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Burkina : « Il est facile de passer la journée sur la toile et ne pas avoir cinq minutes à consacrer à un livre », Kadidia Nébié, passionnée et promotrice de lecture

Publié le mercredi 13 septembre 2023 à 21h59min

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Burkina : « Il est facile de passer la journée sur la toile et ne pas avoir cinq minutes à consacrer à un livre », Kadidia Nébié, passionnée et promotrice de lecture

La fréquentation des bibliothèques et la pratique de la lecture connaissent une baisse d’année en année au Burkina Faso. L’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que des réseaux sociaux y participent beaucoup. Cependant, il y a quelques personnes qui travaillent à maintenir ou à introduire la lecture dans le quotidien de tous. C’est le cas de Kadidia Nébié, juriste de formation et journaliste de profession. C’est une grande passionnée de lecture qui a décidé de sensibiliser les gens pour les inciter à lire. Elle nous en dit plus dans l’entretien qu’elle nous a accordé.

Lefaso.net : Comment vous est née la passion pour la lecture ?

Kadidia Nébié : Ma passion pour la lecture est née depuis que je suis toute petite. Je me souviens que c’était ma maman qui me faisait chaque fois la lecture de livres en fin de journée et les weekends. En plus elle avait vite pris pour habitude de m’offrir des livres à des occasions particulières comme à mes anniversaires. C’est de là que la passion pour la lecture est véritablement née.

Quelle est votre fréquence de lecture et quels sont les genres de livres que vous lisez en général ?

En ce qui ce qui concerne ma fréquence de lecture, il faut dire que je lis tout le temps. Il est inconcevable pour moi de commencer une journée sans lire. J’ai toujours un livre au chevet de mon lit que je lis avant de descendre du lit. A mes heures de pause, surtout dans l’après-midi, aussi je fais de la lecture. Et surtout le soir pour dormir moins ignorant je lis toujours avant de m’endormir. Il n’y a pas de fréquence définie en tant que telle mais retenez qu’une journée sans lecture pour moi est inconcevable. Je lis un peu de tout. Je ne fais pas de fixation sur un genre donné. Qu’il s’agisse du roman, du théâtre, de la nouvelle et les livres de développement personnel qui sont en vogue actuellement. Tout le monde parle de livre de développement personnel. Mais j’aime dire que tous les livres du moment où ils vous font accéder au savoir sont des livres de développement personnel donc je lis un peu de tout.

En quoi consiste la promotion de la lecture que vous faites ?

Les lecteurs sont généreux. C’est ce qui fait que j’ai travaillé à partager la lecture à tout mon entourage et à étendre ça partout. Je procède par la sensibilisation. Je fais comprendre aux gens le gain en lisant. Quels sont les avantages à tirer dans la lecture. Après la sensibilisation, intervient le coaching en stratégie de lecture parce que chaque fois, les gens disent qu’ils n’ont pas le temps pour lire, qu’ils sont occupés, et que leurs journées sont très absorbantes. Je leur réponds toujours qu’ils commettent l’erreur de croire que demain ils seront moins occupés ou qu’ils auront plus de temps libre.

Par exemple un ou une doctorante dira qu’il va lire après avoir terminé sa thèse pourtant l’obtention de cette thèse va faire venir des occupations encore plus rigides. Donc dans le coaching, je leur montre que tout est en rapport avec l’organisation. Et après le coaching, il y a un suivi. Nous organisons régulièrement des rencontres littéraires avec des auteurs. Je suis accompagnée d’une équipe très engagée dans ce sens. La rencontre se fait avec des lecteurs et toutes personnes désireuses de faire un partage d’expériences. Nous donnons des astuces aux personnes qui viennent pour lire par moment.

Pensez-vous qu’à l’ère du numérique il est toujours possible de faire venir les gens dans les bibliothèques ?

C’est une épineuse question qui est d’actualité parce qu’il faut le dire, le numérique occupe la quasi-totalité de notre temps. Ils sont très peu ceux qui arrivent à se passer du numérique. Il est facile de passer la journée sur la toile et les réseaux sociaux et ne pas avoir cinq minutes à consacrer à un livre. C’est donc très difficile, mais je suis optimiste. En ce qui concerne la lecture, tant que la personne n’a pas défini son intérêt pour le livre, il est difficile de l’attirer dans une bibliothèque. Il y a une maxime en droit qui dit « pas d’intérêt pas d’action ».

Tant que la personne n’aura pas donc défini son intérêt, il sera difficile pour la personne de lire. C’est pourquoi j’aime montrer l’intérêt que les gens ont à lire. Par exemple, on accède au savoir, on réduit son stress et il y a pleins d’autres intérêts à lire. J’ai une connaissance qui n’aimait pas la lecture qui m’a confié qu’elle était contrainte de s’y adonner en raison de son travail qui demande de la recherche. On va donc travailler à définir les intérêts des gens pour la lecture et forcément ils viendront dans les bibliothèques. J’aime dire aux gens que la beauté et la force des muscles ont des limites mais là où il n’y aura jamais de limite, c’est le savoir. Et pour acquérir le savoir, il vous faudra lire à un moment donné. J’ai grand espoir que l’on retournera à la bibliothèque avec plusieurs lecteurs.

Quels sont les difficultés que vous rencontrez dans vos actions de sensibilisation à la lecture ?

En ce qui concerne les réseaux sociaux et le téléphone, ce sont des obstacles de ma sensibilisation et à ma promotion de la lecture. Il est difficile de dire à quelqu’un de se séparer de son téléphone pendant deux heures. Il y a aussi que les gens disent qu’ils manquent de temps. Et ils ne sont pas convaincus de ce qu’ils vont tirer de la lecture comme je l’ai dit plus haut. Il y a un blocage aussi parce qu’il y a des livres qui coûtent chers. Quand ils s’abonnent à une bibliothèque aussi, il y a un temps donné pour remettre le livre.

Par exemple la bibliothèque où je suis abonnée nous donne deux semaines pour remettre un livre et ça fait une véritable contrainte vis à vis du temps. Toutes ces contraintes restent néanmoins assez négligeables. Nous travaillons aussi à ce que les auteurs ne restent pas dans l’abstrait et puissent rencontrer des lecteurs. Nous voulons réduire le fil de la distance entre lecteurs et auteurs parce qu’un lecteur qui rencontre un auteur ne peut qu’être motivé à lire son livre. Cependant, les auteurs burkinabè ne sont pas aussi très disponibles mais nous les programmons et c’est souvent difficile.

Etes-vous déjà auteure de livres ou envisagez-vous écrire ?

Pour le moment, je ne suis pas auteur d’un livre mais c’est en perspective. J’aime beaucoup écrire donc il n’y a pas de raison qu’à un moment donné vous ne me lisez pas.

Qu’avez-vous à ajouter ?

Je remercie l’équipe de Lefaso.net de m’avoir accueilli et merci pour cette fenêtre que vous ouvrez sur ma sensibilisation des gens à la lecture. C’est une force et un boost que vous me donnez. A ceux qui sont qui sont encore sceptiques concernant la lecture et qui ont du mal à sauter le pas, je vous exhorte à aller vers l’inconnu qu’est la lecture. Je vous promets que vous n’en sortirez pas du tout bredouille.

Propos recueillis par Farida Thiombiano
Lefaso.net

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