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Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

Publié le dimanche 7 janvier 2024 à 22h43min

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Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

Le premier conseil des ministres de l’année 2024 a annoncé de nouvelles mesures de soutien à l’effort de paix du Burkina Faso. Le gouvernement a décidé du prélèvement « de 1% sur le salaire net des travailleurs du public et du privé, de 25% sur les primes au niveau des départements ministériels et des sociétés d’Etat et des EPE, et de 5% sur le salaire des ministres, pour alimenter le Fonds de soutien patriotique (FSP). » Pour les entreprises 2% du bénéfice sera prélevé. Le chef de l’Etat avait annoncé lors de son message du 11 décembre 2023 que de nouveaux sacrifices seront demandés aux Burkinabè. Cela fera bientôt un an que les Burkinabè font des efforts pour obtenir la paix.

C’est le 11 janvier 2023 que le Fonds de soutien patriotique a été créé pour mobiliser 100 milliards de francs CFA pour la prise en charge des Volontaires pour la défense de la patrie. Le gouvernement avait rencontré les syndicats pour qu’ils acceptent de céder 1% de leur salaire, mais les travailleurs avaient estimé qu’il existait des niches fiscales inexploitées de la part de l’Etat comme les particuliers et les entreprises qui doivent à l’Etat, la faible imposition du foncier, la réduction du train de vie de l’Etat…

C’est suite à l’échec de cette négociation avec les syndicats que le gouvernement a créé un ensemble de taxes sur les boissons alcoolisées et non, le tabac, les parfums, puis sur les télécommunications. Le gouvernement a fait appel à des contributions volontaires des travailleurs et de toute la population pour soutenir la recherche de la paix.

Une fiche de contribution volontaire était mise à leur disposition comme l’indiquait le ministre des finances et de l’économie : « Nous invitons vraiment tous les Burkinabè à télécharger la fiche … et dire ce qu’ils veulent apporter comme contribution. La durée, c’est un an mais renouvelable et cela nous permet justement à l’issue d’un an, de faire le point pour voir qu’est-ce qui a marché, qu’est-ce qui n’a pas bien marché et faire des ajustements. Mais notre espoir, c’est que, à partir de peut-être à la fin des un an, on n’aura plus besoin de ces fonds parce qu’on ne sera plus dans cette situation. »

Le bilan n’est pas encore fait puisque les souscriptions et les taxes ont débuté le 23 janvier 2023. Mais ce qui est sûr les contributions volontaires ne crevaient pas le plafond dans cette collecte. Elles tournaient autour de 5%. Ceux qui aiment diviser la population en "patriotes" et "apatrides" voient que les Burkinabè, "patriotes" et "apatrides" confondus, sont peu nombreux à céder volontairement leur argent. Si on soustrait nos compatriotes de la diaspora qui donnent volontairement, on se rend compte que les Burkinabè qui vivent sur le territoire n’ont pas les moyens pour donner où ne veulent pas donner.

L’effort financier, physique, intellectuel de tous a de la valeur

Le taux de fonctionnaires ayant cédé volontairement une partie de leurs salaires en 2023 est un bon indicateur sur la popularité de la souscription volontaire, si le gouvernement le publiait. Dans le bilan à venir, il serait intéressant de voir les courbes de contributions volontaires et celles d’adhésion à l’actionnariat populaire, si cette contribution n’a pas impacté la mobilisation pour l’effort de paix. Où si les publics des deux contributions sont différents. Des leçons intéressantes peuvent être tirées de cette étude.

Même si la contribution volontaire n’est pas encore acceptée, le gouvernement aurait pu continuer à discuter avec les syndicats, un an après, pour expliquer la nécessité et écouter leurs propositions, qui peuvent aussi être intéressantes ou emmener d’autres solutions productives. Ils auraient pu leur présenter de nouveaux arguments provenant de l’expérience écoulée. Les évolutions de la situation nationale peuvent leur être exposées.

