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Burkina / Obligation de vente de motos avec casques : La mesure plus ou moins respectée par les commerçants

Publié le dimanche 4 février 2024 à 22h07min

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Burkina / Obligation de vente de motos avec casques : La mesure plus ou moins respectée par les commerçants

Dans un communiqué du 22 décembre 2023, le gouvernement burkinabè avait donné un délai aux vendeurs et aux revendeurs d’engins à deux roues motorisés pour livrer obligatoirement un casque à tout acheteur. La répression en cas de non-respect du communiqué devrait pendre effet à partir du 1er janvier 2024. Pour voir si les commerçants respectent la mesure et ce qui est fait pour les y contraindre, Lefaso.net est allé au constat.

Notre quête d’informations commence dans les alentours du marché Sankaryaré où se retrouvent plusieurs magasins dont des points de vente de motocyclettes. Dans cette zone, les vendeurs proposent tous types et toutes marques de motos. Pour des raisons que nous ignorons, la plupart d’entre eux n’acceptent pas de s’exprimer ou préfèrent garder l’anonymat. « Même avant le communiqué, nous vendions les casques avec les motos », lance un des commerçants, Ali (nom d’emprunt), que nous avons approchés. Au fil de la discussion, nous nous rendons compte qu’il se perd dans ses propos. « Avant, on proposait le casque au client, mais la majorité refusait d’acheter. Nous ne pouvons pas les obliger ». Nous comprenons alors que le casque n’était pas inclus dans la vente et que Ali le proposait comme accessoire à part au client. Mais à la question de savoir si suite au communiqué du gouvernement ils vendent le casque avec la moto, Ali répond par l’affirmative. Nous continuons notre constat sans avoir été très convaincu par le commerçant Ali, mais pas moyen de vérifier ses dires.

Par la suite, nous nous retrouvons dans un autre magasin. Là-bas, nous rencontrons Julie qui vient tout juste d’acheter une moto. Pour ne pas attirer les voleurs, elle aussi préfère parler à visage masqué. « Je suis venue prendre une nouvelle moto. J’ai choisi le modèle ‘‘Fine’’. Dans les discussions, ils ont refusé de diminuer le prix en disant que c’est à cause du casque et de l’immatriculation », confie Julie. La jeune dame dit posséder déjà un casque pour son ancienne moto et désormais elle en possède deux. Elle ajoute que le vendeur lui a dit qu’elle aura besoin du reçu d’achat du casque pour sa plaque d’immatriculation.

Selon certains commerçants, ils vendaient déjà les motos avec les casques avant la mesure du gouvernement

C’est finalement au quartier des 1 200 logements que Henri Joël Kaboré, responsable de l’entreprise J-Motors qui évolue dans la vente de cyclomoteurs, nous reçoit sans filtre. Dans nos échanges, il nous fait comprendre qu’il a pris connaissance du communiqué par le biais de la Brigade du contrôle économique. « Ils nous avait envoyé une note pour nous informer que nous devons vendre les motos avec des casques. Déjà avant, nous vendions avec les casques mais certains clients nous demandaient de diminuer les prix en enlevant le casque dans l’achat de la moto. Mais depuis la note, nous obligeons le client à payer avec le casque. Parce que à la base nous vendons les motos avec le casque intégré, la garantie bloc moteur et l’immatriculation compris », indique Henri Joël Kaboré, ajoutant que l’Office national de la sécurité routière (ONASER) les avait invités à une rencontre pour expliquer et informer des nouvelles mesures.

De plus le vendeur nous explique qu’ils sont obligés de mentionner le casque ainsi que sa marque sur le reçu d’achat pour que l’acheteur puisse faire son immatriculation. « Nous ne pouvons plus occulter le casque parce que ça compte pour l’immatriculation. En vendant ainsi, on protège nos clients et ça nous protège aussi parce que la Brigade du contrôle économique, de répression et des fraudes est venue voir si nous respections la mesure. Ils m’ont demandé les pièces justificatives des casques que j’ai présenté et ensuite ils sont revenus demander nos reçus d’achat où nous écrivons tous les avantages d’achat avec la signature du client et ses coordonnées pour vérifier ».

