lucas Kalfa Sanon, a salué CBM pour le lancement de cette phase 3 du projet dans les Cascades.

« Nous sommes à la troisième phase du projet et nous voulons avoir un maillage de territoire national de telle sorte que les populations, les services déconcentrés de l’État et les acteurs non-étatiques puissent apporter leurs contributions pour que la question de santé mentale soit prise au sérieux dans les interventions. Cette thématique est d’autant plus d’actualité qu’il faut une prise en charge psycho-sociale des populations, notamment les personnes déplacées internes. C’est un projet multi-sectoriel qui engage non seulement l’Association des personnes handicapées mais aussi des acteurs non-étatiques comme l’OCADES qui a une bonne connaissance des dynamiques communautaires, et le ministère de la Santé et celui de l’Action humanitaire », a laissé entendre Ousséni Badini.

Cette cérémonie a été présidée par le secrétaire général de la région des Cascades, Toussaint Méda, représentant son gouverneur. Il a adressé ses remerciements à l’ONG CBM Global et au ministère de la Santé pour le choix porté sur les Cascades pour la mise en œuvre de ce programme. « Nous avons constaté une recrudescence en matière de santé mentale dans notre région. Il faut donc que les acteurs puissent se mobiliser pour nous accompagner, afin que nous puissions trouver des solutions à cette problématique qui touche de plus en plus une grande majorité de la population. C’est pourquoi nous saluons la mise en œuvre de ce programme dans la région », a-t-il indiqué, tout en invitant tous les acteurs à accompagner sa mise en œuvre.

L’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (OCADES/Banfora) est l’un des partenaires de mise en œuvre de ce programme. D’où la présence de l’archevêque de Banfora, Mgr Lucas Kalfa Sanon, à cette cérémonie. Pour sa part, il a salué CBM pour le lancement de cette phase 3 du projet, car il estime que le problème de santé mentale fait partir des handicaps. « La situation sécuritaire du pays a contribué à augmenter le nombre de personnes qui ont ce handicap. C’est pourquoi nous saluons ce projet à sa juste valeur et nous espérons qu’il va pouvoir améliorer la santé des populations », a-t-il souhaité.

Le président de la FEBAH, Issa Palenfo, se réjouit de l’initiative du programme dans les Cascades.

Bénéficiaire du projet, le président de la Fédération burkinabè des associations pour la promotion des personnes handicapées (FEBAH), Issa Palenfo, se réjouit. « La question de la santé mentale est une question de handicap et fait partie des six catégories de handicap dans ce pays. C’est logé dans le groupe des personnes avec un handicap mental, intellectuel, etc. C’est un groupe pas nouveau mais qui commence à prendre de l’ampleur et prend en compte ces personnes déplacées internes. Lorsqu’une famille est déplacée, cela peut avoir des impacts sur cette famille et qui peut aboutir à des questions de dépressions. Cela crée un handicap mental. À tout cela s’ajoute le phénomène de la consommation de la drogue », a souligné Issa Palenfo.

Ce programme est accueilli avec joie par les bénéficiaires. À en croire le président de la FEBAH, ce programme prend en compte la question des droits des personnes handicapées. Il tient compte aussi du plaidoyer afin que les médicaments psychotropes puissent être mis à la disposition des personnes qui ont ce handicap, de sorte à pouvoir les soulager. Ce projet a fait appel aussi à l’artiste musicien Issouf Sawadogo dit Oskimo pour la phase de sensibilisation contre la consommation de la drogue.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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