Il ne faut pas penser que les partenaires sont sourds au dialogue et ont des positions figées, immuables. Nous n’avons pas pu atteindre l’objectif recherché des 100 milliards avec l’ancienne formule, puisqu’au 7 décembre 2023 le montant des ressources mobilisées s’élevait à 70 845 185 994 FCFA. Cela ne plait pas à certains, les "buveurs de bière" sont les grands contributeurs à l’effort de paix avec BRAKINA/Sodibo collectant 75% des contributions. Le nouvel objectif n’a pas été annoncé mais il est bien plus ambitieux avec des ressources connues qui seront prélevées à la source.

Beaucoup d’observateurs s’inquiètent sur la diminution des autres taxes collectées du fait de la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs, selon la maxime du trop d’impôts qui tuent l’impôt. On l’a observé avec les fêtes de fin d’année 2023 qui ont été très difficiles avec la vie chère qui sévit. Au moment où il est demandé des efforts et des sacrifices aux uns et aux autres, il peut paraître curieux que les fonds spéciaux de la Présidence augmentent. La réduction du train de vie de l’Etat devrait se manifester à ce niveau aussi. D’autant plus que les conditions de redevabilité de ces fonds semblent opaques.

On ne cessera jamais de le dire, les décisions qui se prennent avec la participation des personnes concernées ou leurs représentants sont les meilleures parce qu’elles sont participatives, inclusives. Arrêtons de diviser les Burkinabè, unissons-nous, parce que ce pays nous appartient tous et que l’effort financier, physique, intellectuel de tous a de la valeur. Pour recouvrer l’intégrité de notre territoire nous avons besoin de tous.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 janvier à 01:06, par Bob En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

    Arrêtons une bonne fois 2 choses au moins. Le débat APATRIDE et PATRIOTES et la soif disent RESTRICTIONS des libertés. Soyons honnêtes, qu’on le veuille ou pas, les burkinabé qui prennent les armes contre le pays, qui renseignent, approvisionnement les terroristes, écoutent sur les marchés le bétail volé, dénigrant sur les médias nationaux et internationaux nos autorités et notre pays sont des APATRIDES contrairement aux patriotes qui luttent, soutiennent et se sacrifient pour le Burkina Faso. Jusqu’à ce jour, aucun décret, loi ou ordonnance n’a modifié quoi que ce soit sur les garanties de liberté et de liberté d’expression dans ce pays. Maintenant si des quidams menacent et insultent des personnes qui auraient tenu des propos ou écrits qu’ils désapprouvent, c’est une affaire privée entre individus. Ceux qui se sentent menacés doivent saisir la justice ou mieux dans les cas les plus graves la justice doit protéger les menacés. Nul ne peut interférer au risque de porter atteinte à l’indépendance de la justice. Enfin un ÉTAT n’est pas une ASSOCIATION qui organise l’assemblée générale de ses membres pour toute décision importante. L’ÉTAT RÉGALIEN a toute compétence sur toute l’étendue du territoire de prendre toute décision pour l’intérêt général. En matière d’impôt, taxe et budget, à quelques exceptions près aucun ÉTAT n’organise des forums pour les IMPOSER. Évidemment il est bon que la lutte contre la corruption et la délinquance financière et fiscale soit intensifier , mais là encore il faut que la justice réponde présent, puisqu’elle est INDÉPENDANTE. Il faut ce qu’il faut.

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    • Le 8 janvier à 09:57, par theo En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

      Je suis totalement d’avis avec votre réaction à cette analyse du journaliste. Lorsqu’on parle de fonds spéciaux qui augmentent à la présidence, on oublie de dire que la guerre que nous menons a beaucoup d’implications. Un exemple : dîtes nous d’où l’ANR tire son budget pour avoir le renseignement humain qui permet de contrecarrer les actions hostiles ?

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    • Le 9 janvier à 08:50, par kwiliga En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

