Burkina : « Les médias sont un peu tombés dans ce discours d’il faut être patriote, il faut accompagner », regrette Atiana Serge Oulon

L’Evènement est visiblement l’un des journaux d’investigation qui n’entend pas baisser la garde. Pour son directeur de publication, Atiana Serge Oulon, le journal assure son rôle de veille, de contre-pouvoir. Dans cette interview, il se prononce sur le fonctionnement du média, l’actualité nationale et l’épisode de la mise sous scellés du journal le 2 juin 2023 par la direction générale des impôts du Burkina Faso. Pour Atiana Serge Oulon, il y a eu des velléités de fermer L’Evènement depuis le sommet de l’Etat.
Lefaso.net : Comment fonctionne un bimensuel comme L’Evènement ?
Atiana Serge Oulon : L’Evènement étant un bimensuel, elle a une petite équipe avec des journalistes permanents, des collaborateurs, des chroniqueurs et des pigistes. Nous essayons de tenir avec l’équipe permanente une conférence de rédaction. A cette occasion, nous faisons la critique de nos différentes parutions, apprécions le fond et la forme, voyons ce qui n’a pas marché afin de pouvoir toujours améliorer les prochaines parutions. Paraître est un défi pour nous et chaque numéro du journal est un perpétuel questionnement à notre niveau pour savoir si le contenu avec la périodicité de deux semaines reflète pour l’essentiel les points importants de la situation nationale.
Quelle différence fondamentale peut-on avoir entre les bimensuels et les quotidiens ?
Nous avons plus de recul, plus de temps pour creuser et fouiller, chercher des choses qui sont enfouies. Les quotidiens font parties des médias qui traitent à chaud, c’est juste évoquer les choses telles qu’elles se présentent. Nous, nous allons au-delà. Nous essayons de creuser, de connaître les dessous des cartes et c’est pour cela que nous avons le temps de pouvoir pratiquer le genre rédactionnel qui est l’investigation. C’est la pratique de ce genre qui a fait qu’on nous a attribué l’étiquette de journalistes d’investigation. Sinon, tout journaliste, qu’il soit d’un quotidien, d’un hebdomadaire, d’un mensuel, d’un bimensuel, de la radio ou de la télévision, de la presse en ligne peut faire de l’investigation.
Du fait que nous nous sommes un bimensuel, nous avons plus de temps. C’est vrai que deux semaines, c’est peu, mais nous essayons de faire ce travail. En fonction des sujets, le temps de travail évolue. C’est ainsi que nous pouvons traiter un sujet en un jour, deux jours, des semaines, plusieurs mois et des années. L’objectif est de faire en sorte que tout lecteur qui lit le journal sente qu’il y a des efforts de recherche de la vérité puisque c’est cela notre boussole.
La révolution numérique a bouleversé le fonctionnement et l’organisation des médias. Comment une presse imprimée, un bimensuel comme L’Evènement, s’adapte à ce changement digital ?
Depuis un certain temps, nous essayons de nous adapter. L’Evènement dispose maintenant d’une formule en ligne qui est payante. Nous essayons de tenir compte de cette crise du papier et de faire de telle sorte que nous puissions exister. Ces chiffres nous encouragent parce depuis la mise en place du site web, la courbe ne fait que croître.
Nous avons des abonnés ici comme ailleurs, c’est vraiment encourageant. Nous comptons en 2024 faire le point de nos abonnés et rendre cela public. A partir de janvier 2024, nous avons décidé de faire du papier en une mensualité c’est-à-dire que nous aurons le papier chaque 25 du mois et une version exclusivement accessible en ligne le 10. C’est une forme d’adaptation. Nous ne sommes pas pour la disparition complète du papier. Nous pensons que le papier a encore de l’avenir, il y a d’autres problèmes qui minent le papier. C’est pour cela que nous avons trouvé cette formule mixte.

Au sein de l’opinion nationale, d’aucuns pensent que L’Evènement, à travers ses contenus, est un media qui s’acharne sur le régime de transition. Quelle lecture avez-vous de cette posture ?
