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Burkina/Éducation financière : « Une conception qui combine vision et orientation », enseigne Ousséni Sourabié

Publié le mardi 18 juillet 2023 à 22h00min

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Burkina/Éducation financière : « Une conception qui combine vision et orientation », enseigne Ousséni Sourabié

« L’éducation financière implique le développement d’un plan. C’est-à-dire avoir une vision de là où l’on veut aller, où l’on souhaite être. C’est aussi, ce que l’on veut devenir dans cinq ou dix ans. Ce qui nécessite d’avoir une orientation. Celle, qui indique le chemin à emprunter pour parvenir à ses fins ». Voici la perception qu’Ousseni Sourabié, responsable marketing et communication d’une institution de la place, a de l’éducation financière. Il a été l’un des conférenciers invités lors de la 1ère édition de la Conférence nationale des jeunes, pour partager son expérience avec les participants, le samedi 15 juillet 2023, à Ouagadougou.

« En Afrique, l’argent est un tabou ! ». C’est ce que pense Ousseni Sourabié, l’un des conférenciers sollicités pour outiller les jeunes sur l’éducation financière. De nombreux Africains ont été formatés par des dogmes qu’on leur a inculqués. Et cela fait obstacle à leur épanouissement. C’est ainsi qu’il plante le décor de sa communication.

« Quand il y a quelque chose dans une culture qui ne m’arrange pas, je ne l’intègre pas. Je prends un exemple : on me dit qu’on ne balaie pas la nuit. J’ai toujours demandé pourquoi on ne balaie pas la nuit ? Sans jamais avoir une réponse claire à ma question », confie monsieur Sourabié.

C’est pourquoi, il affirme ne pas respecter cette superstition. Car pour lui, si les gens ne balayaient pas leurs maisons les nuits, c’est bien parce qu’il n’y avait pas de lumière à cette époque-là. Ce qui fait la différence entre l’Afrique et l’Occident, c’est parce qu’ils apprennent très tôt à leurs enfants à gérer leurs ressources, poursuit-il.
« En Occident, quand les enfants gagnent de l’argent, ils pensent systématiquement à économiser. Mais en Afrique, on ne connaît pas cela. Ici, quand on gagne de l’argent, tant que ce n’est pas fini, on ne rentre pas à la maison », dépeint le conférencier.

Vue partielle des participants à la 1re édition de la Conférence nationale des jeunes organisée par Compassion International et l’association des anciens bénéficiaires des Centres de développement pour enfants

La mauvaise gestion de l’argent crée des problèmes

Ainsi, l’éducation financière, selon Ousseni Sourabié, c’est d’abord, développer un plan. C’est-à-dire avoir une vision de là où l’on veut aller, où l’on souhaite être. C’est aussi, ce que l’on veut devenir dans cinq ou dix ans. C’est ensuite avoir une orientation, renchérit-il. Cette orientation permet de savoir quel chemin emprunter pour atteindre les objectifs que l’on s’est fixé. À cela, s’ajoute la révision actuelle de ses ressources. Sans oublier l’identification de ses lacunes.

« Il faut donc pouvoir faire le point de ses avoirs. Il est aussi important de s’examiner soi-même pour savoir si l’on a la main légère face à l’argent. Une fois que cela est fait, l’on peut élaborer un plan de mobilisation des ressources », explique monsieur Sourabié.

Avant d’ajouter, qu’il est courant d’entendre que l’argent est un diable. Comme si c’était un être qui n’était là que pour créer des problèmes. « L’argent n’est qu’un instrument ! », lance-t-il. Puis, il interroge son auditoire : « L’argent peut-il vous faire du mal ? ».

À cette question, répondront par la négative les jeunes participants. « C’est donc votre mauvaise gestion de l’argent qui vous crée des problèmes », a-t-il répliqué. « C’est votre rapport avec l’argent qui doit alors changer. Au Burkina Faso, l’on a un rapport avec l’argent qui est très dangereux. Il faut donc comprendre que l’argent n’est qu’un instrument et ne doit en aucun cas diriger votre vie », exhorte l’expert en éducation financière.

« Il faut que les parents disent la vérité à leurs enfants sur leur situation financière », Ousseni G. Sourabié, responsable marketing et communication d’une institution financière de la place

L’épargne

Il est facile de s’endetter dès que l’on commence à travailler si l’on n’y prend garde, conseille Ousseni Sourabié. Bien avant de démentir cette vision des Burkinabè selon laquelle celui qui n’a pas une parcelle n’existe pas. « Je prends un exemple, dans certains pays voisins, les gens ne sont pas pressés de payer une parcelle et de construire hein ! Ils vont travailler et économiser le temps qu’il faut avant d’y songer quand ils seront prêts », argumente-t-il.

Car par expérience, mentionne Ousseni Sourabié, avoir une femme et des enfants sont une charge, sans compter qu’en Afrique, l’on travaille généralement pour soi et pour le village. Il sied par conséquent de cultiver la discipline dans la gestion de ses ressources. « Si vous gagnez 1 000 francs aujourd’hui, il faut vous dire que vous ne pouvez dépenser que 900 francs. Les problèmes surviennent en effet, quand vous percevez 1 000 francs et dépensez toute la somme. Cependant, si vous vous dites qu’il pleuve ou qu’il neige, vous ne devez que consommer 900 francs, alors vous arriverez à faire ce que l’on appelle l’épargne ».

Pour ce faire, il préconise de faire en sorte que les ressources dépassent toujours les charges. Mais ce que l’on constate la plupart du temps, relève-t-il, c’est que les gens ont plus de charges que de ressources. Et il faut de ce fait supprimer les charges inutiles pour équilibrer la balance.

« Ce que je retiens, c’est que toute personne doit pouvoir établir un budget, dans lequel doit figurer ses revenus, ses dépenses, mais aussi l’épargne », Benjamin Almora, participant

Les emprunts

Monsieur Sourabié déconseille fortement d’emprunter pour acheter une moto, une voiture ou construire une maison. Cela est très problématique selon lui. Tout comme la voiture, la moto a aussi besoin d’entretien. Pendant que vous êtes en train de rembourser le crédit du véhicule, il vous faut donc aussi mobiliser des ressources pour son entretien, fait-il remarquer. Il faut donc éviter de tomber dans un piège où il est difficile de s’en sortir, prévient le conférencier.

Par contre, il recommande d’investir ces emprunts dans des projets viables comme prendre par exemple des actions dans des sociétés qui permettront de générer des dividendes.

Pour rappel, cette conférence initiée par Compassion International, visait à fournir aux jeunes, les connaissances et les compétences nécessaires pour gérer efficacement leur ressource. C’est aussi dans l’optique, de leur offrir la possibilité de prendre des décisions financières éclairées.

Lire aussi : Éducation financière : L’ONG Compassion International outille des jeunes dans la capitale burkinabè

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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