" Il faut que les clients acceptent que les prix vont un peu grimper mais ce n’est pas de notre faute" Henri Joël Kaboré, responsable de l’entreprise J-Motors

Au début, Henri Joël Kaboré se demandait si les clients vont coopérer. Mais il constate que finalement, les clients ont compris. Selon lui, il faut que les clients acceptent les prix qui vont un peu grimper mais ce ne serait pas de leur faute. « C’est pour leur bien et pour le bien de tous », insiste-t-il. Quant à la qualité des casques qu’il propose à ces clients, il pense que peu importe la marque, le plus important est de protéger sa tête. Il indique qu’il y a plusieurs prix pour les casques qui vont parfois jusqu’à 300 000 FCFA mais il faut donner le minimum aux usagers pour les protéger.

L’ONASER entend multiplier les sorties pour contrôler le respect de la mesure

C’est en 2005 que l’arrêté qui oblige le commerçant à vendre la moto neuve avec un casque a été pris. Cependant, il n’avait jamais pu être effectif sur le terrain. Il y a aussi un texte qui porte sur les conditions d’exploitation des tricycles où il est clairement dit que le conducteur et son apprenti doivent porter le casque parce que les tricycles ne sont pas habilités à prendre des passagers. Selon Maïmouna Karama, chef du service de la promotion routière à l’Office national de la sécurité routière, des actions avaient déjà commencé avant la mise en vigueur du communiqué notamment à travers la Brigade mobile économique, de répression et des fraudes. Cette dernière avait fait des sorties pour voir l’effectivité de cette mesure qui oblige le commerçant à vendre la moto neuve avec le casque. « Ce qui est prévu pour l’année 2024, c’est la multiplication de ces sorties de contrôle au niveau des commerçants des engins à deux roues motorisés. Ensuite il faut dire qu’au niveau de la direction générale des transports terrestres et maritimes, ils ont commencé à recevoir des dossiers d’immatriculation des motos avec les reçus des casques », a-t-elle indiqué.

Maïmouna Karama, chef du service de la promotion routière à l’ONASER

Quant à l’ONASER, elle continue dans la sensibilisation et dans les actions de communications pour que les gens comprennent l’importance du port du casque et qu’ils sachent que c’est un acte citoyen qui, s’il n’est pas respecté, peut être puni par la loi.

« Il est difficile de reconnaître un casque de qualité à vue d’œil »

« Il faut dire qu’à vue d’œil, il est difficile de reconnaître un casque de bonne qualité ou pas. Mais on peut se fier aux caractéristiques du casque au niveau du vendeur. En fonction de cela, vous allez comparer les caractéristiques pour faire un bon choix. Quoiqu’on dise, il y a beaucoup de qualités de casques avec différents prix mais un casque de moindre qualité protège néanmoins la tête », fait comprendre la cheffe du service de la promotion routière à l’ONASER.

Pour elle, l’impact lors d’un accident de la route sans un casque n’est pas pareil qu’avec un casque sur la tête, même s’il est de moindre qualité. « Il faut dire que nous avons un texte portant homologation des casques au Burkina Faso. Normalement, le vendeur doit remettre un casque homologué par l’administrateur. C’est pour vous dire que la question de la qualité sera réglée très bientôt », informe-t-elle.

Mais pour le moment il n’y a pas de matériel adéquat pour tester la qualité du casque. L’ONASER entend trouver les voies et moyens pour vérifier la qualité des casques qui entrent sur le territoire. « Nous n’oublions pas ce volet qui est important pour protéger les usagers. Au plus haut niveau de notre département la question se pose pour que tout casque qui entre dans le pays assure un minimum de protection pour l’usager », rassure-t-elle pour conclure.

A lire aussi : Burkina/Sécurité routière : « Nous poursuivrons nos sorties pour que les motos soient vendues avec des casques », Roland Somda

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 février à 20:04, par jj En réponse à : Burkina / Obligation de vente de casques : La mesure plus ou moins respectée par les commerçants

    Bref, ce pays est laisse guidon. Une mesure prise en 2005 et nous en sommes toujours à ce stade. Une autre solution est d’amender les motocyclistes sans port du casque de manière systématique à raison de 6.000 F par infraction avec mise en fourrière de 2 semaines de la moto. Au bout d’un mois, le problème est réglé ! Si on prend la moyenne minimale de 300 personnes mortes par an faute du port du casque, cela fait 6.000 morts évitables depuis 2005. N’oublie pas que les accidents font beaucoup de blessés invalides à vie à cause de ce défaut de port du casque.
    L’état a fanfaronné sur le nettoyage des abords des voies pour occupation anarchique. Plus de 3 mois après, toujours rien sur ce front !