Ce sont des avis qui ne reposent pas sur des éléments factuels à notre sens, sinon qu’on le démontre. L’Evènement n’existe pas à partir du 30 septembre 2022, c’est un journal qui existe depuis mai 2001. En mai 2024, le journal aura 23 ans. C’est un journal qui a été créé dans l’adversité. De Blaise Compaoré en passant par Michel Kafando, Roch Marc Christian Kaboré, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et le capitaine Ibrahim Traoré, le journal n’a pas changé de ligne éditoriale. Moi je suis arrivé en août 2019 en tant que directeur de publication, jamais il est arrivé que le fondateur me dise que tel papier ne passe pas.
Nous nous sommes posés comme un journal de veille qui fait son travail en relevant les insuffisances, les faiblesses de la gouvernance. Depuis Blaise Compaoré jusqu’à maintenant, jamais le journal ne s’est mis au service d’un pouvoir ou d’un individu. Je demande à ceux qui pensent ainsi de faire une lecture comparée des parutions de L’Evènement du 24 janvier 2022 au 30 septembre 2022 et de cette date de septembre 2022 à aujourd’hui, des deux pouvoirs militaires, celui du lieutenant-colonel Damiba et du capitaine Traoré.
Ils pourront se faire une idée sur la ligne éditoriale de L’Evénement. Ils verront si nous avons prêché pour le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et si nous sommes contre le capitaine Ibrahim Traoré. Nous ne sommes contre personne, nous ne faisons que notre devoir d’informer et nous sommes de ceux qui pensent que c’est ainsi le journalisme. L’Evénement n’est pas au service d’un pouvoir.
Est-ce que vous comprenez ces critiques ?
Il faut les catégoriser. Il y a ceux qui sont de bonne foi, qui ne connaissent pas peut-être le fonctionnement des médias, du journal, les règles du métier journalistique. Il y a aussi, ceux qui font des observations de fond et de forme sur le contenu de nos éditions. Nous prenons en compte tout cela. Chaque fois que nous avons l’occasion, nous expliquons, clarifions et reconnaissions des erreurs, des insuffisances et des manquements dans le traitement de l’information. On nous a appris qu’un journaliste doit accepter la critique, toujours se remettre en cause, se poser les questions et essayer de faire de telle sorte de pouvoir s’améliorer.
Ce principe ne nous pose aucun problème. Nous acceptons les critiques. Du reste, nous encourageons les gens et plusieurs fois nous avons eu des lecteurs qui nous ont interpellés sur le contenu. Cela nous permet de nous améliorer et de mieux informer. C’est à travers ces lecteurs souvent que nous avons certains sujets. Des gens nous suggèrent, nous conseillent, nous proposent des sujets que nous traitons. Il n’y a donc absolument aucun problème qu’il y ait des critiques, des observations dans le fond et la forme par rapport à nos parutions.
Mais nous faisons la part des choses aussi entre ceux qui insultent, injurient, menacent, diffament juste à partir des Unes. Ils ne lisent même pas les articles avant de critiquer, d’insulter. Ce sont des choses que nous trouvons inacceptables. A des moments on est obligé de répondre. Deux ou trois fois, notre éditorialiste a dû répondre aux injures, aux grossièretés, aux amalgames faits à dessein. En dehors de ça, nous estimons que les critiques participent à l’animation de la vie politique et chaque Burkinabè a son mot à dire.
Au-delà du journal L’Evènement, il est souvent reproché aux médias burkinabè de ne pas trop accompagner le pouvoir dans la conquête du territoire. Quel est votre avis concernant cette affirmation ?
Il y a deux niveaux. Les premiers sont ceux qui pensent que les journalistes doivent applaudir le capitaine Ibrahim Traoré, dire qu’il est beau, que c’est un leader éclairé, que c’est lui que Dieu nous a envoyé pour nous sauver, qu’il est le plus compétent, qu’il est le plus intègre des Burkinabè, qu’il est le plus patriote. Par conséquent, pour cette catégorie de Burkinabè, les médias doivent participer à la communication du pouvoir, à la propagande, au culte de personnalité. Le deuxième niveau d’appréciation c’est ceux aussi qui pensent que les journalistes, ou plus globalement les médias, ne font pas suffisamment leur métier en faisant de l’auto censure, en faisant du blackout sur des choses qui ne fonctionnent pas bien dans le pays.
