Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Lucien Robert Kargougou, a visité, ce samedi 19 août 2023, le chantier de construction du Centre de radiothérapie de Bobo-Dioulasso. Ce projet dont la pose de la première pierre a eu lieu en octobre 2020, avait un délai d’exécution de 18 mois. Mais à cette date, soit près de 34 mois après, le taux d’exécution des travaux est de 30%. Un « grand retard » que le ministre a déploré, au regard de l’importance de ce centre pour la population du grand ouest du Burkina Faso.

Le ministre Kargougou a rappelé que le gouvernement accorde une grande importance à cette infrastructure qui, selon lui, devrait contribuer à l’amélioration de l’accès au service de radiothérapie pour les patients qui souffrent du cancer dans cette partie du Burkina Faso. C’est pourquoi il a affiché la volonté de son département d’œuvrer à l’aboutissement de ce projet. A l’issue donc de cette visite, Dr Robert Kargougou n’a pas manqué d’exprimer son insatisfaction vis-à-vis du chantier.

Une vue du bâtiment de la radiothérapie en construction au CMA de Dafra à Bobo-Dioulasso

« La dernière fois, lorsque nous sommes passés pour la visite de suivi en avril dernier, le chantier était à un taux d’exécution de 25%. Quelques mois après, le taux d’exécution est de 30%. Mais nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce rythme d’évolution parce que le retard est très prononcé. Il y a véritablement urgence que cette infrastructure soit livrée enfin aux populations dans les prochains mois qui suivent. Pour cela, nous allons intensifier le suivi pour faire en sorte que les problèmes qu’il y a entre le partenaire autrichien et l’entreprise puissent être résolus pour que les travaux puissent avancer le plus rapidement possible », a lâché le ministre Kargougou.

Il a fait savoir que rien ne devrait retarder ce chantier car, selon lui, le gouvernement burkinabè a honoré ses engagements jusque-là. « Dans le cadre de ce financement, le gouvernement respecte ses obligations, ses engagements ; donc il est tout à fait normal que les autres parties prenantes puissent aussi respecter leurs obligations, leurs engagements », a-t-il exigé.

Pour mieux cerner les problèmes de ce chantier, le partenaire autrichien est attendu en septembre prochain à Bobo-Dioulasso pour qu’ensemble, ils puissent trouver des solutions. « Nous voulons faire en sorte que le partenaire autrichien vienne au Burkina, à Bobo-Dioulasso, pour qu’ensemble, nous puissions regarder avec l’entreprise qui est chargée de la construction de cette infrastructure, quels sont les goulots d’étranglement et comment nous pouvons faire en sorte que ce chantier puisse connaitre une accélération », a-t-il laissé entendre.

Le ministre de la Santé, Lucien Kargougou, déploré le « grand retard » sur le chantier et exige que le bâtiment soit livré en juin 2024

Qu’à cela ne tienne, le ministre de la Santé a donné un énième délai à l’entreprise qui est de juin 2024 pour la remise de l’infrastructure. Des instructions ont été données au coordonnateur du projet, à toutes les équipes de terrain, pour que les travaux puissent s’accélérer davantage. Car ce centre doit desservir toute la région du grand-ouest pour éviter qu’un patient quitte Bobo-Dioulasso ou d’autres localités et traverser Bobo-Dioulasso pour aller se soigner à Ouagadougou. « Ce n’est pas normal », a-t-il clamé.

Selon le ministre, l’équité d’accès aux soins spécialisés constitue une priorité majeure pour le gouvernement de transition. A en croire le coordonnateur du projet, Dr Constantin Sanon, les difficultés qui freinent ce chantier sont liées plutôt à des problèmes de gestion interne au niveau du partenaire. Il a confirmé que le gouvernement burkinabè a honoré ses engagements et attend aussi que le partenaire réagisse promptement pour que ce retard enregistré puisse être rattrapé.

« Il y a des difficultés de coordination, de management interne qui sont liées au partenaire autrichien et à son partenaire local en charge des travaux ; sinon le gouvernement a respecté ses engagements. Donc, avec l’arrivée du partenaire en septembre, nous espérons que les travaux vont avancer », a indiqué le coordonnateur du projet, Dr Constantin Sanon. Le ministre Kargougou, quant à lui, espère que cette rencontre avec le partenaire en septembre permettra de mettre le doigt sur les causes profondes qui bloquent ce chantier.