      Il est grand temps de supprimer la langue française et d’exprimer ces notions de patriotisme, d’apatride, de panafricanisme,... en langues "nationales". Tiens, d’ailleurs, comment dit-on national en ...?
      Parce qu’il semble qu’en français, on maitrise mal le sens de ces termes :
      - Patriote : qui aime ardemment sa patrie et le prouve par ses actes. Synonymes : chauvin, cocardier. Ou : Personne qui aime sa patrie et la sert avec dévouement.
      Si l’on s’en réfère à cette définition , on doit considérer que l’amour de la patrie ne suffit pas à démontrer le patriotisme, il est nécessaire de traduire ce sentiment par des des actes et le fait de servir avec dévouement. Du fait la première catégorie de patriotes (et malgré tous les travers que je leur reproche), seraient les agents de l’état, militaires, bien sûr, mais également tous les corps de fonctionnaires... ceux qui ont été empêchés de se réunir par les "patriotes" aiguiseurs des machettes, par exemple.
      - L’opposé, le contraire étant, l’antipatriotisme : Opposition au patriotisme, à l’amour de la patrie.
      Doit-on considérer dans cette catégorie tous ceux qui se revendiquent du panafricanisme ? En effet, le fédéralisme est opposé au nationalisme et au patriotisme, en ce sens qu’il restreint la souveraineté nationale et nous oblige à appliquer les règles fédérales, qui deviennent supérieures aux lois nationales.
      - Apatride : Se dit de quelqu’un qui, ayant perdu sa nationalité, n’en a pas légalement acquis une autre. Ou : Personne sans nationalité, aucun État ne la considérant comme son ressortissant. Hum, il semble qu’aucune des personnes incriminées, qu’elles soient terroriste, rebelle, opposant, critique,... ne correspondent à ces définitions.
      Il faut donc que notre junte, se consacre à l’écriture du petit lexique de la "novlangue Kyelemo-Traoresque", nous indiquant ainsi les nouvelles définitions des mots. Ce lexique sera bien entendu rédigé dans la soixantaine de langues nationales que comporte notre beau pays, distribué à chacun de nos compatriote, qui aura l’obligation de l’apprendre par cœur et de le réciter sans faute, au risque de se faire traiter d’apatr... Ah ben non !

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  • Le 8 janvier à 10:05, par Article 37 En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

    Personne ne conteste la légitimité des taxes que le gouvernement a mis en place.
    Nous avons seulement besoin de transparence et d’autres sources supplémentaires. Le Président avait annoncé qu’il y a des officiers milliardaires. Il faut penser à récupérer l’argent volé pour les restituer au trésor.
    Tout l’argent de la défense ne va pas dans les armes. Les contrats d’armements utilisent des deniers publics importants et nous en sommes tous confiant. Seulement ça va être difficile de dire qu’il n’y a pas de compte à rendre. Le salaire des VDP qui passe de 60 000 F à 80 000 F, nous comprenons. Il faudra aussi publier les primes qui sont versés aux personnels déployés.

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  • Le 8 janvier à 10:36, par zkarre En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

    Il est vrai que le pouvoir d’achat des contributeurs baisse un tout petit peu mais cela n’affecte en rien le pouvoir d’achat général d’autant plus que cette contribution permettra d’augmenter le pouvoir d’achat des VDP.
    1% sur le salaire net est très insignifiant. Il ne s’agit pas simplement d’une contribution qu’elle soit volontaire ou pas mais d’un effort. Cela signifie que c’est un sacrifice "de privation" par rapport à ses habitudes pour permettre aux VDP d’avoir le moral au TOP pour affronter les terroristes.
    Contrairement aux salariés, le sacrifice des VDP est celui de "LA VIE". C’est en partie grace à eux et aux FDS que l’état existe toujours et par ricochet, c’est grace à eux si nous avons encore un salaire à chaque fin de mois car dans une insécurité généralisée, il n’y a pas de travail donc pas de salaire.
    La contribution devrait être plus conséquente c’est à dire de 3 à 5% du salaire net.
    Je contribue déjà à hauteur de 25 000FCFA par mois depuis bientôt un an. Je ne donnerai pas le pourcentage exact car ce serait afficher mon salaire mais c’est largement au dessus des 1%.

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  • Le 8 janvier à 10:42, par Lucide En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

    Je cite "puisqu’au 7 décembre 2023 le montant des ressources mobilisées s’élevait à 70 845 185 994 FCFA. Cela ne plait pas à certains, les "buveurs de bière" sont les grands contributeurs à l’effort de paix avec BRAKINA/Sodibo collectant 75% des contributions."
    La solution était simple : "augmenter la taxe sur les boissons alcoolisées".

