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Burkina/Viol des femmes dans le contexte terroriste : Une étude en cours de validation parle de la nécessité pour l’Etat de protéger les femmes

Publié le jeudi 13 juillet 2023 à 20h30min

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Burkina/Viol des femmes dans le contexte terroriste : Une étude en cours de validation parle de la nécessité pour l’Etat de protéger les femmes

Dans le cadre des viols commis sur des femmes en contexte terroriste au Burkina Faso, une étude a été menée afin de documenter cette infraction sur les couches vulnérables et de faire des recommandations pour une prise en charge adéquate de ces victimes de viol en temps de terrorisme, considéré comme un crime de guerre par les nations unies depuis 2008. L’étude a été menée par le cabinet d’études stratégiques et d’intelligence économique, Agiles, en collaboration avec le pool d’excellence et l’accompagnement financier de l’ambassade d’Allemagne. La restitution de l’étude se tient les 13 et 14 juillet 2023 à Ouagadougou. L’ouverture a eu lieu ce jeudi 13 juillet.

Selon l’une des membres de l’équipe de rédaction et anthropologue, Dr Karimatou J. Vokouma/Boussari, c’est une étude qui a été réalisée dans les 13 régions du Burkina durant deux mois. Une étude au cours de laquelle 282 personnes issues de différentes couches de la société ont été interviewées (responsables administratifs, agents de sécurité, personnels juridiques et sanitaire, VDP, koglwéogo, PDI et citoyens lambda). Et comme principaux résultats, elle a souligné les différentes manières et manifestations de viol selon les cibles enquêtées. Selon qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, la manière de percevoir cette manifestation diffère.

Ainsi, les hommes, dans une certaine mesure, ont plus répondu (à 69%) être au courant du viol que les femmes en nombre minoritaire, a dit Dr Karimatou J. Vokouma/Boussari, tout en précisant qu’il s’agit ici du viol en temps de terrorisme, même si cela n’a pas empêché d’explorer le viol en dehors du terrorisme pour montrer que c’est une réalité qui existait et que le terrorisme a contribué à exacerber.
Poursuivant dans son exposé, l’anthropologue a fait savoir aussi que des femmes meurent dans le silence sous l’effet de ces viols atroces et qui ne sont pas encore suffisamment portés au plan institutionnel, alors que même le viol ordinaire est encadré juridiquement par les textes auxquels, le Burkina a adhéré au plan régional, sous-régional, continental et international.

Dr Karimatou J. Vokouma/Boussari, anthropologue et membre de l’équipe qui a mené l’étude sur le viol des femmes dans le contexte terroriste

A titre d’exemple, elle a cité le protocole additionnel à la CADIAHP relatif au droit des femmes en Afrique, le protocole de Maputo, la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme, le droit international humanitaire, sans oublier le dispositif juridique au plan national. Tout cela pour montrer que juridiquement, le Burkina dispose de l’arsenal qu’il faut pour sanctionner et réprimander, mais qu’il n’y a pas d’actions pour protéger ces femmes et réparer le tort qui leur a été causé, a-t-elle regretté.

Par ailleurs, cette étude sur le viol des femmes dans le contexte terroriste s’est achevée par des recommandations qui ont été faites et qui seront également validées au cours de cet atelier de restitution. Au titre des recommandations provisoires, il faut citer, entre autres, la nécessité pour l’Etat de protéger les femmes qui sont à 45% des victimes de viol au Burkina (selon un rapport du ministère en charge de la sécurité), également la nécessité de produire des données statistiques coordonnées, à travers la mise en place d’un dispositif qui donne les statistiques sur la question. Cela peut permettre d’agir. Il y a aussi l’importance que des actions fortes soient menées pour protéger davantage les femmes, parce que ces viols exposent leur intégrité, a-t-elle commenté.

Une vue partielle du public composant les participants à l’atelier de restitution sur l’étude

« Les gens ne voulaient pas parler »

Selon l’équipe, cette étude ne s’est pas menée sans difficultés, vu le contexte. Et pour l’anthropologue, cela n’a pas été facile sur le terrain parce que les gens ne voulaient pas parler. En plus de cette difficulté, elle a aussi fait cas de la mobilité du personnel humanitaire, les changements de ministère, la lourdeur administrative, etc.
A la fin de sa brève présentation et avant d’ouvrir le débat au public, Dr Vokouma a saisi l’opportunité pour saluer la presse nationale qui s’est autosaisie du problème et qui a produit beaucoup d’articles sur la question qui ont été exploités dans la bibliographie de cette étude.

Par ailleurs, il faut souligner que l’étude a été menée par le cabinet d’études stratégiques et d’intelligence économique, Agiles, en collaboration avec le pool d’excellence et l’accompagnement financier de l’ambassade d’Allemagne. Des dires de la directrice générale d’Agiles, Selma Farida Touré, l’étude a été initiée après le séminaire international sur le terrorisme tenu en 2021 à l’université Joseph Ki-Zerbo, organisé par le pool d’excellence et au cours duquel elle a présenté une communication sur la dimension féminine dans le terrorisme et la négociation.

Selma F. Touré, directrice générale du cabinet Agiles

« Et c’est à l’issue des échanges, nous avons constaté qu’il y a un grand vide, notamment le manque de chiffres et de données sur l’ampleur du viol qui est l’une des conséquences graves du terrorisme sur les femmes. C’est pourquoi, avec le pool d’excellence, nous avons travaillé à monter un projet sur la réinsertion, la réhabilitation des femmes victimes de viol dans le contexte de terrorisme et nous avons été accompagnés par l’ambassade d’Allemagne », s’est-elle expliquée.

YZ
Lefaso.net

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