Le coordonnateur du projet, Dr Constantin Sanon, explique les raisons du retard sur le chantier

Il faut rappeler qu’à terme, ce centre disposera de toutes les commodités d’un centre de radiothérapie de référence, destiné à assurer la prise en charge effective des cas de cancer dans des conditions optimales de qualité. D’un coût global de 11,09 milliards de F CFA, ce projet vise à rendre possible le dépistage et la prise en charge complète des cas de cancer. Sa réalisation permettra ainsi de prendre en charge les populations des quatre régions de l’Ouest du Burkina Faso (Hauts-Bassins, Cascades, Sud-Ouest et Boucle du Mouhoun). À travers la réalisation de ce centre, le gouvernement burkinabè veut permettre à toutes les personnes malades du cancer d’avoir les chances les plus élevées de guérir et de réduire le plus possible les conséquences négatives de la maladie sur leur vie quotidienne.

La délégation du ministre visite des infrastructures construites par Médecins sans frontières au sein du CMA de Dafra

Accompagner le district sanitaire de Dafra

A côté de cet investissement qui est la construction du centre de radiothérapie, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) apporte également un programme ambitieux pour accompagner le district sanitaire de Dafra. Il s’agit du projet d’extension du CMA de Dafra dont les travaux ont débuté. La délégation du ministère de la Santé a visité les différents chantiers au sein de ce centre qui, à terme, va contribuer à améliorer la santé des populations de la localité. Et c’est avec le sourire aux lèvres que le ministre Kargougou a pu effectuer cette visite de chantiers de Médecins sans frontières. « C’est un travail impeccable ce que vous faites ici », s’est-il adressé à l’équipe de l’ONG MSF.

Un des chantiers engagés par Médecins sans frontières pour accompagner le district sanitaire de Dafra

Selon le chef de mission de Médecins sans frontières dans les Hauts-Bassins, Adolphe Masudi, pour ce « projet ambitieux », l’apport de l’ONG est financier et en ressources humaines. Il a souligné que ce programme vise à accompagner le district sanitaire de Dafra à pouvoir offrir des soins de santé gratuits et de qualité à toute la population de la région. « Et tout cela passe par ces investissements en termes d’infrastructures », a-t-il dit.

Selon le chef de mission de Médecins sans frontières dans les Hauts-Bassins, Adolphe Masudi, pour ce « projet ambitieux », l’apport de l’ONG est financier et en ressources humaines

Ainsi, du bâtiment du service de post-opéré qui a été entièrement construit par MSF, au chantier de construction du nouveau service des urgences, en passant par le chantier de construction du nouveau service de pédiatrie, la délégation a salué l’évolution des travaux. « Nous venons de visiter les travaux d’extension du CMA de Dafra et cela nous permet de dire que le partenariat entre le gouvernement et Médecins sans frontières Espagne est un partenariat très fructueux. En effet, nous avons visité le service de post-opéré qui a été entièrement construit par MSF. Ce qui va permettre aux agents de santé de travailler dans de meilleures conditions », a précisé le ministre de la Santé, Lucien Kargougou.

Avant de poursuivre : « Nous avons visité aussi le chantier de construction d’un nouveau service des urgences avec une capacité de 40 lits dont les travaux ont commencé il y a de cela un mois. Les travaux avancent très bien et le bâtiment va être livré dans un délai de quatre mois. Cela va permettre véritablement d’améliorer l’accessibilité des patients à des soins de service d’urgence de qualité. Puis, nous avons visité les travaux de construction du nouveau service de pédiatrie qui a une capacité de 50 lits, avec une unité de soins intensifs pédiatriques. Là aussi, les travaux ont commencé depuis un mois et avancent très bien, avec un délai d’exécution physique qui est de 10% et le délai de livraison est prévu pour fin novembre.

Selon le ministre Kargougou, le partenariat entre le gouvernement et Médecins sans frontières Espagne est un partenariat très fructueux

Nous avons visité également un centre de traitement des déchets biomédicaux. Nous sommes très satisfaits car nous avons vu des ouvriers à la tâche. Nous sommes très satisfaits de ce que nous avons vu. C’est un partenariat fructueux que nous allons travailler à renforcer et nous espérons que d’ici la fin de l’année, nous allons revenir ; non pas pour visiter les travaux de construction, mais pour inaugurer ces services pour que la santé des populations du district sanitaire de Dafra puisse être améliorée ».

Romuald Dofini
Lefaso.net