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  • Le 8 janvier à 11:10, par Passakiri En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

    J’avais oublié, mais il faudra aussi penser à un échelonnement de la participation des travailleurs habitant au Faso , mêmes les travailleurs des organismes internationaux et de la CEDEAO parce que la sécurité du Burkina est aussi de leur intérêt.
    Des déclarations de bien des membres du gouvernement , j’ai pu apprendre qu’un fonctionnaire contractuel de la CEDEAO , officier de son rang touche plus de 8000 Euros net plus son salaire d’officier. Dans ces dimensions c’est exagéré et donne les coudée franches pour une participation plus conséquente . Donc même 20% pourquoi pas ? Alors écholener par exemple :

    - SMIG -à 99 000F : -0,5%
    100.000 F-299.000 F :- 1%
    300 000F-499 000 F : 2%
    500 000 F- 999 000 F : 4%
    1000 0000-1 999.000 F : 10%
    2000 000 et plus : 20%
    Supression de tous les fonds communs versés aux fonctionnaires
    Supression des subventions non ciblées ( au carburant par exemple).
    Supression des grosses cylindrées du parc automobile de l’état, exepté certains domaines nécessitant accès indispensable à terrain difficile ( on voit trop de V8 fonds rouge ou vert en pleine capitale).
    Ensuite, un journaliste l’a suggéré à débat de presse, mettre à contribution la diaspora . Certes elle participe déjà mais on pourrait mieux la mettre en contribution en coordonant les actions. les ambassadeurs doivent quitter leurs costumes et leurs salons et rejoindre les compatriotes ou`ils sont pour les inciter à participer à l’éffort de paix.
    Si malgré tout cela les besoins ne sont pas satisfaits, demander aux Burkinabè qui en ont la capacité de contribuer dans une sorte d’emprunt sans intérêt. le journaliste Arouna Kaboré avait donné l’exemple de 5 millions de burkinabé qui participent à hauteur de 200 000 F CFA ; celà donnerait la bagatelle somme de 1000 milliards qui seront une bouffée pour méner avec sereinité les opérations de reconquête. Et je pense comme lui que c#est pas une utopie.

    Passakziri

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    • Le 9 janvier à 08:46, par kwiliga En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

      Bonjour Passakiri,
      La participation progressive en fonction du niveau de revenu est une excellente idée, c’est très "sankariste" et irait dans le sens de rétablir une justice sociale, hélas disparue.
      De mon côté, j’attends des précisions quant aux 25% sur les primes ?
      Le fond commun est-il concerné ?
      Pour terminer, il serait bon de suspendre les centaines de séminaires, formations, plateformes de concertations dans l’objectif d’établir les objectifs... décentralisées, qui pullulent dans les hôtels de luxe de Koudougou et autres Ziniaré, souvent stériles et parfaitement budgétivores.

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  • Le 8 janvier à 12:14, par Manuel En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

    Bonjour
    Félicitations pour ce bel article qui dit tout haut ce que pensent de nombreux Burkinabè.
    Il faut également comprendre que pour comprendre il faut de l’intelligence et de l’humilité, choses que très peu de nos possèdent.
    À chaque fois que quelqu’un écrit quelque chose qui ne correspond pas à la vision de certains, ce sont des injures et menaces qui sont proférées, cela traduit clairement le niveau de réflexion des auteurs de ces menaces.
    Ne vous inquiétez surtout, Blaise Compaoré est toujours le président du Faso !!!
    Certains avaient juré que si ce n’est pas Dieu, personne ne pouvait le remplacer !!
    Damiba était un envoyé de Dieu selon certains !!
    Les menaces sont la marque de fabrique des médiocres !

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  • Le 8 janvier à 12:54, par HUG En réponse à : Burkina : Pour l’effort de guerre, le gouvernement change son fusil d’épaule en 2024

    Ce sont les mémes qui acclamaienrmt blaise compaoré, roch mark,damiba qui chantent louanges du mpsr 2. Citez moi le nom d un pays où on prélève les salaires de quelqu un sans son accord ? Ou est le resultats de l audit de l armée et des 15 ministéres ?Où sont l argent volés depuis blaise compaoré ? Allons seulement.Pourquoi certains fonds logés à la présidence ont été augmentés à 70% ? Demain n est pas loin.

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