Burkina/Reprise du train voyageurs : Des commerçants sont entre l’espoir et le doute
Le 17 novembre 2023 marque officiellement la date tant attendue de la reprise du trafic du train voyageurs entre Abidjan et Ouagadougou, suscitant un mélange d’espoir et de doute parmi les commerçants burkinabè. Rencontrés sur leurs lieux de travail ce lundi 13 novembre 2023, ces entrepreneurs nourrissent l’espoir d’une relance salvatrice de leurs activités plongées dans une léthargie persistante depuis plusieurs années.
« On est fatigué ! Cela fait plusieurs fois qu’on annonce la reprise du train pour les voyageurs sans résultat ». C’est la frustration exprimée par l’une des commerçantes installées à proximité de la Société internationale de transport africain par rail (SITARAIL) à Ouagadougou. Avec vingt ans d’expérience dans le commerce transfrontalier, Fatoumata Salé souligne les pertes considérables subies depuis l’arrêt du train voyageur, déclarant : « On est découragé ! Je voyage chaque deux semaines depuis un moment avec le car. Mon argent part dans l’eau (NDLR : elle travaille à perte) ».
- « On nous avait annoncé la reprise du train voyageur pour le 2 novembre 2023 après c’était le 9 novembre. Nous sommes maintenant dans le doute », Fatoumata Salé, commerçante
La soixantaine révolue, Fatoumata Salé témoigne du caractère pénible du voyage en car, relevant que le train offrait non seulement un confort supérieur, mais était également plus rentable. Vendant une variété de produits : de savons "kabakrou" à l’attiéké, en passant par les aubergines jusqu’au placali, elle espère une reprise du train pour dynamiser son commerce.
Un optimisme partagé par Abdoul Razack Démé, vendeur de bananes plantains à quelques mètres de la gare ferroviaire de Ouagadougou. Depuis l’arrêt du train pour passagers, monsieur Démé s’approvisionne en Côte d’Ivoire via des gros camions. « La reprise du train va nous permettre de faire beaucoup plus de chiffre d’affaires qu’actuellement », déclare-t-il.
- « De nombreuses personnes fréquentent la gare quand le train voyageur fonctionne. Ce qui nous permet d’en tirer profit », Abdoul Razack Démé, vendeur de bananes plantains
La reprise effective du train voyageur est aussi une opportunité pour le Burkina Faso de renforcer son intégration économique régionale, de favoriser le développement durable tout en dynamisant son économie dans l’ensemble. Cependant, malgré cet espoir, persiste un voile de doute quant à la concrétisation de cette annonce tant attendue par ces commerçants burkinabè.
Pour rappel, le trafic du train voyageur a été suspendu depuis maintenant près de quatre ans. Dans une correspondance en date du 10 novembre 2023, la Société internationale de transport africain par rail a accusé réception de la demande de reprise du transport des voyageurs, par le ministère en charge des transports du Burkina Faso.
À travers sa lettre du 10 novembre, la SITARAIL a dit prendre bonne note de la forte demande des autorités burkinabè de démarrer courant novembre 2023, le transport des voyageurs en mettant tout en œuvre à cet effet. Cependant, elle a dit ne pas pouvoir donner la garantie d’une exploitation exempte de tous incidents.
La SITARAIL a par ce courrier confirmé la reprise du transport de voyageurs entre Ouagadougou et Abidjan le 17 novembre 2023. Il est prévu à cet effet, la mise en circulation d’une rame par semaine composée de deux voitures (192 sièges) et de fourgons collecteurs.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 14 novembre 2023 à 08:27, par Renault HÉLIE En réponse à : Burkina/Reprise du train voyageurs : Des commerçants sont entre l’espoir et le doute
Que voilà une bonne nouvelle pour l’économie burkinabè !
La culture « fonctionnaire » de beaucoup de burkinabè instruits les rend souvent aveugles aux réalités économiques bien concrètes.