Il est arrivé que j’entende des propos sur une collusion entre les médias, les journalistes et le pouvoir, des voix critiques parlent même de corruption, d’achat de conscience. Ces Burkinabè, qui ont aussi cette lecture, estiment que les médias et les journalistes font aussi partie du problème national. Pour revenir au premier niveau que j’ai évoqué concernant l’accompagnement de la transition, ce n’est pas nouveau. Depuis Maurice Yaméogo jusqu’à aujourd’hui, c’est toujours le même discours de ceux qui sont au pouvoir.
Or les journalistes ne sont pas des auxiliaires du pouvoir ou du gouvernement. Un de nos aînés dans la profession, Yacouba Traoré, ancien de la télévision publique dans son livre « Gassé Galo » à propos du pouvoir du journalisme, l’a clairement écrit. Il a dit que le journalisme d’accompagnement qu’ils ont pratiqué ne leur a pas permis d’être à la hauteur de leur mission d’informer. Ce type de journalisme décrédibilise les médias et les journalistes. L’ancien directeur général de la RTB a espéré que ceux qui sont maintenant dans le métier fassent mieux.
Nous, à L’Evènement, nous avons souvent certaines situations où des citoyens nous disent : on vous fait confiance pour vous donner telle information parce qu’on voit qu’on en parle pas ailleurs. Nous avons aussi eu des cas où des citoyens ont exprimé leur étonnement, leur incompréhension voire même leur frustration de constater que des choses se passent dans le pays et aucun média n’en parle.
Nous ne sommes pas à la solde d’un pouvoir. Un journaliste doit pouvoir faire son travail honnêtement, en toute indépendance pour le bien du pays. Parce qu’il faut faire la part des choses entre servir l’Etat, le pays et servir un pouvoir, un régime, des individus. Ce sont deux choses différentes.
Le deuxième niveau d’appréciation, c’est par rapport aux attentes de citoyens qui voient dans les médias, la pratique des journalistes, des manquements, des choses qui ne vont pas et que nous n’évoquons pas, qui pensent que les médias sont achetés. Personnellement, je trouve que de façon globale, la presse burkinabè n’en fait pas suffisamment.
Je suis peut-être dur, mais je pense que nous ne sommes pas à la hauteur du défi qui se pose aujourd’hui. Parce que, au vu de tout ce qui se passe dans le pays, je pense qu’on devrait beaucoup mieux faire que ce que nous faisons maintenant. Je trouve que nous sommes assez ‘’gentils’’, nous tombons un peu dans ce discours de ‘’il faut être patriote, nous sommes en situation de crise, il faut accompagner’’, il faut faire ceci en oubliant que la meilleure façon d’aimer son pays, d’accompagner un pouvoir, c’est de faire correctement son travail.
Et faire correctement son travail en tant que journaliste, c’est de respecter les règles du métier. David Barry, un de nos doyens dans le métier, a publié un ouvrage sur le rôle des journalistes qu’il a titré « Les journalistes et les écrivains burkinabè face à leurs responsabilités. Essai sur les "inquiéteurs" ». Le titre de l’œuvre donne déjà une indication sur le rôle du journaliste dans la société burkinabè.
Des citoyens estiment que les médias ne soutiennent pas suffisamment les Forces de défense et de sécurité (FDS) engagées pour la reconquête du territoire. Comment comprenez-vous cette opinion ?
Ce sont des opinions qui ne reflètent pas la situation d’ensemble. Au Burkina, il n’existe pas ce média qui ait pris fait et cause pour les terroristes. Si cela existe qu’on nous donne le nom de ce média-là. Prendre fait et cause pour son pays, ce n’est pas s’aligner derrière les gouvernants parce que les gouvernants passent, les régimes passent, le pouvoir passe mais le pays demeure. Ce sont les règles et les principes que nous avons tous convenus ensemble pour vivre en communauté qui doivent être la boussole pour chaque professionnel.
Quand on dit qu’il faut soutenir les FDS, qu’on nous donne l’exemple d’un média qui ne soutient pas, qui ne montre pas, qui ne dit pas quand il y a des actions positives qui sont posées. Bien au contraire, souvent les journalistes initient des sujets pour évoquer la bravoure des soldats, mais c’est soumis souvent à la lourdeur administrative ou au manque de volonté de ceux qui disposent de l’appareil d’Etat.
Parce qu’on a eu des fois où des journalistes ont voulu réaliser des reportages sur des attaques qui ont été repoussées, sur des actions positives, sur des problèmes à la limite qui ‘’arrangent’’ ceux qui sont au pouvoir. On a eu plusieurs situations comme ça où les journalistes proposent mais il y a des obstacles. On verrouille l’information, on ne veut pas que les journalistes accèdent aux sources d’informations.

Il y a plus d’un an maintenant que le MPSR 2 a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat. Plus d’un an après, comment appréciez-vous les actions de cette transition ?
Personnellement, j’ai toujours préféré faire moins de journalisme d’opinion parce que c’est le lieu où il y a toute sortes de subjectivisme, de passions et chacun pense qu’il est le plus intelligent et que ses idées sont les plus raisonnables du monde et tout le monde doit être d’accord. Je suis plutôt factuel.
Chaque Burkinabè peut prendre des indicateurs en termes de localités accessibles, reconnues, qui fonctionnent ; des axes routiers que les Burkinabè peuvent emprunter ; du sentiment de sécurité, du nombre de déplacés internes, de réfugiés dont on ne parle pas suffisamment ; de centres de santé qui ne fonctionnent pas ; d’écoles qui sont fermées ; d’incidents sécuritaires. Chacun pourra apprécier et se dire si ça va ou pas. Si on se fie au discours officiel, on est d’accord pour dire qu’il n’y a pas une grande amélioration Du reste, le président lui-même dit que c’est maintenant que la guerre va commencer.
Qu’est-ce que vous pensez des réquisitions de certaines personnalités critiques envers le pouvoir ?
C’est une forme de détournement de pouvoir pour ce qu’on a vu jusque-là. Ce qui devrait être au service de l’intérêt général pour lutter contre un phénomène qui menace tout le monde est devenu un moyen de coercition pour s’attaquer à ceux qui ne pensent pas comme ceux qui applaudissent. La mobilisation générale telle qu’elle est mise en place, devrait permettre essentiellement de requérir des biens et des services, ce n’est pas pour requérir des individus. Même quand ça devait être des individus, la loi est assez claire.
On ne cible pas, on ne s’assoit pas pour dire qu’on va prendre X ou Y, c’est en termes chiffrés. Regardons en Russie et en Ukraine, on décrète et on dit qu’on a besoin par exemple de 10 000 combattants. On fait un appel et, en l’absence de volontaires, on cible une tranche d’âge pour rechercher les gens. On ne s’assoit pas pour décider que c’est X et Y qu’on réquisitionne. La décision judiciaire a permis de savoir qu’il y a un abus, un détournement de pouvoir.
Le 30 décembre 2023, les députés de l’Assemblée législative de transition (ALT) ont adopté le projet de loi portant modification de la constitution. Quelle analyse faite vous de cette révision ?
C’est dommage une fois de plus. C’est un passage en force, à notre avis. Cela n’honore pas le pays, bien au contraire, je crains que cela soit une mesure qui divise davantage les Burkinabè. Parce quand on veut opérer une révision constitutionnelle, déjà dans la forme cela pose un problème. On ne peut pas nous dire qu’on est en guerre, on a décrété la mobilisation générale et la mise en garde ; il y a des régions du pays où on a mis en place des mesures restrictives de libertés telles que le couvre-feu, l’interdiction de circulation d’un certain nombre de choses et on vient réviser la constitution. Encore que cela a été fait en catimini.
