Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
L’entreprise de transfert d’argent « Sank Business » est en zone de turbulences. C’est ce qu’on peut observer ces derniers jours. Au cours d’une conférence de presse animée le lundi 7 août 2023 à Ouagadougou, le nouvel administrateur de Sank Business, Sada Zougmoré, a justifié les causes du dysfonctionnement de la plateforme de transfert d’argent « Sank Money ». Nous sommes aussi allés à la rencontre de Dramane Kiendrebéogo, co-fondateur de Sank Business, pour mieux comprendre la situation.
C’est une histoire de clause d’une cession qui a visiblement mal tourné. En effet, le 23 décembre 2022, le duo Jules Kadher Kaboré et Dramane Kiendrebéogo (co-fondateurs de Sank Business) ont vendu leur entreprise à un acquéreur mais ils détiennent toujours 20% des parts. Un paiement de 50 millions FCFA a concrétisé le début de l’acte de cession.
Un prêt contracté par les fondateurs de Sank Business auprès du Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) va s’inviter dans les débats. « Monsieur Kaboré, depuis les USA, refuse de faire la mutation. Il estime qu’il ne signera la mutation qu’après paiement du crédit. Il n’arrive pas à justifier l’utilisation faite des 50 millions de FCFA. Pendant que le FBDES, lui, poursuit pour la justification des sommes reçues, il nous met la pression pour le paiement », a confié Sada Zougmoré, le nouvel administrateur de Sank Business.
- Le nouvel administrateur de Sank Business, Sada Zougmoré, entend porter plainte contre Jules Kadher Kaboré pour « diffamation »
De son témoignage, il ressort qu’il faut la mutation et les justificatifs avant de leur permettre de procéder au paiement. En attendant ce paiement, Jules Kadher Kaboré a entrepris des actions qui n’arrangent pas les nouveaux actionnaires. « Refusant tout règlement à l’amiable et contre toute attente, Monsieur Kaboré nous dirige vers son avocat. Notre conseil, dans un premier temps, a essayé un règlement à l’amiable avec son avocat, qui n’a pas voulu coopérer et finalement on a été entendus par un juge qui nous a donné raison. Quand l’affaire est allée en justice, sans même attendre la décision de la justice, Monsieur Kaboré a pris le soin de retirer notre chargé de communication de la page Facebook de l’entreprise et bloque tous les accès de l’application. Les utilisateurs, comme les employés, ont vu leurs comptes bloqués », a-t-il expliqué.
C’est ce qui expliquerait le blocage de l’application de transfert d’argent « Sank Money ».
Racheter les actions aux Burkinabè
Nous sommes allés à la rencontre de Dramane Kiendrebéogo, le binôme de Jules Kadher Kaboré, pour mieux comprendre ce qui se passe avec l’entreprise. Il a fait la genèse de la situation.
- Pour Dramane Kiendrebéogo, « Sank Money devait être un produit de Sank Business et non de Sank Finance »
Il a avoué que Sank Business devait absolument trouver des ressources financières pour propulser la plateforme Sank Money (ou Sank Pay, selon les appellations). C’est ainsi qu’avec Jules Kadher Kaboré, ils ont décidé de céder des parts de l’entreprise à des actionnaires afin que Sank Business survive.
« Des gens nous ont approché mais ce n’était pas des nationaux. Comme nous avons donné le nom d’une icône de notre pays à notre plateforme, on s’est dit pourquoi ne pas toucher des compatriotes burkinabè qui ont aussi la même vision que nous afin que nous puissions travailler ensemble. C’est à partir de là que nous avions été contactés par Monsieur Nanéma Boureima, qui a décidé de prendre des parts dans l’entreprise », a-t-il expliqué.
Délai épuisé…
Dramane Kiendrebéogo fait le point des 50 millions FCFA. « C’est l’argent de Jules qu’il a dit (à la partie de sieur Nanéma, ndlr) de déduire de ce qu’on lui devait et d’aller payer au Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) pour solder un prêt que Sank Business avait contracté », a-t-il signifié. Cette somme devrait être versée par le nouvel actionnaire au plus tard le 28 mars 2023. « Le 28 mars, ça n’a pas été chose faite. En avril, Jules Kadher Kaboré rappelle et leur dit que dans la cession, il est écrit qu’il faut payer ça, pourquoi vous n’avez pas fait ? On lui a dit : nous, on a payé une entreprise qui ne fonctionne pas d’abord, on ne peut pas payer des prêts. Jules dit ce n’est pas votre argent, c’est mon argent que vous devriez me payer et je vous ai dit de déduire le montant du prêt et d’aller rembourser le fonds ? Ils disent qu’ils ne peuvent pas faire cela », a relaté le co-fondateur de Sank Business.
