Pas même le plus illustre des "pestiférés", le ministre de la Communication, Pierre Moukoko Mbonjo, qui s’est contenté de parler d’accusation "sans preuves". Cette nouvelle mission rédemptrice et de police des mœurs de la presse camerounaise trouve son fondement dans la loi qui considère l’homosexualité comme un crime. L’article 37 bis du Code pénal stipule en effet que toute personne reconnue coupable d’homosexualité encourt "un emprisonnement de six mois à 5 ans et une amende de 20 000 F à 200 000 FCFA". Il y a aussi le fait que ces listes ont été publiées dans un contexte d’homophobie quasi généralisée.

Chefs religieux, responsables coutumiers, qualifient cette pratique sexuelle de "complot contre la famille et le mariage", "de mœurs contre nature". Il n’y aurait rien à redire si ces inquisiteurs des temps modernes, censeurs des mœurs, ne brandissaient pas la thèse culturaliste pour justifier leurs actions. "C’est un truc d’Occidentaux. C’est une déviance sexuelle importée en Afrique par les Blancs", expliquent certains Camerounais.

Mais les Africains sont des hommes comme les autres et l’homosexualité est une pulsion sexuelle qui sommeille en tout être humain. Les thèses d’éminents psychanalystes et les études des sociologues démontrent que l’homosexualité n’est propre ni à aucune race ni à aucune culture. C’est le degré de permissivité de la société qui en constitue la condition de manifestation. Comme quoi, un hétérosexuel serait un homosexuel qui s’ignore.

Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga