Burkina : La guérisseuse Amsétou Nikièma célèbre la 4e fête de la fécondité
C’est dans une liesse populaire, que la célèbre guérisseuse, Amsétou Nikiéma, connue sous l’appellation de « Adja de Komsilga », a célébré, le mardi 16 janvier 2024, sur son site sis commune rurale de Komsilga (à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale), la IVe fête de la fécondité, intitulée « fête des bébés ». Par cette cérémonie de grâce au Seigneur, la guérisseuse Nikièma a exprimé sa joie pour les vœux exaucés en faveur des femmes en quête de maternité, des personnes souffrant de maladies et de bien d’autres difficultés.
Difficile de décrire, par des mots justes, l’engouement et l’ambiance sur ce site aux allures de bourgade de Amsétou Nikiéma. Ici, chacun vient avec ses préoccupations : des soucis de maladie, à la quête de richesses, en passant par la recherche du bien-être. Parmi les préoccupations pour lesquelles la guérisseuse est sans cesse sollicitée, il y a celle liées à la maternité. Et sur ce volet également, « Adja de Komsilga » a de réels motifs de satisfaction et pour rendre grâce à Allah Le Tout-Puissant pour avoir exaucé les vœux en offrant la joie d’enfanter à des femmes, elle tient, depuis quatre années maintenant, une cérémonie dédiée aux naissances enregistrées au cours de l’année.
Au-delà de ce volet, la cérémonie vise à remonter le moral des malades et de tous ceux qui éprouvent, d’une manière ou d’une autre, des difficultés et vise, en outre, à faire des prières pour la paix pour le Burkina et le bien-être de toutes les populations qui vivent sur le territoire burkinabè.
C’est dans cet esprit donc que s’est tenue cette cérémonie qui a mobilisé autorités administratives, coutumières et religieuses, admirateurs et sympathisants, venus des localités du Burkina et même de l’étranger.
Selon les explications du staff de communication de la guérisseuse, ce sont précisément 644 bébés qui ont été accueillis en 2023. « Ces femmes souffraient de souci de fécondité, mais grâce à Dieu, elles ont pu avoir des bébés. C’est pour rendre grâce à Dieu pour avoir agréé les prières et demander de toujours exaucer les prières, que cette cérémonie est organisée. Elle va partager la joie avec les mères et distribuer des cadeaux (kits pour bébé, nldr) », explique le service en charge de communication.
Ce qu’elle ne tardera pas à, elle-même, détailler dans un français approximatif. « C’est une joie aujourd’hui, je suis vraiment contente de pouvoir travailler jusqu’à la quatrième année, d’avoir donné la santé à des gens… La fête des bébés, ça veut que quand on a commencé les soins, il y a des femmes qui venaient chez nous, qui n’arrivaient pas à enfanter. On a prié et Dieu merci…
C’est pour cela qu’on organise cette fête pour faire plaisir à leur maman et dire aussi que ce n’est pas facile lorsque la femme est mariée, qu’elle veut un enfant, mais ne peut pas avoir, et que son mari ne la soutient pas dans la situation, ça peut vraiment être des soucis regrettables. Il faut croire en Dieu, prier. Voilà pourquoi, je veux dire que quelle que soit la situation que vous traversez, il y a toujours des gens qui vont vous soutenir et grâce aux prières, il y a des solutions.
Il y en a, une seule prière suffit pour qu’elle puisse avoir la maternité et d’autres, on ajoute aux prières, des tisanes. Je dis aux femmes que quand elles se marient et n’arrivent pas à enfanter, il ne faut pas qu’elles disent qu’elles ne croient plus et aussi, un mari ne doit pas abandonner sa femme parce qu’elle n’enfante pas. Il faut se battre ensemble, prier ensemble pour que l’heureux jour arrive ; parce que c’est Dieu qui donne. Quelle que soit votre souffrance, vous ne devez pas douter de Dieu, il faut croire, il faut prier. Moi, j’ai souffert, j’ai connu beaucoup de souffrance, beaucoup de choses avant que Dieu me donne ce pouvoir, mais même aux temps forts de mes souffrances, j’ai toujours cru en Dieu.