Je suis désolé de constater que vos « zélites » aient tant de mal à comprendre que le chemin de fer Abidjan-Bobo-Ouaga est votre principale richesse, une immense richesse, et vaut à lui seul 20, 50 ou 100 mines d’or.
Une mine d’or sera épuisée dans 5, 10 ou 20 ans.
Un chemin de fer bien entretenu, c’est une richesse immense qui ne peut s’épuiser.
La simple reprise du trafic voyageur va fantastiquement doper le commerce, informel comme formel, et ce sera d’autant plus de ressources fiscales de l’État et d’autant moins de chômage chez les petites gens.... et moins de jeunes qui traînent leurs tapettes à commettre de petits délits.
Vive le beignet dégusté tout chaud sur un quai de gare africaine !
Je serais intéressé par un chiffrage de l’impact économique très positif de ce rétablissement sur votre économie.
Répondre à ce message
2. Le 14 novembre 2023 à 12:34, par SOME En réponse à : Burkina/Reprise du train voyageurs : Des commerçants sont entre l’espoir et le doute
Ce que nous attendons c’est la renationalisation. Nos grands parents sont morts dans la création de cette liaison si stratégique, c’est pour le redonner aux colons encore. Ils nous ont assez sucé le sang
SOME
Répondre à ce message
3. Le 15 novembre 2023 à 08:21, par Renault HÉLIE En réponse à : Burkina/Reprise du train voyageurs : Des commerçants sont entre l’espoir et le doute
@SOME
Messire SOME, croyez-vous encore aux miracles ? Aux miraculeuses nationalisations « contes de fée » ? 34 ans après l’effondrement ridicule du communisme dans un tsunami de misère russe, vous êtes encore fidèle à ces idoles soviétiques mangées des termites ?
On reconnaît chez vous les vieilleries marxisantes couvertes de poussière et de toiles d’araignée, je vous dis ça courtoisement, mais avec une certaine narquoiserie gentille.
Je vous rappelle qu’il y a déjà eu une période de fonctionnarisation du rail burkinabè qui a failli s’achever par la fermeture de la ligne. La faiblesse du rail au BF dans les années 1980-1990 a fait la fortune des taxis-brousse et des sociétés privées d’autocar, genre Kanazoé.
Vous savez très bien que dès qu’une grosse société est nationalisée chez vous, elle est submergée par les recrutements « politiques » de parfaits incapables, par la corruption et le coulage. Donc, un véritable ennemi du BF ne pourrait qu’applaudir une nationalisation qui mènerait rapidement à une fermeture du rail burkinabè.
Je vous propose une solution moins destructrice pour votre patrimoine ferroviaire : laissez le rail entre des mains burkinabè, mais surtout des mains PRIVÉES, genre Bonkoungou ou Kanazoé, qui sauront « tenir » le personnel et recruter des ingénieurs compétents. Sinon, votre « SNCFB » sera ruinée par des personnels absentéistes, incompétents et, bien entendu, sursyndicalisés...
Maintenant, si vous tenez absolument à ce que le rail disparaisse du BF, allez-y, nationalisez !
Il y aurait bien une tierce possibilité, quelque peu néocolonialiste (sauf pour certains aveugles) :
Vous confiez vos lignes aux Chinois, ils rénoveront « nickel » et feront fort bien fonctionner les trains .
Mais, premièrement, ils ne recruteront aucun africain au dessus du grade de manœuvre et, deuxièmement, ils vous laisseront une dette saignante qui vous laissera ruinés pour des dizaines d’années ; demandez aux Sri-Lankais, par exemple.
Bien entendu, vous ne serez probablement pas parfaitement d’accord avec moi. Mais, si nous étions parfaitement d’accord, il n’y aurait pas de débat, aussi courtois soit-il, n’est-ce pas ?
Sinon, on attend un retour du beau temps ; ce sera parfait pour une discussion en terrasse sur la place du Capitole de Toulouse, un endroit que j’adore. Vous en avez de la chance, Messire SOME !
Répondre à ce message