Le processus n’a pas été participatif. Tout cela a été fait parce qu’on voulait mettre la main sur la justice. Sinon le reste, n’est que de l’habillage à mon avis. L’objectif de cette révision, c’est tout simplement de mettre la main sur l’appareil judiciaire parce qu’on l’a vu avec certaines situations. Nous avons l’exemple du dossier Adja Larissa Nikièma.
Cela illustre que ceux qui disposent de l’appareil d’Etat ne sont pas satisfaits et ils ne comprennent pas que la justice, les magistrats, ne répondent pas à leurs désidératas. On a entendu le discours du chef de l’Etat à Pô, clairement ça sonne comme si tout le monde devrait se mettre à plat ventre dès que lui il dit quelque chose, tout le monde doit obéir. Malheureusement, un Etat, ce n’est pas comme ça. C’est vraiment dramatique qu’on se retrouve dans cette situation. Cette révision constitutionnelle nous divise davantage. Cela ne renforce pas l’Etat de droit.
La charte de la transition a prévu des élections en juillet 2024. Est-ce vous pensez que le rendez-vous sera respecté ?
Le rendez-vous de juillet ne sera pas respecté. Nulle part ça ne figure dans l’agenda national pour 2024. On estime que les élections ne sont pas une priorité. Ce qui est assez paradoxal, c’est qu’on nous dit que la situation s’améliore, mais on ne veut pas parler d’élections alors que tôt ou tard, on doit organiser ces élections. En 2024, nous nous avons estimé que c’est une année d’incertitudes parce qu’on ne parle pas d’élections mais on ne dit pas aussi comment on fait pour s’en sortir. Parce qu’on ne va pas rester éternellement dans une transition.
Le pays a pris un engagement libre et volontaire. Le 1er octobre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré, dans ses différentes sorties médiatiques avait dit à la CEDEAO de ne même pas se préoccuper, que douze mois, c’était trop et lui n’avait besoin que de trois mois pour régler la question et que le pouvoir empêchait de vivre. C’est lui qui l’a dit.
La question qu’on se pose, qu’est-ce qu’on propose maintenant ? Parce qu’il faut aussi respecter ses engagements. C’est le Burkina qui a pris ces engagements à travers le capitaine Ibrahim Traoré et il a été convenu qu’en juillet 2024 la transition doit prendre fin. Il ne faut pas être dupes, on voit que c’est de faire trainer les choses au maximum. On a vu des soutiens parler de transition de dix ans et même de pouvoir à vie.
On a l’impression qu’on vit dans un autre pays, on dirait que ce n’est pas le Burkina de 2014 où les gens se sont levés, se sont fait tués parce qu’on disait non à un pouvoir à vie. Cette absence de clarification, de feuille de route sur la transition fait partie des éléments, à notre avis, qui vont compliquer la vie des Burkinabè parce que l’organisation communautaire, la CEDEAO va certainement réagir. Ça ne serait pas une surprise s’il y a des sanctions comme on a vu au Mali et au Niger.
Comment avez-vous vécu la mise sous-scellé de votre journal ?
Une malheureuse situation qui est arrivée pour un organe de presse. De mémoire, c’est la première fois qu’un média est fermé au Burkina pour un contentieux fiscal. L’Evénement a fait l’objet d’un redressement fiscal et les choses se sont accélérées. Au niveau du journal, il faut tirer les leçons pour que cela ne se reproduise plus. Après, nous savions qu’on nous cherchait et qu’il fallait trouver le moyen de nous fermer. Pour nous, il y a eu une instrumentalisation du fisc. Nous avions des informations faisant état de velléités de nous fermer à partir de la présidence et finalement ce sont les impôts qui ont été utilisés. Je profite de l’occasion pour remercier toutes ces personnes, ces structures ici au Burkina et ailleurs qui nous ont soutenu durant la période et qui continuent de le faire.
Serge Ika KI
Lefaso.net