Aujourd’hui, tout le monde me regarde, tout le monde est content de moi, mais j’ai traversé des moments très difficiles. Voilà pourquoi aussi, j’ai publié un livre (Les revers de la vie chez Amsétou Nikièma, ndlr), pour montrer comment prendre soins des parents, de votre famille…, vous ne devez pas laisser votre vie au hasard, faire du n’importe quoi pour avoir de l’argent, non. Vous devez vous respecter vous-mêmes, respecter vos parents, prier beaucoup et être patients, votre jour va arriver, quelle que soit votre souffrance », a déroulé Amsétou Nikiéma avant la cérémonie proprement dite.
Bénédictions, allocutions de leaders coutumiers, religieux, d’autorités administratives, de délégations, de collaborateurs et de bénéficiaires des actions de Amsétou Nikièma ainsi que des prestations d’artistes ont constitué l’essentiel de l’évènement, dont le clou a été la remise à chacune des mères de l’année, d’un kit pour bébé et de vivres.
Parmi les heureuses mères, Asmao Zono, avec en main, son nourrisson, Hamsa. « Cela faisait douze ans que je cherchais un enfant. Donc, un 27 décembre, je suis venue voir Adja. Quand elle m’a dit que je vais avoir un enfant, on avait les yeux écarquillés. Elle m’a toujours rassuré que je vais avoir un enfant. Dieu merci, quelques mois après, j’ai goûté au plaisir d’être mère. Je prie que Dieu exauce le vœu de tous ceux qui viennent ici pour résoudre leurs préoccupations », s’ouvre cette habitante de Bobo-Dioulasso, Asmao Zono.
Oumou Kabré est également de celles-ci. « Moi, c’est la maladie qui m’a conduite ici ; j’avais des maux d’yeux. Je suis venue ici, j’ai fait le traitement et c’est guéri. C’est pendant ce séjour que j’ai appris qu’elle fait des prières pour autres que les maladies. J’ai expliqué à mon époux, que je compte y revenir pour demander à Dieu de nous donner des enfants. Mon mari m’a donné la permission et je suis effectivement revenue. Dans la même nuit de mon arrivée, elle a appelé ceux qui demandent des bénédictions de venir et elle a mis la demande de chacun en prière. Quand je suis repartie à la maison, douze jours après, je suis tombée malade et à l’hôpital, on me dit que c’est un début de grossesse. Je suis heureuse d’avoir un enfant, je prie que Dieu bénisse mon enfant et en demande encore. Je rends grâce à Dieu pour avoir exaucé mes vœux », a exprimé Oumou Kabré.
Sadia Ouandaogo, habitante de Ouagadougou, peine elle également à cacher ses sentiments d’allégresse. « Cela fait six ans que je suis mariée, mais on n’avait pas d’enfant. On a parcouru des centres de santé modernes, des tradipraticiens, en vain. Nous sommes arrivés ici le 22 février 2023, et à la fin février, on m’a dit à l’issue d’une consultation à l’hôpital, que je suis enceinte. Je suis revenue ici pour l’annoncer à Adja, qui m’a encore fait des bénédictions. Mais sept mois après, j’ai senti des contractions. Je suis allée à l’hôpital et on m’a fait savoir que je dois accoucher, alors qu’on m’avait donné neuf mois. J’ai effectivement accouché, l’enfant a été placé à la crèche de la pédiatrie pendant 45 jours. Quand on nous a libérés, nous sommes revenus encore voir Adja, qui a béni l’enfant. Je ne saurai vraiment lui dire suffisamment merci. Après Dieu, je lui rends grâce.
Nous nous sommes vraiment promenés à la recherche de la natalité. Ici, elle a prié et a donné des feuilles à préparer pour se doucher, mon mari et moi. Elle nous avait donné trois mois, mais Dieu merci, au bout d’un mois, on nous a annoncé la grossesse », confie-t-elle, précisant avoir découvert la guérisseuse à travers Tik Tok. Son enfant de quatre mois porte le nom « Amsétou », en reconnaissance à celle-là même qui a intercédé. « On nous a proposé quatre noms, j’ai suggéré à mon mari de retenir Amsétou, il n’a pas trouvé d’inconvénient », motive Sadia Ouandaogo.
Au cours de la cérémonie qui a duré plusieurs heures, et à laquelle a pris part une foule immense, Amsétou Nikièma a fait des prières pour les forces de défense et de sécurité, les volontaires pour la défense de la patrie, les populations meurtries par l’insécurité et pour toutes les familles qui ont perdu un être ainsi que pour les dirigeants du pays. Elle a également prodigué de nombreux conseils relatifs au civisme, à la tolérance, la solidarité, la résilience, la patience, au travail et à bien d’autres valeurs sociales.
O.H.L
Lefaso.net