Dans ses explications, Dramane Kiendrebéogo a confié que c’est vers le mois de mai 2023 que la partie de Boureima Nanéma est allée au FBDES pour solder les 50 millions de FCFA. Il se trouve qu’ils ne pouvaient pas faire le paiement, car ils n’avaient aucun document. Le nouvel actionnaire avait demandé la convention de prêt auprès de Jules Kadher Kaboré et ce dernier n’a pas voulu le leur remettre pour non-respect des clauses de la cession.
- Voici l’aperçu de l’application de Sank Money sur Play Store
« Sank Finance »
Sank Money est l’application de l’entreprise Sank Business. Après la cession, Kaboré et Kiendrebéogo découvrent « Sank Finance ». C’est l’autre point qui a divisé les deux parties. Le duo des fondateurs y voit « une arnaque » derrière cette affaire. Comme preuve, Dramane Kiendrebéogo fait la recherche de l’application Sank Money sur Play Store et nous montre Sank Finance qui s’affiche en dessous. « Parce que juridiquement parlant, je ne fais pas partie de Sank Finance et Sank Business disparaît. Notre travail devient nul et zéro », aurait répondu Jules Kadher Kaboré à la partie Nanéma d’après les récits de Dramane Kiendrebéogo, qui est convaincu que l’objectif affiché par le nouvel actionnaire majoritaire est de « noyer Sank Business dans l’entreprise Sank Finance ».
En attendant que les choses rentrent dans l’ordre, Jules Kadher Kaboré, depuis les Etats-Unis d’Amérique où il réside, a décidé de bloquer les accès de l’application. C’est ce qui explique l’actuel dysfonctionnement de la plateforme.
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 9 août 2023 à 20:18, par A qui la faute ? En réponse à : Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
La logique du business et le nationalisme ou panafricanisme sont complètement opposés.
Vous avez refusé l’ouverture à des non burkinabé voilà entre vous sankaristes vous vous traînez devant la juge, finalement rien vous lie ? Et la concurrence est sans pitié, le pire des arrangements à l’amiable est meilleur dans ces situations pour ne pas ternir l’image de la société et faire fuir les clients.
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2. Le 9 août 2023 à 21:11, par Passakziri En réponse à : Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
Avec seulement le nom de Sankara , on ne peut pas faire des affaires. Tout ce tapage pour cela. C’est pauvre d’esprit.
Passakziri
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3. Le 9 août 2023 à 23:53, par Baoyam En réponse à : Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
Félicitations à lefaso.net pour avoir pris le soin de donner la version des deux parties. Ça permet de comprendre qu’aucune histoire n’est simple. Que les deux parties s’entendent au lieu de faire appel à l’opinion publique comme juge.
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4. Le 10 août 2023 à 11:38, par BJOC En réponse à : Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
Faire une conférence de presse est une des choses qui ternie un peu l’image de l’entreprise. Je trouve que les promoteurs de Sank Business ont un peu tord, dans le sens où ils ont cédé 80%, l’actionnaire majoritaire a bien les moyens de changer les dénominations si toutes fois l’interdiction de changer de nom n’est pas notifiée dans les clauses de cession ; bon tout dépend des clauses de cessions vraiment et comment les décisions doivent être prise.
Vivement une meilleure alternative.
_BJOC
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5. Le 10 août 2023 à 12:38, par SANON CHARLES En réponse à : Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
le Burkinabé entre nous ça ne va pas l’expatrié va toujours profiter.🤷🏽♀️🤷🏽♀️
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6. Le 10 août 2023 à 15:08, par KI En réponse à : Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
C’est vraiment dommage ! Une entreprise montante qui connait une telle situation ! C’est triste ! L’argent n’aime pas le bruit, comme on le dit ! Ressaisissez-vous !
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7. Le 10 août 2023 à 16:30, par KPL En réponse à : Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
Hum ! Mon Burkina Faso !
A quand le changement de mentalité.
J’imagine un peu le déroulement dans l’actionnariat populaire
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8. Le 14 août 2023 à 01:04, par Annick En réponse à : Burkina/Finances : « Sank Business » paralysé par une crise à l’interne
Encore le nègre dans toute sa plénitude : Incapables de s’associer pour le bien.
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