    Répondre à ce message

  • Le 3 février à 11:26, par Alpha2025 En réponse à : Burkina / Obligation de vente de casques : La mesure plus ou moins respectée par les commerçants

    Nous peinons à faire respecter le port du casque, alors que c’est pour le bien de l’usager. Il n’est pas besoin de longue démonstration pour convaincre qui que ce soit du bien fondé de la mesure. Je crois que pour le bien de tout le monde, il faut passer rapidement à la phase coercition, c’est à dire coller des amendes aux usagers qui ne portent pas de casque. Et cela est valable pour les passagers, et les enfants dès qu’ils sont capables de tenir seuls derrière une moto. Il reste deux mesures à appliquer : 1°) le permis A1 pour les vélomoteurs (engins de cylindrée comprise entre 50 et 125 cm3, et le permis A pour les engins de plus de 125 cm3. Il faut noter que ces permis sont accessibles à partir de 16 ans, et que l’accès au cyclomoteurs (engins de cylindrée de 50 cm3 au maximum, n’est autorisé qu’à partir de 14 ans. Il ne s’agit pas de mesures nouvelles, mais ce sont les dispositions en vigueur au Burkina à ce jour. Nous pouvons noter la disparition du marché des cyclomoteurs depuis la fermeture de la SIFA, mais si le marché le permettait et si les dispositions étaient effectivement appliquées, nos commerçants importeraient des cyclomoteurs pour nos usagers. 2°) L’obligation de l’assurance. Ne parlons pas de cout car les assureurs sont prêts à proposer des produits accessibles à tous .Toute personne qui emprunte la voie publique engage sa responsabilité envers les autres usagers. Une assurance permet à tous de faire face à ses engagements à tout moment. L’excuse, que dis je le prétexte du cout n’est pas valable car si tout le monde souscrivait, les tarifs seraient très bas, en tout cas à la portée du plus grand nombre. Le problème, c’est nos mentalités. Je m’explique. En cas d’accident, une moto peut infliger des dégâts importants à un véhicule automobile. Il y a cette tendance qui consiste à exonérer de toute responsabilité, les usagers à moto en cas d’accident avec un usager en voiture. Au prétexte que celui qui est en voiture a les moyens alors que celui qui est à moto en aurait beaucoup moins. Avec l’assurance tout le monde a les moyens de faire face à ses responsabilités.
    Enfin, il faut que l’Etat, dans les grandes villes mette en œuvre un plan pour réduire de façon drastique, l’usage d’un moyen de transport individuel. Avoir sa propre moto ou sa propre voiture doit être une option et non une obligation. Cela passe par plusieurs mesures : Augmenter au niveau qu’il faut, le nombre de bus ; dégager les voies publiques pou créer des couloirs réservés aux seuls bus afin de faciliter leur circulation en les soustrayant des vissicitudes des embouteillages ; appliquer l’interdiction faite aux poids lourds de circuler en agglomération. Ces différentes mesures ne peuvent pas s’appliquer du jour au lendemain, c’est pourquoi je parle d’un plan qui sera au minimum sur cinq ans, voire davantage. Cela demandera des efforts et coutera beaucoup d’argent, mais c’est à ce seul prix que nous pourrons sécuriser tout le monde dans une ville plus moderne.

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  • Le 5 février à 00:39, par Rocky En réponse à : Burkina / Obligation de vente de casques : La mesure plus ou moins respectée par les commerçants

    Je vois que chez nous au Burkina rien ne prit au sérieux on vote les lois et ont les appliques pas avec avec rigueur et ferme, c’est normal que la population prenne cette loi comme de la rigolade, si on attrape un usager sans port de casque ni assurance il faudra appliquer la loi à l’appuie d’une forte amende et voir confiscation de son engin, je vous en sûre en faisant ça sans corruption d’ici 3 mois vous alliez voir tout changera dans ce pays, que le gouvernement fasse son possible pour éradiquer ce phénomène et qui perdure.

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